15-07-2025
Régie et gradins en bois local, navettes au biogaz, réemploi… le World Festival d'Ambert joue une partition écologique
C'est un petit coin de paradis lové au cœur des montagnes du Forez. Cette année encore, Ambert (Puy-de-Dôme)
et son World Festival
se prépare à accueillir quelque 30 000 festivaliers du 18 au 20 juillet,
un nouveau record
. Mais si les artistes les plus en vue de la scène actuelle –
Julien Doré
, Ben Mazué, Rilès, Adèle Castillon – côtoient des troupes de danses traditionnelles les plus exotiques venues du Togo, de Colombie ou du Sri Lanka, une autre performance, plus discrète, se joue en coulisses : celle de l'écologie.
Depuis plusieurs années, les organisateurs du festival, 100 % associatif, ont fait du développement durable un engagement concret. Un pari audacieux dans un territoire rural enclavé, classé Natura 2000, où chaque geste compte.
« Les infrastructures d'une commune comme Ambert ne sont pas les mêmes que celles en milieu urbain », analyse le directeur du festival, Benoît Pascal. « Nous devons travailler avec des prestataires situés à près de 90 km de notre site, à Clermont-Ferrand, voire à Lyon. Cela engage des coûts supplémentaires, des temps de montage parfois moins flexibles et forcément un impact environnemental lors du transport. »
Pour répondre à ces contraintes, le festival a vu émerger un projet inédit : la Prairie, une scène écoconçue de 5 000 m², capable d'accueillir des festivaliers déchaînés et pensée pour limiter son empreinte carbone. Fruits de cinq ans de réflexion et de 500 000 euros d'investissements, les aménagements ont été réalisés dans une logique de sobriété : gradins en bois local pour les personnes à mobilité réduite, réseaux enterrés, structures démontables et infrastructure réutilisable toute l'année.
La régie, inaugurée en 2024, symbolise cet engagement. Haute de 8 m, elle a été dessinée par l'agence locale Boris Bouchet Architectes, montée par les bénévoles et fabriquée avec du bois issu du CFA d'Ambert.
« Cette construction 100 % locale permet déjà de réduire la durée de montage de trois jours, d'éviter deux allers-retours en semi-remorque depuis Lyon et d'économiser un groupe électrogène », assurent les organisateurs. Résultat : 15 % de la puissance électrique est tirée directement du réseau classique.
L'eau aussi fait l'objet d'une vigilance accrue : « Grâce aux toilettes sèches, 427 000 litres sont économisés à chaque édition depuis 2018. » Sans oublier les navettes au biogaz, qui transportent les festivaliers au départ de Clermont-Ferrand, le « covoiturage de livraison », ou encore le recours quasi exclusif à des matériaux naturels viennent compléter un dispositif écologique global.
À Ambert, culture et nature font bon ménage.