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Aube : le champagne s'invite en joaillerie
Derrière la collection « L'Or des Vignes », présentée fin juillet par la styliste Anna-Barbara Aumüller aux Riceys (Aube), il y a d'abord une histoire de rencontres et de passion. « Comme j'ai une vitrine sur les champagnes de l'Aube avec notre café-restaurant Cœur de village à Mesnil-Saint-Père (Aube), je fais beaucoup de dégustations. À force de parler avec les producteurs, je me suis vraiment plongée dans l'univers du champagne », raconte Anna-Barbara Aumüller.
L'idée de créer des bijoux inspirés de la vigne a pris forme peu à peu. « J'ai eu envie de recréer des grappes, au départ en pierres semi-précieuses », se souvient-elle. « Mais quelque chose manquait : le jus, la lumière, la vie. » C'est alors qu'intervient une collaboration décisive avec Astrid Pommeret, fondatrice de Cendres Bleues, à Paris. « Astrid avait enfermé de l'eau dans une bille de verre. Et là, ça a fait tilt. Pourquoi pas du champagne ? Parce que le champagne, ici, c'est notre or », poursuit la jeune femme.
Des grains ou grappes de verre
Le duo donne alors vie à des bijoux translucides, faits de billes de verre renfermant du champagne rosé et de délicates feuilles d'or. « En enfermant le champagne dans ces bulles, on donne littéralement corps à cette idée », développe Anna-Barbara Aumüller. « On joue avec la transparence, avec le mouvement. Ce sont des bijoux vivants, parce que la lumière change tout. Les reflets viennent de l'intérieur avec les particules d'or en suspension, c'est magique. »
La collection compte déjà 14 pièces – des colliers, pendentifs, bagues et bracelets – qui évoquent chacune à sa façon les grappes de raisin dans leur forme, leur brillance et leur symbolique. « On peut avoir une mini-grappe, ou une pièce centrale très forte, comme ce collier monté sur un chapeau. Chaque création est pensée pour être portée, pas juste admirée », souligne la styliste.
Le placage en or rose a été préféré à l'or jaune. « C'est un détail, mais pour moi c'est essentiel. Le champagne rosé, l'or, la lumière : tout devait être harmonieux », ajoute-t-elle. Pensée pour le quotidien autant que pour les grandes occasions, la collection mise sur le confort et la sensualité du contact du verre sur la peau. Et, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les bulles de verre sont résistantes : « Plusieurs sont tombées au sol sans se casser. Elles sont solides, tant qu'on ne leur fait pas tomber une brique dessus ! », sourit la créatrice.
Démarche écoresponsable et savoir-faire local
Le projet s'inscrit dans une logique durable. Les feuilles d'or utilisées dans les bijoux sont des chutes récupérées auprès d'ateliers de dorure, notamment parisiens. Trop petites pour être fixées au pinceau, ces paillettes trouvent ici une seconde vie. « Ce serait dommage de gaspiller une feuille entière. Nous, ce qu'on cherche, ce sont justement ces fragments », indique Anna-Barbara Aumüller.
Le champagne rosé provient pour l'instant des Riceys, clin d'œil à la première présentation officielle de la collection lors de la Route du champagne en fête, au château de Taisne. Un lieu chargé de sens pour la créatrice : « Il y a un lien avec Coco Chanel. Je suis styliste, alors présenter mes créations dans un château lié à son histoire, c'était un très bon signe. »
