4 days ago
Les prétentions d'un voisin paralysent la construction
Le propriétaire du triplex voisin de l'ancien hôpital chinois de Villeray revendique une partie du stationnement, ce qui empêche un projet de logement social d'aller de l'avant.
Le sort s'acharne sur l'ancien hôpital chinois de Villeray. Après un quart de siècle d'abandon, la revendication d'un voisin sur une partie du terrain paralyse un projet de logement social, a appris La Presse.
Dans une poursuite judiciaire, le propriétaire du triplex juste à côté (rue Saint-Denis) affirme qu'une partie du stationnement de l'ancien hôpital est maintenant à lui, puisqu'il l'utilise et l'entretient depuis des décennies. La loi prévoit effectivement la possibilité d'acquérir un terrain en l'occupant, normalement au bout de 10 ans.
« Depuis plus de 30 ans, la demanderesse a fait un usage continu, non interrompu, paisible, public et non équivoque de cet espace », indiquent Les Entreprises Krow, propriétaires du triplex voisin du bâtiment, dans une procédure judiciaire déposée en 2023 contre la Ville de Montréal – propriétaire de l'ancien hôpital chinois. Les Entreprises Krow plaident être devenues « seules et uniques propriétaires » du stationnement.
En pleine crise du logement, la Ville de Montréal a publiquement indiqué que le site n'était plus immédiatement disponible pour la construction en raison de ces prétentions.
« Je suis très déçue, disons-le poliment comme ça », a déploré Sophie Sylvie Gagné, de CDC Solidarités Villeray, qui tente de coordonner le développement d'un projet. « Il y avait un potentiel de répondre à un besoin réel du milieu. Le prix des logements explose dans Villeray. »
« C'est frustrant pour le milieu », a-t-elle continué, estimant que le litige causera des délais d'au moins un ou deux ans. « Le milieu était prêt à aller de l'avant avec un partenaire. »
Même si la prescription acquisitive ne touche qu'une petite partie du terrain, personne ne voudra investir temps et argent pour construire un projet sur un terrain dont on ne connaît même pas les limites précises, a ajouté Mme Gagné.
Un notaire impliqué
Les Entreprises Krow inc. ont été fondées par le notaire Nicholas Polyzos, qui a son bureau dans le triplex qui jouxte l'ancien hôpital.
Il en était président jusqu'à l'an dernier. Selon le Registre des entreprises, l'entreprise appartient maintenant à une fiducie au nom de la femme du notaire. Son fils, Timothy Polyzos, est cité comme « bénéficiaire ultime » de l'entreprise.
C'est ce dernier qui a rappelé La Presse. Il a refusé de commenter le dossier, puisque celui-ci est judiciarisé.
« Le dossier lié à une prescription acquisitive fait actuellement l'objet de procédures judiciaires. La Ville de Montréal ne formulera aucun commentaire », a indiqué Nicky Cayer, relationniste à la Ville.
Nicholas Polyzos a été radié deux mois en 2010 pour avoir approuvé une transaction entérinant la donation des biens d'une dame de 86 ans qui n'était pas lucide.
Vacant depuis 1999
La Ville de Montréal a acheté l'ancien hôpital chinois en 2019 pour 4 millions. Il appartenait auparavant au gouvernement du Québec.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
L'immeuble est vacant depuis 1999. La Ville de Montréal l'a acheté en 2019.
Plusieurs projets de réutilisation se sont succédé et ont tous avorté. L'immeuble est vacant depuis 1999.
« Le citoyen peut être déçu. L'arrondissement peut être déçu. Nous sommes déçus », avait affirmé le responsable de l'habitation de l'administration Plante, Benoit Dorais, en 2023. Il blâmait le manque de financement de la part de Québec. « Ce qu'il faut réussir à faire, c'est de convaincre le gouvernement du Québec de mettre en place des programmes qui ont de la prévisibilité. C'est ça qui est important. »
L'immeuble a fait les manchettes dans les dernières semaines parce que deux jeunes intrus y ont subi une décharge électrique majeure, les blessant gravement. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) affirme qu'ils sont toujours dans un état critique, deux semaines plus tard.
Avec la collaboration de Francis Vailles, La Presse