24-07-2025
Tour de France : piscines improvisées, jet de sacs de patates et vélos suspendus dans les airs, Lou Anne, 29 ans, raconte la vie de caravanière
UN JOUR, UN MÉTIER - Tout au long du Tour de France, Le Figaro va à la rencontre de ceux qui font le Tour à l'ombre des coureurs.
« Des étapes avec une super météo, un monde de dingue et un paysage incroyable avec ce panorama incroyable, on en redemande ». Même si elle reconnaît qu'après deux semaines de course, son corps « commence à faire des appels de phare », il y a des étapes du Tour de France qui vous requinquent un caravanier en deux temps trois mouvements. Celle qui montait mardi vers le Mont Ventoux a laissé pour longtemps des étoiles dans les yeux à Lou Anne qui en est pourtant à sa septième Grande Boucle dans la célèbre caravane. « C'était exceptionnel mais on voit déjà la dernière semaine arriver, le moral en prend un petit coup », glisse-t-elle de retour à l'hôtel, quelques heures après la journée magique de Valentin Paret-Peintre, vainqueur au sommet.
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Un oncle deuxième de Paris-Roubaix en 1985
Le Tour de France, une manière de perpétuer autrement l'histoire de sa famille où le vélo est considéré comme une religion. « Chez moi, tous les garçons ont fait du vélo, certains à un niveau professionnel et mon oncle Bruno Wojtinek a même fini deuxième de Paris-Roubaix en 1985», sourit la Roubaisienne chargée de production pour une marque de prêt-à-porter lorsqu'elle n'est pas sur son char orange Basic-Fit à distribuer des cadeaux publicitaires.
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Depuis le départ depuis Lille, cette basketteuse ne sait plus combien de porte-clés, de maillots et d'éponges pour les séances de sport sont passés entre ses mains, harnachée solidement sur le véhicule pendant quatre ou cinq heures. Que le soleil cogne fort comme en Bretagne ou qu'il pleuve dans sa région d'origine, il faut garder le sourire et la bonne humeur et lancer, encore lancer et toujours lancer... « On a tellement de chance d'être là. Même quand il pleut, on termine trempés, peu importe. Dans le Nord, il n'a pas toujours fait beau mais le public de cette région a une telle ferveur pour le cyclisme. Malgré le mauvais temps, c'était galvanisant», décrit-elle.
Les stratégies les plus folles pour se faire remarquer
Au fil des kilomètres, Lou Anne a vu de tout au bord des routes. À chacun sa stratégie pour attirer l'attention et obtenir un souvenir lancé depuis le char. «C'est fou. Les gens improvisent des piscines à prendre l'apéro au bord des routes ou dans des tractopelles remplis d'eau. J'ai même vu des vélos suspendus dans les airs avec des grues, forcément, on est obligé de donner quelque chose dans ces cas-là», avoue-t-elle. Pas besoin d'aller chercher l'excentricité, la marque de salles de fitness a lancé un défi simple pour avoir une chance d'obtenir une petite récompense : « On demande aux gens de faire des pompes ou des abdos, tout ce qu'ils veulent, un peu d'exercice. Et plein de gens se prêtent au jeu, les jeunes, les moins jeunes et les papys !»
Quand un caravanier reçoit un sac de patates sur son char
Mais il faut faire des choix. Les réserves ne sont pas inépuisables et tout le monde n'aura pas le droit à son gadget. « Les gens sont quand même bienveillants même si on sent de la déception parfois », explique-t-elle. Les comportements déplacés sont rares. «On les entend râler gentiment mais rien de méchant et je peux les comprendre. Je touche du bois, je n'ai pas eu de très mauvaises surprises comme des jets d'urine par exemple mais j'en ai entendu parler. Par contre, j'ai un copain caravanier qui a carrément reçu un sac de patates. Lancé sur un char à 50 km/h, ça peut faire des dégâts. Il a d'ailleurs été blessé alors que les agriculteurs voulaient simplement faire la promotion de leur production.»
Un conseil, se faire remarquer... loin de la foule
Le marathon de Lou Anne s'achèvera dimanche. Encore quatre étapes avant le Graal dans la capitale et autant de journées à inonder le public de petits cadeaux. Pour avoir une chance d'attraper son regard, la caravanière distille quelques conseils : « Essayer de se rendre visible et éviter les masses. Quand on arrive en ville et que les rues sont blindées et que ça résonne contre les murs, on adore mais c'est plus difficile d'obtenir quelque chose compte tenu du monde. »
