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La provocation du ministre d'extrême droite israélien Ben Gvir, venu confronter un leader palestinien en prison
INTERNATIONAL - Geste de provocation. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux ce vendredi 15 août, le ministre israélien Itamar Ben-Gvir a mis en scène sa visite en prison de Marwan Barghouti, un leader palestinien emprisonné depuis 2002 par Israël.
Sur ces images, publiées sur son compte X, le ministre de la Sécurité nationale et deux autres personnes, dont un garde pénitentiaire, se tiennent debout devant Marwan Barghouti et l'entourent dans un coin de sa cellule. « Vous ne nous vaincrez pas. Quiconque fait du mal au peuple d'Israël, quiconque tue des enfants, quiconque tue des femmes (...) nous l'effacerons », lance en hébreu le ministre d'extrême droite.
Durant la scène, Marwan Barghouti, membre élu du Conseil législatif palestinien et l'un des leaders du Fatah tente alors de parler, mais le ministre l'interrompt : « Non, vous devez le savoir, et ce, tout au long de l'histoire ».
Pour accompagner sa vidéo, le ministre a ajouté un message écrit dans lequel il déclare : « Ce matin, je lis que divers 'hauts responsables' de l'Autorité (palestinienne) n'ont pas tellement aimé ce que j'ai dit au terroriste en chef Marwan Barghouti, que son nom soit effacé. Alors je vais le répéter encore et encore sans m'excuser : quiconque s'en prend au peuple d'Israël, quiconque tue nos enfants, quiconque tue nos femmes, nous l'effacerons. Avec l'aide de Dieu ».
Si la vidéo diffusée ne précise pas le nom de la prison où Marwan Barghouti est détenu, un membre de l'entourage du ministre interrogé par l'AFP et qui a requis l'anonymat assure que la rencontre a eu lieu « par hasard » dans la prison de Ganot, au cours d'une visite d'inspection du ministre. Mais cette source n'a pas précisé à quelle date la vidéo a été filmée.
« Nous craignons pour sa vie »
Dans le contexte de la guerre menée par Israël à Gaza, le fait de prendre à partie et sermonner ce prisonnier palestinien dans sa cellule a provoqué de vives réactions. Dans un entretien filmé avec l'AFP, le fils du détenu de 66 ans, Arab Barghouti, s'est dit « choqué » par cette séquence, fustigeant « l'arrogance » du gouvernement israélien, pour qui « le droit international et le droit humanitaire ne signifient rien ».
« Aucun membre de la famille n'a vu mon père depuis plus de deux ans. Personnellement, je ne l'avais pas vu depuis trois ans. (...) Mon père a perdu beaucoup de poids et il a l'air vieux. Nous sommes réellement préoccupés et nous craignons pour sa vie et sa protection à la lumière des scènes que nous avons vues », a-t-il commenté. « La politique de l'occupation est très claire. Ils veulent prouver au peuple palestinien qu'ils sont les plus forts » en « insultant son leader », a accusé Arab Barghouti. Bien qu'il ait déjà été « soumis à des choses inimaginables au cours des deux dernières années (...), ils ne briseront pas son image (...) parce qu'il représente le peuple palestinien et les prisonniers palestiniens (...) », a-t-il conclu.
Dans un communiqué relayé par l'agence de presse palestinienne Wafa, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a dénoncé « une provocation sans précédent » et qualifié l'incident de « terrorisme d'État organisé ».
Le « Mandela palestinien »
Le Hamas, par la voix d'Izzat Al-Risheq, membre du bureau politique du mouvement islamiste, a exprimé sa « solidarité avec le frère et leader Marwan Barghouti ». Il a aussi dénoncé la « sauvagerie » du ministre face à un « leader prisonnier, menotté et isolé en cellule solitaire, à peine capable de se tenir debout ».
Parmi les autres réactions internationales, la représentation à l'ONU de l'Autorité palestinienne a dénoncé « les conditions humanitaires extrêmement dures » dans lesquelles est détenu à « l'isolement » Marwan Barghouti.
Pour comprendre ses réactions de colère, il faut rappeler que Marwan Barghouti n'est pas n'importe qui en Palestine. Cet ancien cadre du Fatah défend en effet une résolution politique au conflit israélo-palestinien et est donc régulièrement cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas, malgré sa détention depuis 2002. Il est même surnommé « le Mandela palestinien » par ses partisans, devenant au fil des années une figure emblématique de la cause palestinienne. Il a toutefois été condamné à la perpétuité pour meurtres par Israël pour son rôle dans différents attentats anti-israéliens au cours de la seconde Intifada.