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La Presse
29-07-2025
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Une trêve fragile met fin aux affrontements
Une femme de 68 ans récupère des objets dans sa maison détruite lors des attaques d'artillerie cambodgiennes, dans la province de Sisaket, en Thaïlande. (Surin) Les combats ont cessé à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, bien que les deux camps ont continué mardi de se disputer sur des accusations de violations du cessez-le-feu entré en vigueur après environ une semaine d'affrontements sanglants. Chayanit ITTHIPONGMAETEE, avec Suy SE à Samraong au Cambodge Agence France-Presse L'armée thaïlandaise a accusé ses adversaires d'avoir violé la trêve à de multiples endroits, dans des assauts qui ont pris fin au petit matin, ce que Phnom Penh a démenti. Depuis, aucun heurt n'a été signalé, et des responsables militaires des deux côtés se sont rencontrés. « Il y a eu une escarmouche, mais tout s'est résolu quand les commandants se sont rencontrés », a affirmé mardi à la presse le premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui a facilité l'accord de paix. Les rancœurs entre la Thaïlande et le Cambodge liées à leur différend territorial, qui tire ses racines du temps de l'Indochine française, sont tenaces, et le récent épisode de violences a atteint une intensité rarement vue ces dernières décennies. PHOTO TYRONE SIU, REUTERS Des soldats chargent des provisions dans un véhicule après une cérémonie de remise de dons humanitaires dans la province d'Oddar Meanchey, au Cambodge. Les affrontements, étalés sur plusieurs fronts parfois séparés par des centaines de kilomètres les uns des autres, ont tué au moins 43 personnes, et provoqué le déplacement d'environ 330 000 civils, selon des données actualisées mardi. Le premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai, et son homologue cambodgien Hun Manet se sont mis d'accord lundi sur une trêve à partir de minuit (13 h, heure de l'Est), à la suite d'une médiation malaisienne, encouragée par les États-Unis et la Chine. PHOTO MOHD RASFAN, VIA REUTERS Le premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai (à droite), et son homologue cambodgien Hun Manet (à gauche) se serrent la main, encouragés par le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim. L'accord de paix est « immédiat et inconditionnel », a souligné lundi Anwar Ibrahim, mais le lendemain, Bangkok et Phnom Penh ont continué de s'invectiver. Les assauts attribués aux Cambodgiens par les Thaïlandais constituent « soit un acte délibéré, soit un manque de discipline militaire », a jugé M. Phumtham. « Notre armée est disciplinée, et je pense que nous avons respecté notre partie », a-t-il ajouté. Il n'y a eu « aucun affrontement armé […] dans quelque région que ce soit », a jugé, côté cambodgien, la porte-parole du ministère de la Défense Maly Socheata. « Les forces cambodgiennes ont respecté le cessez-le-feu », a-t-elle insisté. Médiation malaisienne Malgré l'accusation et le démenti, des commandants militaires locaux des deux camps se sont rencontrés, conformément à ce que stipule l'accord, ont indiqué les deux capitales. Bangkok a salué la reprise du dialogue bilatéral, sans préciser quand les nombreuses personnes déplacées seraient autorisées à rentrer chez elles. « La situation est toujours fragile », a indiqué Maratee Nalita Andamo, une porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères. Les relations entre la Thaïlande et le Cambodge, unis par d'importants liens économiques et culturels, sont au plus bas depuis des décennies. Avant que les affrontements éclatent, des mesures prises par les deux gouvernements ont réduit drastiquement la circulation des marchandises et des personnes, sur fond de flambée du discours nationaliste. Des habitants des deux pays interrogés par l'AFP ont partagé leur espoir et leur méfiance à l'annonce de la trêve. PHOTO SAKCHAI LALIT, ASSOCIATED PRESS Des Thaïlandais qui ont fui leurs maisons à la suite des affrontements entre soldats thaïlandais et cambodgiens se reposent dans un centre d'évacuation dans la province de Surin. « J'ai vu les photos des deux dirigeants [thaïlandais et cambodgien] se serrer la main. J'espère juste que ce n'est pas une opération marketing avec des sourires de façade, et que ces mains ne donneront pas des coups de poignard dans le dos », a déclaré mardi Kittisak Sukwilai, 32 ans, un employé de pharmacie de la province thaïlandaise de Surin (Nord-Est), proche de la frontière. La poignée de main a été possible grâce à la médiation de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations du Sud-Est (ASEAN), dont la Thaïlande et le Cambodge sont membres. Bangkok et Phnom Penh ont également remercié les États-Unis et la Chine pour leur implication. « Félicitations à tous ! » « Félicitations à tous ! », a écrit le président américain Donald Trump sur son réseau Truth Social après l'annonce de la trêve, indiquant avoir parlé aux dirigeants des deux pays. « J'ai envoyé l'instruction de reprendre les négociations sur le volet commercial », a-t-il ajouté. Le dirigeant républicain avait demandé samedi aux deux royaumes de s'entendre, sous peine de geler les discussions portant sur les droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août. Les deux pays, ciblés par une surtaxe de 36 %, ont dit espérer par le passé vouloir sceller un « accord » avec Washington. « Nous attendons toujours que les États-Unis décident ou pas d'accepter notre proposition », a déclaré mardi le ministre thaïlandais des Finances, Pichai Chunhavajira, en charge de conduire les discussions. L'Union européenne, les Nations unies et la France ont aussi salué lundi l'annonce du cessez-le-feu. Les affrontements ont officiellement fait 30 morts côté thaïlandais, dont 15 soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 188 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140 000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.


