10-07-2025
Dans le Bordelais, le château Cormeil-Figeac ouvre 42 lits pour héberger les saisonniers viticoles
Des cuisines équipées et propres, des chambres spacieuses… Aux Joualles de Cormeil-Figeac (Gironde), les saisonniers ne sont pas juste une main d'œuvre anonyme. La propriété de la famille Moreaud, qui pratique le bio et l'agropastoralisme n'est pas vertueuse qu'écologiquement, elle l'est aussi socialement.
Au milieu des vignes, le château et la « borderie » occupée autrefois par l'ouvrier du domaine, accueillent désormais 42 lits, dans 9 chambres destinées en priorité aux « bordiers »,
les travailleurs saisonniers,
loin des squats et bidonvilles pointés par la chambre régionale des comptes dans un rapport paru le 4 juillet qui évalue à plusieurs centaines le nombre de travailleurs de la vigne – dépendants de prestataires viticoles - hébergés dans des logements insalubres.
« Le fait de passer par des prestataires pour trouver des saisonniers viticoles nous dégage de nos responsabilités, on ne se demande pas comment ils se logent, pourtant certains dorment dans leur voiture » soulève Coraline Moreaud. C'est la lecture des
«
Raisins de la misère », ouvrage accablant d'Ixchel Delaporte sur la viticulture bordelaise, qui a initié la dépense de 700 000 euros pour le rachat et la rénovation des deux bâtiments.
Depuis leur ouverture en mai, Guy, employé d'un prestataire viticole, a pu arrêter les allers-retours fatigants depuis Bordeaux et y loger pour 250 euros par mois.
Léo et Marie, embauchés au château Cheval Blanc, y ont posé aussi leur valise. Et les touristes de passage sont aussi bienvenus à 30 euros la nuit, « un tarif abordable pour mélanger les cultures » sourit la viticultrice qui recevait la veille kayakistes,
festayres
et businesswomen américaines, « habituellement dans le vin, ceux qui le boivent et ceux qui le font ne se croisent jamais. »