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Interview de Martin Pfister: «le F-35 est moins cher que ses concurrents»
Interview de Martin Pfister – «Même avec ce surcoût, le F-35 est moins cher que ses concurrents» Le conseiller fédéral raconte ses 100 premiers jours à la tête de la Défense. Il revient notamment sur la polémique liée au prix du futur avion de combat. Florent Quiquerez Martin Pfister affronte sa première polémique avec le surcoût du F-35. Nicole Philipp Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Martin Pfister raconte ses débuts à la tête du Département fédéral de la défense. Il dévoile ses liens avec la Suisse romande, région qui lui tient à cœur. Face au surcoût du F-35, le conseiller fédéral est résolu à trouver une solution. Le Zougois appelle aussi les jeunes à s'engager pour faire le service militaire. Martin Pfister, 100 jours, ça suffit pour se sentir conseiller fédéral? Quand on devient conseiller fédéral, il n'y a pas vraiment de période d'essai. Vous entrez tout de suite dans la fonction. Après 100 jours, je peux dire que je suis bien intégré dans le collège. Est-ce que quelque chose a changé dans le regard des autres? Bien sûr. Déjà parce qu'on me reconnaît dans la rue. Ce que je dis prend aussi beaucoup plus d'importance. Quand vous êtes conseiller d'État, votre parole compte. Mais quand vous êtes conseiller fédéral, vous êtes encore davantage écouté. Être conseiller fédéral, c'est un engagement de tous les instants. Avez-vous trouvé l'équilibre entre votre nouvelle vie et celle d'avant? Oui. Même si ce n'est pas toujours facile parce que ma famille est restée dans le canton de Zoug. Désormais, j'ai un appartement à Berne, ce qui facilite l'organisation. Mais c'est clair qu'en devenant conseiller fédéral, je n'ai plus beaucoup de temps pour le sport ou la culture, qui sont essentiels pour moi. J'espère qu'avec le temps, je pourrai dégager des moments pour lire, écrire ou faire du jogging. Votre épouse, vos enfants, vos petits-enfants, que disent-ils de vous voir conseiller fédéral? Je n'ai plus beaucoup de temps pour eux non plus. Mais quand je suis à la maison et que j'ai une ou deux heures, j'essaie de leur consacrer toute mon attention. Les moments en famille sont plus rares, mais j'essaie de prendre le temps. Viennent-ils vous voir à Berne? Ils m'ont aidé à trouver un appartement. D'ailleurs, toute la famille était là pour les visites. À la fin, ce sont eux qui ont choisi. Martin Pfister est à la tête du Département fédéral de la défense depuis 100 jours. Foto: Nicole Philipp Vous avez donné votre première conférence de presse à Bure dans le Jura. Était-ce important pour vous de vous rendre en Suisse romande? Oui, c'était important pour moi. La Suisse romande est une région qui compte pour le pays. Elle a une importance décisive lorsqu'il s'agit de recueillir des majorités en matière de politique de sécurité. Si j'ai tenu à faire cette conférence de presse dans le Jura, c'est non seulement pour montrer que je suis un conseiller fédéral pour toute la Suisse, mais aussi parce que la Romandie me tient à cœur. Cette région me parle. Que connaissez-vous de la Suisse romande? J'ai étudié et vécu à Fribourg. Mon service militaire s'est effectué en partie à Genève, mais aussi dans l'arc jurassien. Quand j'ai obtenu mes galons de capitaine, dans les années 90, je dirigeais même une compagnie romande. C'est là que je me suis rendu compte de la diversité de cette région. En Suisse alémanique, on pense souvent que la Romandie est homogène. Mais un Jurassien, ça n'a rien à voir avec un Valaisan ou un Genevois. À Bure, il y a les choses que vous avez dites et celles que vous n'avez pas dites. Par exemple, vous n'avez pas parlé de la place des femmes dans l'armée ou du rôle de l'écologie au sein de votre dicastère, alors que Viola Amherd l'a constamment mis en avant. Pourquoi? Mon idée n'est pas de renoncer à quoi que ce soit. Avoir plus de femmes dans l'armée, ça reste important. La place de l'écologie au sein du DDPS (Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports), aussi. Je soutiens ces objectifs que s'était fixés Viola Amherd, mais j'estimais qu'il n'était pas nécessaire de les évoquer explicitement. Était-ce aussi pour vous concentrer sur l'essentiel? Le Département de la défense doit d'abord assurer la sécurité, le reste est secondaire. Notre priorité doit clairement aller à la défense. Le risque d'une guerre en Europe dans les cinq prochaines années est réel. Les services de renseignement me l'ont dit dès les premiers jours de mon entrée en fonction. Et cette crainte est partagée à Berlin, Vienne ou Bruxelles, où je me suis rendu récemment. C'est ce message que je voulais faire passer: la situation sécuritaire change en Europe et en Suisse, et nous devons être prêts. Guerre en Ukraine, guerre à Gaza, guerre en Iran. Les Suisses sont inquiets. Et