La Presse
25-07-2025
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Risque de « guerre » entre la Thaïlande et le Cambodge
Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Risque de « guerre » entre la Thaïlande et le Cambodge (Surin) La Thaïlande a prévenu vendredi que le conflit meurtrier l'opposant au Cambodge pourrait dégénérer en « guerre », juste avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, dans un contexte d'affrontements qui ont provoqué l'évacuation de près de 140 000 Thaïlandais. Chayanit ITTHIPONGMAETEE, avec Montira RUNGJIRAJITTRANON à Bangkok et Suy SE à Samraong (Cambodge) Agence France-Presse Le différend frontalier qui oppose ces deux pays d'Asie du Sud-Est donne lieu depuis deux jours à un niveau de violence jamais vu depuis 2011, impliquant des avions de combat, des tanks, des troupes au sol et des tirs d'artillerie. Bangkok et Phnom Penh sont engagés dans un bras de fer depuis la mort d'un soldat cambodgien fin mai lors d'un échange nocturne de tirs dans une zone contestée de leur frontière commune surnommée le « Triangle d'émeraude ». PHOTO LILLIAN SUWANRUMPHA, AGENCE FRANCE-PRESSE L'artillerie cambodgienne a causé des dégâts dans une station-service dans la province frontalière thaïlandaise de Sisaket, le 25 juillet 2025. « La loi martiale est désormais en vigueur » dans huit districts frontaliers, a annoncé Apichart Sapprasert, responsable de l'armée thaïlandaise dans les provinces de Chanthaburi et Trat. La Thaïlande fait état pour l'heure de 15 morts, le Cambodge d'un mort. Des journalistes de l'AFP ont vu quatre soldats cambodgiens recevoir des soins dans un hôpital, ainsi que trois civils traités pour des éclats d'obus. A la demande du premier ministre cambodgien Hun Manet, le Conseil de sécurité des Nations unies doit tenir vendredi une réunion d'urgence à New York. Son homologue thaïlandais, Phumtham Wechayachai, a prévenu que l'aggravation de la situation conduirait à « une guerre ». « Nous avons essayé de trouver un compromis parce que nous sommes voisins, mais nous avons donné l'instruction à l'armée thaïlandaise d'agir immédiatement en cas d'urgence », a-t-il poursuivi. PHOTO HENG SINITH, ASSOCIATED PRESS Des Cambodgiens se déplacent derrière un véhicule militaire pour évacuer la province d'Oddar Meanchey, le 25 juillet 2025. Au même moment, Bangkok s'est dit « prêt » à négocier une sortie de crise, par la voie diplomatique ou par l'entremise de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), dont la Thaïlande et le Cambodge sont membres. Les États-Unis, la France, l'Union européenne et la Chine ont déjà tous appelé au dialogue et à la fin du conflit. Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a qualifié vendredi de « déchirants et inquiétants » ces affrontements. « Ce problème trouve ses racines dans les séquelles des colonisateurs occidentaux et doit maintenant être abordé avec calme et géré de manière appropriée », a déclaré Wang Yi au secrétaire général de l'ASEAN, Kao Kim Hourn, à Pékin, selon un communiqué de la diplomatie chinoise. Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune, définie durant l'Indochine française. L'épisode le plus violent lié à ce différend remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés. « Signaux positifs » Les relations diplomatiques entre les deux voisins, liés par de riches liens culturels et économiques, sont au plus bas depuis des décennies. Bangkok a rappelé mercredi son ambassadeur à Phnom Penh et expulsé de son territoire l'ambassadeur du Cambodge, qui a répliqué jeudi en retirant tout son personnel diplomatique stationné à Bangkok. Les combats ont repris dans trois zones vendredi vers 4 h du matin (jeudi 17 h heure de l'Est), a indiqué l'armée thaïlandaise. Les forces cambodgiennes ont procédé à des bombardements à l'aide d'armes lourdes, d'artillerie de campagne et de systèmes de roquettes BM-21, a déclaré l'armée, et les troupes thaïlandaises ont riposté « avec des tirs de soutien appropriés ». PHOTO SOVEIT YARN, REUTERS Des personnes évacuées du village de Pong Tuek, au Cambodge, se reposent dans un abri temporaire. Dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 km de la frontière, plusieurs familles avec des enfants et leurs affaires à l'arrière de leurs véhicules étaient en train de s'enfuir à toute vitesse, ont constaté des journalistes de l'AFP. « Je n'ai pas pu tout prendre avec moi », explique Salou Chan, 36 ans, qui s'est réfugié dans un temple bouddhique avec ses deux enfants. « Je suis inquiet pour mes enfants. Ils ont pris peur quand ils ont entendu le bruit des fusillades. » « Je ne sais pas quand on pourra rentrer chez nous », a-t-il poursuivi. Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir ouvert le feu en premier et défendent leur droit à se défendre. Bangkok a aussi accusé ses adversaires de cibler des infrastructures civiles comme un hôpital et une station-service, ce dont Phnom Penh s'est défendu. La Thaïlande a également déployé plusieurs avions de combat F-16 pour frapper ce qu'elle a présenté comme étant des cibles militaires cambodgiennes.