26-07-2025
«Notre diplomatie doit faire en sorte que le président Bazoum retrouve sa liberté»
FIGAROVOX/TRIBUNE - Ce 26 juillet marque le jour de l'anniversaire de l'arrestation du président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d'État militaire il y a deux ans. À cette occasion, le général et député européen Les Républicains Christophe Gomart plaide pour durcir le ton afin de permettre sa libération.
Ancien directeur du renseignement militaire, le général Christophe Gomart est député européen Les Républicains (LR) depuis 2024.
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Depuis deux ans exactement, le président nigérien Mohamed Bazoum est séquestré avec son épouse après avoir été renversé par un coup d'État militaire. Démocratiquement élu, il est détenu dans des conditions déplorables avec privation d'eau, coupures d'électricité, crises de paludisme, etc. Cinq mois après son arrestation, le 22 décembre 2023, l'armée française quittait le Niger après plus de 10 ans de lutte anti-terroriste au Sahel.
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Pourtant le président français annonçait fièrement en août 2023 « Les décisions que nous prendrons, nous les prendrons sur la base d'échanges avec le président Bazoum, quelles qu'elles soient ». Il n'en a évidemment rien été. Et les soldats français bloqués dans leur base sans pouvoir agir, même s'ils en avaient les moyens, sont partis laissant « un président démocratiquement élu renversé par des militaires qui n'ont aucune légitimité » à son triste sort. On a ainsi pu mesurer la valeur de "la détermination de la France à poursuivre ses efforts auprès des chefs d'État de la CEDEAO et de ses partenaires européens et internationaux pour un retour à l'ordre constitutionnel au Niger" selon Emmanuel Macron.
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Deux ans au cours desquels, plusieurs initiatives diplomatiques ont été prises sans aucun résultat comme l'adoption par le Parlement européen d'une « résolution » en novembre 2023 condamnant le coup d'État et demandant la libération du président Bazoum, suivi en décembre d'une demande de la CEDEAO d'une libération immédiate et d'une restauration de son pouvoir, de pourparlers du Maroc et d'une médiation du Qatar sans oublier des initiatives prises par des personnalités issues de la société civile. Mais où est la France et sa diplomatie ?
Non à la diplomatie du bon sentiment qui ne mène à rien et oui à la diplomatie du ressentiment qui j'en suis sûr donnera plus de résultats.
Le Niger s'est enfoncé dans un chaos sécuritaire agrémenté d'un véritable marasme économique. Il s'est retiré de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), pourtant créée en mars 1970 à Niamey. Par ailleurs le pays a aussi indiqué, le 29 mars dernier, son retrait de la Force multinationale mixte (FMM), la coalition militaire composée de soldats des armées du Tchad, du Cameroun, du Nigeria et du Niger qui combat Boko Haram et les groupes djihadistes dans la région du lac Tchad.
Otage d'une junte militaire de plus en plus décriée, le président Bazoum devrait être libre depuis longtemps à défaut d'avoir repris sa fonction présidentielle. La France semble se désintéresser du problème. Le « soutien » répété d'Emmanuel Macron à son homologue nigérien s'est avéré non seulement limité mais surtout totalement inefficace une fois de plus, comme l'est sa diplomatie.
Pour peser, la France doit être puissante et respectée. Pour cela, renouer avec l'Afrique et les Africains implique un véritable partenariat et non une posture de donneuse de leçons. Souvenons-nous du lendemain de la visite à Niamey du ministre des Affaires étrangères françaises, Jean-Noël Barrot, en novembre dernier, le Tchad avait pris la décision de rompre les accords de défense qui le liait à la France depuis 1975. Or, l'Afrique est essentielle à l'Europe donc à la France. En 2050, un être humain sur quatre sera Africain et en 2100, cela sera un sur deux. Peu de monde semble s'en soucier mais il est urgent d'agir. Notre diplomatie n'est pas là pour délivrer des brevets en démocratie mais bien pour faire respecter la France.
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Une diplomatie française qui pèse de moins en moins comme en témoignent les détentions des Français Boualem Sansal, Christophe Gleizes en Algérie, Paul Maillot à Madagascar, Cécile Kohler, Jacques Paris et Lennart Monterlos en Iran. Une diplomatie française atone dans le conflit Israël Iran comme au sujet de la guerre à Gaza. Les prises de parole sont nombreuses pour condamner mais pour quel résultat ? Il est intéressant de mesurer cette inefficacité à l'aune de la suppression du corps diplomatique.
Il est donc urgent que la France renforce sa diplomatie et cesse de vouloir donner des leçons. Non à la diplomatie du bon sentiment qui ne mène à rien et oui à la diplomatie du ressentiment qui j'en suis sûr donnera plus de résultats. Et qu'enfin, Emmanuel Macron prouve sa détermination en actes et que le président Bazoum recouvre la liberté.