vous? Oui, vraiment. La géopolitique mondiale évolue rapidement, alors que les projets d'acquisition d'armement s'inscrivent sur le long terme. Pour changer un système d'armement, il faut compter cinq à dix ans. On doit donc être très prudent, quand on prend des décisions stratégiques. L'objectif est d'être prêt, le jour où un conflit devait éclater. Vous parlez d'une possible guerre en Europe dans les cinq ans. C'est quoi le scénario? Une attaque de la Russie contre les pays baltes? Nous ne sommes plus comme en 1939, où un conflit débutait par une déclaration de guerre. La nouvelle réalité est bien plus diffuse: on parle de guerre hybride. Et cela a déjà commencé. On pense ici à l'espionnage, aux attaques contre les infrastructures critiques ou aux tentatives de déstabilisation politique. Nous devons donc être prêts à faire face à tous les scénarios, afin de protéger non seulement notre territoire, mais aussi notre système démocratique et notre prospérité. La sécurité prend toujours plus d'importance. Pourtant, personne n'a voulu du DDPS lorsque Viola Amherd s'est retirée. Comment l'expliquer? Je ne peux pas me l'expliquer. C'est une chance pour moi que le DDPS soit en première ligne, même s'il y a de nombreux problèmes à régler. Martin Pfister est officiellement conseiller fédéral depuis le 1er avril. Foto: Nicole Philipp Parmi les problèmes, il y a le prix du F-35. Vous aviez dit lors de votre campagne au Conseil fédéral qu'après avoir géré la crise du Covid, plus rien ne nous faisait peur. Mais quand on vous a annoncé que l'achat de cet avion pourrait coûter un milliard de plus, est-ce que vous avez réussi à dormir? C'est un grand défi, c'est vrai. Mais il faut se rappeler qu'à chaque fois que la Suisse a dû acheter des avions de combat, il y a eu des soucis de financement. La situation actuelle n'est donc pas inédite. Elle n'est pas insurmontable non plus. J'ai été élu pour relever des défis et j'ai bien l'intention d'apporter des solutions. Et ce, le plus vite possible. Il serait en tout cas nécessaire d'acheter cet avion. Vous excluez donc d'emblée le scénario de déchirer le contrat pour choisir un autre avion? Même avec ce surcoût, le F-35 reste moins cher que ses concurrents. C'est aussi un avion de nouvelle génération et il est utilisé par de nombreux pays européens. Du cap Nord en Norvège à la Sicile en Italie, plusieurs pays européens ont misé sur le F-35. Il est important pour la défense de notre espace aérien que la Suisse soit intégrée dans ce système. Je suis donc convaincu par ce choix. Reste à régler les problèmes. Pensez-vous que la petite Suisse pourra négocier le prix avec les USA, première puissance mondiale? Les États-Unis ne sont pas nos adversaires. Il ne s'agit pas d'un combat entre deux pays, mais d'efforts pour trouver des solutions. Nous avons toujours eu une bonne relation avec les États-Unis. Le respect des engagements contractuels constitue un principe fondamental. Et les États-Unis ont intérêt à apparaître comme un partenaire fiable aux yeux de la Suisse. Pour eux aussi, le droit est important. Apparemment tout repose sur un malentendu sur ce «prix fixe». Est-ce que Berne et Washington peuvent trouver un terrain d'entente sur un «malentendu»? Je pars de ce principe. C'est vrai que les États-Unis ont dû faire face à une importante inflation. Ce qui a eu un impact sur les prix. Mais si nous avions choisi un avion allemand ou français, nous aurions eu les mêmes discussions sur un surcoût. L'évolution des prix est directement liée à l'évolution des coûts de production. Et dans un contexte où de nombreux pays investissent massivement dans les systèmes d'armement, ces coûts tendent naturellement à augmenter. Secret bancaire, droits de douane, à chaque fois que la Suisse entame un bras de fer avec les USA, elle perd. Comment pourrait-il en être autrement avec le F-35? Nous n'avons pas les mêmes moyens, c'est la réalité. Mais nous aurions eu le même problème de rapport de force avec la France, l'Allemagne ou l'UE. C'est précisément pour cela que nous nous recourons au droit: pour que le «plus petit» ne soit pas la victime du «plus grand». Viola Amherd a répété que le prix serait fixe pour acheter les 36 F-35. Lors de la votation, il était clair aussi que le budget maximum était de 6 milliards. Est-ce que le Conseil fédéral respectera ce contrat avec le peuple? Bien sûr. Nous allons respecter le budget maximum prévu. Si le prix devait être supérieur, nous étudierions différentes options comme d'acheter moins d'avions, ou de chercher des optimisations au sein du projet. Il existe aussi une marge de manœuvre, par exemple par rapport aux affaires «offset» comme le projet «RIGI» (ndlr: appelées aussi affaires compensatoires, les offset sont des contreparties convenues avec les fabricants étrangers pour investir ou créer de l'activité économique dans le pays acheteur). Toucher aux affaires