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Les trains allemands sont trop en retard, le gouvernement limoge le PDG de la Deutsche Bahn
En Allemagne, moins de deux tiers des trains longue distance avaient moins de 15 minutes de retard début 2025. Une crise profonde dont la compagnie publique peine à sortir.
Richard Lutz fait les frais de la dégradation du service ferroviaire allemand. Le gouvernement a annoncé ce jeudi 14 août le limogeage du patron de la Deutsche Bahn (DB), sous le feu des critiques notamment en raison du manque de ponctualité des trains outre-Rhin, ont indiqué des sources proches de l'entreprise. «Nous avons convenu de mettre fin prématurément au contrat du patron des chemins de fer», a annoncé le ministre allemand des Transports, Patrick Schnieder, lors d'une conférence de presse surprise à Berlin. Il a pointé du doigt la situation «dramatique» de la DB, le manque de satisfaction des usagers en termes de ponctualité et de rentabilité.
Le contrat de Richard Lutz devait courir jusqu'en 2027. À la tête des chemins de fer allemands depuis 2017, l'homme de 61 ans restera toutefois en fonction jusqu'à ce qu'un successeur soit trouvé. Une conférence de presse du ministre allemand des Transports, Patrick Schnieder, est prévue à 17 heures à Berlin.
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36% des trains longue distance ont plus de 15 minutes de retard
Le ministre, issu de la coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates au gouvernement depuis mai, avait averti qu'il prendrait une décision sur l'avenir de la direction de l'entreprise publique avant la fin de l'été, dans le cadre d'une refonte de la stratégie ferroviaire nationale. Il s'était dit «insatisfait» de la ponctualité des trains allemands, dénoncée par les usagers et régulièrement raillée sur les réseaux sociaux.
L'entreprise, détenue à 100% par l'État fédéral, subit la vétusté de ses infrastructures, et une dette qu'il a réduite cet été grâce à la vente de sa filiale logistique rentable Schenker. Trains bondés, en retard ou supprimés et tronçons en maintenance sont devenus la norme pour les voyageurs. Au premier semestre 2025, seuls 63,4 % des trains longue distance ont eu moins de 15 minutes de retard, légèrement mieux qu'il y a un an mais pas encore au seuil espéré de 65%. Ce taux était à 79% en 2016, avant l'arrivée de Richard Lutz.
Le groupe pourra compter jusqu'à la fin de la législature en 2029 sur 107 milliards d'euros d'aides publiques, dont plus de 20 milliards cette année. La grande partie provient du fonds d'infrastructure spécial de 500 milliards d'euros adopté en mars pour le gouvernement. Mais 17 milliards d'euros supplémentaires seraient nécessaires d'ici 2029, a plaidé Richard Lutz, pour mener de front la numérisation et la modernisation des infrastructures existantes, sans retard.
Les détails d'une «réforme» de la DB seront divulgués le 22 septembre, a annoncé le ministre, lors de la conférence de presse de jeudi. «Si tout se passe de façon idéale, nous pourrons présenter la stratégie et peut-être aussi la succession dans un délai relativement court», a-t-il ajouté. Mais l'association des usagers de la Deutsche Bahn a accueilli froidement l'annonce du départ du PDG. «La situation des chemins de fer ne changera pas en changeant les dirigeants, mais uniquement en améliorant la politique ferroviaire en Allemagne et en finançant suffisamment les chemins de fer, a déclaré Karl-Peter Naumann, dirigeant d'honneur de Pro-Bahn. Tous les ministres des Transports précédents ont en fait plus ou moins échoué et ont fortement contribué à la situation actuelle des chemins de fer.»