6 days ago
Belize : la tombe du premier roi de Caracol découverte au cœur de la jungle maya
Sous les feuillages de la réserve de Chiquibul, des archéologues ont mis au jour la sépulture de Te K'ab Chaak, premier souverain de Caracol. Une découverte rare, qui éclaire les origines de l'un des plus puissants royaumes mayas du Belize.
Il fallait franchir les montagnes du district de Cayo, longer les pistes rouges de la réserve de Chiquibul, et laisser la jungle reprendre ses droits. C'est là, au cœur du site de Caracol, que les archéologues Arlen et Diane Chase ont exhumé l'une des plus importantes découvertes mayas de ces dernières décennies : la tombe intacte de Te K'ab Chaak, considéré comme le fondateur de la dynastie royale de Caracol, datée précisément de l'an 331.
À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour
Dans une chambre funéraire creusée sous l'Acropole nord-est, les archéologues ont découvert un mobilier rituel d'une richesse stupéfiante : masque en mosaïque de jadéite, tubes en os délicatement gravés, céramiques funéraires, coquillages spondyle, armes cérémonielles… Autant de fragments d'un pouvoir ancien, traversé d'influences venues de Teotihuacan, au cœur du Mexique actuel. L'obsidienne verte de Pachuca, retrouvée dans la sépulture, atteste de liens diplomatiques à longue portée, dès les débuts du IVe siècle.
Une cité royale enfouie dans les feuillages
Cachée au creux de la forêt tropicale, l'ancienne cité maya Caracol s'étend sur plus de 100 km².
ERIC MARTIN / LE FIGARO MAGAZINE
Publicité
Caracol, dont le nom signifie « escargot » en espagnol — une allusion aux spirales des coquillages retrouvés sur place — n'est pas un site comme les autres. Cachée au creux de la forêt tropicale, cette ancienne cité maya s'étend sur plus de 100 km². À son apogée, près de 100.000 habitants vivaient ici, répartis entre temples à degrés, bassins, routes surélevées, palais et terrains de jeu de balle. Ennemie de Tikal, alliée de Calakmul, Caracol fut l'un des grands pivots géopolitiques de la Mésoamérique.
«Cette découverte repositionne le Belize au cœur des échanges mésoaméricains», explique Melissa Badillo, directrice de l'Institut d'Archéologie. « Elle souligne l'ampleur du rayonnement de Caracol, et l'urgence de préserver ce patrimoine. »
Un trésor scientifique et symbolique
Datée de 331 après J.-C., la tombe révèle un contexte funéraire de haut rang.
Institute of Archaeology, Belize
La sépulture de Te K'ab Chaak est la première de cette importance retrouvée intacte à Caracol. Une rareté archéologique, qui devrait livrer encore bien des secrets. Des analyses ADN et isotopiques sont en cours, tout comme la reconstruction du masque en jadéite, fragmenté mais somptueusement conservé. Le tout est piloté par l'Université de Houston, en lien étroit avec le NICH (National Institute of Culture and History) et l'Institut d'Archéologie du Belize.
Ce n'est pas la première fois que Caracol fait parler de lui. Mais cette nouvelle découverte donne un nouveau souffle à la mise en valeur touristique du site. Isolé mais accessible, Caracol séduit les voyageurs en quête d'authenticité, de silence et de vertige historique, loin des foules des cités mayas plus connues du Yucatán.
À lire aussi Belize: au bal du bout du monde
