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Le Figaro

Notre critique d'Évanouis, le film d'horreur le plus attendu de cet été

Objet d'enchères folles, le puzzle malin de Zach Cregger voit une ville sonnée par la disparition en pleine nuit d'une classe entière de CE2. Qui ou quoi est responsable ? Sortie en salle ce mercredi. Avant même d'arriver en salle, le second film de Zach Cregger, très remarqué en 2022 avec son Barbare, suscitait une curiosité profonde. Évanouis a été à l'origine d'une guerre d'enchères à huit chiffres entre les studios, dont l'issue a poussé Jordan Peele à se séparer de ses agents. Le producteur et réalisateur de Get Out n'a, en effet, pas remporté le morceau. Évanouis s'ouvre sur un mystère viscéral : la disparition de toute une classe de CE2. À 2 h 17, les gamins, en transe, ont quitté leur lit. Sur les vidéos des caméras de sécurité, ils courent les bras levés et se volatilisent en direction des bois bordant leur petite ville assoupie de la côte Est. Seul rescapé, un petit garçon nommé Alex, souffre douleur de ses camarades. Qui ou quoi est-il responsable de ce geste collectif incompréhensible ? Est-ce un jeu d'enfants ? Y a-t-il une coercition malveillante d'un adulte ? « Police et édiles n'ont pas pu résoudre cette énigme qui a fait couler beaucoup de sang », prévient la voix fluette de la petite fille, qui sert de narratrice. À lire aussi Notre critique de Life of Chuck: Stephen King avec douceur Publicité Avec de telles prémices, qui rappellent la fable du joueur de flûte de Hamelin, Évanouis fait penser à un sanglant et brutal conte de Grimm entré en collision avec une nouvelle de Stephen King. Zach Cregger plonge le spectateur dans un dédale malin de six points de vue qui s'enchaînent. Celui de l'institutrice Justine (Julia Garner), bouc émissaire idéale pour les parents car portée sur la boisson, d'Archer, un père endeuillé (Josh Brolin), d'un policier, d'un junkie etc.. Chacun apporte une pièce du puzzle et est son propre minifilm. Frontière trouble entre veille et sommeil Jouant sur la frontière trouble entre veille et sommeil, Zach Cregger distille l'horreur à petit feu. Ce sont d'abord des visions fugaces, terreurs nocturnes nées de paralysies du sommeil avant de devenir plus concrètes et surnaturelles. Ce commencement, ancré dans la réalité, nourrit la paranoïa, fait sentir la colère qui bout chez les habitants qui cherchent; dans la plus grande solitude, un sens à cet événement. Le réalisateur américain de 44 ans, ex-visage familier des sitcoms, semble autant dresser une satire du quotidien monotone de la banlieue que de s'embarquer dans une évocation des moments de prostration et de chagrin collectif. Avec ces visions de classe vide, cette hallucination d'Archer qui croit voir une arme automatique flotter dans le ciel, ces réunions de soutien psychologique virant à la foire d'empoigne, ces règlements de comptes entre voisins, d'aucuns y verront une allégorie de l'onde de choc et l'impuissance qui accompagnent les fusillades de masse dans les écoles. Le titre original est d'ailleurs Weapons (armes en anglais, ndlr). Petit à petit, toutefois, Évanouis dérive vers des rivages plus surnaturels sans jamais se départir d'une bonne dose d'humour noir. Touche salvatrice. Notamment à travers l'introduction tardive et cruciale du dernier protagoniste. Le dénouement est certes amené, avec moins de nuance que ce qui précède. Mais cela est compensé par un chaos et un déferlement jouissifs. Zach Cregger a plus que mérité ses galons de nouveau prodige de l'horreur, participant à l'extraordinaire dynamisme du genre. Devenu pourvoyeur majeur de récits originaux dans un Hollywood dominé par les adaptations, les suites et les remakes.