5 days ago
Plus de forces que de faiblesses
Superman saigne ! Dès la première scène, le réalisateur et scénariste James Gunn donne le ton. Sa version de l'Homme d'acier ne sera pas toute puissante.
Avec Superman, le cinéaste relance non seulement les aventures de l'emblématique superhéros de DC Comics, mais tout l'univers cinématographique de ses personnages (DCU).
Ainsi, David Corenswet remplace Henry Cavill dans le rôle de Clark Kent, ou Kal-El, son nom kryptonien. Certes, l'acteur vu dans Pearl et Twisters est moins imposant physiquement que le Britannique, mais sa performance se démarque par un mélange d'assurance et de vulnérabilité qui fait de lui le Superman le plus charismatique depuis celui de Christopher Reeves.
Nous sommes toutefois loin du Clark Kent volontairement maladroit et mal à l'aise du regretté acteur. Lorsqu'il porte ses lunettes et signe des articles pour le Daily Planet, le journaliste se fait respecter et tient tête à sa collègue Lois Lane (Rachel Brosnahan) qui l'embête – amicalement – sur l'intérêt de ses textes. C'est peut-être aussi parce qu'ils forment ici un couple depuis quelques mois.
James Gunn démarre son histoire en tenant pour acquis que le public connaît déjà les principaux aspects des personnages de cet univers. On ne voit pas les parents de Kal-El envoyer leur jeune fils sur Terre, alors que Krypton est sur le point d'imploser. On ne le voit pas non plus atterrir sur la ferme de Jonathan (Pruitt Taylor Vince) et Martha Kent (Neva Howell), à Smallville, au Kansas.
PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES
Green Lantern (Nathan Fillion), Hawk Girl (Isabela Merced) et Mister Terrific (Eid Gathegi)
Lorsque le film commence, Superman est déjà un héros célèbre mondialement. Il est le seul extraterrestre connu, mais il n'est pas le seul être aux pouvoirs surnaturels. Au sein de la Justice Gang, les « métahumains » Green Lantern (Nathan Fillion), Hawk Girl (Isabela Merced) et Mister Terrific (Eid Gathegi) défendent également la planète de diverses menaces. Ils sont aussi comiques chacun à leur façon.
Inspiré de l'actualité
Certains estiment toutefois que Superman vient de franchir une ligne en intervenant dans un conflit géopolitique opposant les nations fictives de Jarhanpur et de Borovia. Cette dernière, alliée des États-Unis, tentait d'envahir sa voisine.
Les parallèles avec la guerre en Ukraine ou le conflit israélo-palestinien sont flagrants. De plus, les détracteurs de Superman rappellent sans cesse ses origines extraterrestres (alien), alors qu'il a passé toute sa vie sur Terre. Difficile de ne pas voir un lien avec la situation des migrants aux États-Unis.
Son plus virulent opposant, le milliardaire des technologies Lex Luthor (Nicholas Hoult), tente de persuader le gouvernement américain d'arrêter Kal-El afin de l'interroger par rapport à ses actes. Pour y arriver, il offre ses moyens illimités et ses soldats génétiquement modifiés. L'acteur vu récemment dans Nosferatu et Juror #2 livre une performance intense, qui détonne parfois, mais qui convainc par la qualité de son jeu.
Coups et couleurs
La traque du superhéros à la cape rouge n'est pas simple, mais celui-ci ne domine pas ses adversaires comme nous y ont habitués les œuvres passées. Il se fait frapper, blesser et maîtriser comme jamais nous ne l'avons vu auparavant. Bien qu'on estime que ses pouvoirs extraordinaires auraient dû lui permettre d'échapper à certaines situations, James Gunn a usé de créativité pour lui lancer des défis inédits : monstre de type kaijū, dimension « de poche », trou noir, nanotechnologie.
Cela donne lieu à des scènes d'action enlevantes et des combats brutaux. La caméra du réalisateur des Guardians of the Galaxy et du Suicide Squad est dynamique, ses images sont colorées et ses angles, originaux. Il a d'ailleurs refait équipe avec le directeur photo des deux derniers Guardians, Henry Braham.
Fidèle à ses habitudes, James Gunn accorde une bonne place à l'humour, à l'espièglerie, à la bonté et à son amour des animaux. Il est cette fois personnifié par le super chien Krypto, très – trop – présent tout au long du récit.
PHOTO JESSICA MIGLIO, FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES
Lois Lane (Rachel Brosnahan) et Superman (David Corenswet)
La relation amour-haine entre ce dernier et Superman amuse, tandis que celle entre Clark et Lois reste à définir. Le jeune couple est crédible dans la passion et l'incertitude qu'il affiche. David Corenswet et Rachel Brosnahan excellent notamment dans une scène dans laquelle elle convainc son amoureux de lui livrer une entrevue en tant que Superman.
Si l'inspiration du scénario provient de notre réalité, la texture est celle de la bande dessinée. Par son esthétisme, son imaginaire et son traitement simple d'enjeux complexes, Superman nous transporte dans un univers plus riche et plus réjouissant que celui des films de superhéros des dernières années.
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