compensatoires, c'est prendre le risque d'ouvrir un chantier dangereux, non? C'est possible, mais cette piste doit être examinée. Nous devons explorer toutes les options. Même si, dans un premier temps, la priorité est au dialogue avec les États-Unis. Autre dossier important: les effectifs de l'armée. Le parlement veut durcir les conditions pour faire le service civil. Est-ce qu'il ne faudrait pas au contraire rendre l'armée plus attractive? La fusion du service civil et de la protection civile est une décision du parlement. Du côté du Conseil fédéral, nous aurions préféré attendre de voir si les mesures déjà prises – précisément pour renforcer l'attractivité du service militaire – avaient déjà porté leurs fruits. Ces mesures sont très importantes. On fait déjà beaucoup, mais on peut faire mieux. Que diriez-vous à un jeune qui n'a pas envie de faire l'armée? Je lui dirais d'abord que le service militaire fait sens. Que c'est un engagement au service de notre pays, pour notre sécurité et pour défendre nos libertés. Évidemment, l'armée est contraignante, mais c'est le futur de notre société et sa prospérité que l'on défend. Et cela concerne directement les nouvelles générations. L'armée, c'est aussi une occasion de rencontrer des gens de tout le pays. Elle joue un rôle important dans la cohésion nationale. Vous avez le sourire quand vous parlez de ça. Qu'est-ce que l'armée vous a appris? Elle m'a donné l'opportunité d'exercer des responsabilités, de diriger. Être chef à cet âge-là, c'est rare dans le monde professionnel. Elle m'a aussi permis de découvrir la Suisse. Être confronté à des personnes qui viennent de toutes les régions et qui ont des parcours de vie ou professionnels différents, c'est très enrichissant. Récemment, une étude a montré que les Suisses voulaient davantage se rapprocher de l'OTAN. Ne faudrait-il pas faire sauter le tabou de l'adhésion? Non. L'OTAN n'est plus tout à fait ce qu'elle était. L'idée d'une défense commune entre l'Amérique du Nord et l'Europe est mise sous pression par les États-Unis. Il y a en parallèle une volonté de constituer une défense européenne commune. Elle dépasse l'UE pour inclure par exemple le Royaume-Uni et la Norvège. Ces pays s'investissent d'ailleurs dans un projet de réarmement au niveau du continent. La Suisse doit suivre de près ces discussions, même si le rôle qu'elle pourrait jouer reste à définir. L'un des grands dossiers de cette législature, c'est celui de nos relations avec l'Union européenne, avec le futur paquet d'accords. Quel rôle allez-vous jouer? J'ai un rôle à jouer dans ce dossier en tant que membre du Conseil fédéral. Même si mon département n'est pas directement touché par ces nouveaux accords, nous avons pleinement conscience de l'importance stratégique de stabiliser notre relation avec l'UE dans la situation géopolitique actuelle. Il se dit que vous avez joué un rôle crucial pour que ces accords ne soient soumis qu'à la majorité simple en votation… En tant que membre du collège, c'est mon rôle de défendre les décisions du Conseil fédéral. Je suis donc prêt à m'engager pour cette stabilisation de nos relations bilatérales avec l'UE. C'est là qu'on peut faire le parallèle entre le DDPS et ce dossier. Car ce paquet d'accords va écorner notre neutralité. Non? Non, le paquet ne touche pas à la neutralité. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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2 days ago
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La délégation des finances exige la transparence sur les F-35 en Suisse
L'organe de la Confédération veut des clarifications sur le malentendu lié au prix des avions de combat et la limitation des surcoûts prévisibles. Publié aujourd'hui à 15h38 Mis à jour il y a 3 minutes L'avion de combat américain F-35. AFP/ROSLAN RAHMAN Tous les yeux sont braqués sur le F-35 . Après la commission de gestion du National , c'est au tour de la Délégation des finances de scanner le programme Air2030. Elle exige de faire la lumière sur le «malentendu» entourant le prix fixe des avions de combat . Les projets du programme Air2030 sont complexes et interdépendants. Le volume financier engagé est considérable. En conséquence, ces projets comportent des risques substantiels pour les finances fédérales, soulignent vendredi les services du Parlement. Il faut aller plus loin Alors que le Conseil fédéral a déjà engagé des mesures dans ce cadre, la Délégation des finances estime qu'il faut aller plus loin. Elle demande de faire la lumière sur les circonstances qui ont mené au malentendu sur le prix fixe du nouvel avion de combat, mais aussi pour limiter les surcoûts prévisibles de plusieurs millions de francs pour les autres projets du programme. Le «malentendu» sur le prix des F-35 Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters ATS Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.