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« La médina n'est pas près de devenir Walt Disney » : à Tunis, la renaissance à pas comptés de la vieille ville
« La médina n'est pas près de devenir Walt Disney » : à Tunis, la renaissance à pas comptés de la vieille ville

Le Figaro

time27-07-2025

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« La médina n'est pas près de devenir Walt Disney » : à Tunis, la renaissance à pas comptés de la vieille ville

Longtemps désertée par les Tunisiens et visitée au pas de course par les touristes étrangers, la vieille ville de Tunis retrouve un certain dynamisme avec la création d'hôtels et de maisons d'hôtes. Les murs de chaux et les portes bleues ou jaunes de la médina de Tunis ont toujours caché des secrets. Depuis quelques années, ces pépites sont des hôtels et maisons d'hôtes qui transforment la vieille ville fondée en 698. « Quand j'ai ouvert le premier bâtiment de Dar Ben Gacem en septembre 2013, les Tunisiens étaient étonnés. Ils me disaient « mais que viendraient faire des étrangers dans la médina ? ». Aujourd'hui, même les locaux viennent se balader dans la médina », sourit Leila Ben Gacem, qui dirige l'établissement éponyme d'une capacité totale de 15 chambres. Menacée par Habib Bourguiba qui souhaitait la raser, la médina a été abandonnée, entre l'indépendance en 1956 et les années 1970, par ses familles aisées au profit de la banlieue plus moderne. Louées à bas prix, les maisons se sont peu à peu dégradées. Selon une étude de 2014, 11% des bâtiments étaient en mauvais état et 10% étaient vacants. Publicité Hôtels et maisons d'hôtes La tendance s'inverse lentement. Une dizaine d'hôtels et de maison d'hôtes ont ouvert leurs portes depuis la révolution de 2011. Sur les plateformes de location, comme Airbnb, on trouve plus de 80 offres, de la chambre chez l'habitant à l'appartement à plus de 400€ la nuit. Au moins cinq projets de création d'établissements sont en cours. La médina étant classée au patrimoine de l'Unesco depuis 1979, les autorisations de travaux prennent du temps, au minimum 9 mois – souvent 2 ans selon certains investisseurs. Des autorisations désormais très surveillées. Lors d'une visite dans la médina en février 2024, le président de la République Kaïs Saïed a tapé du poing sur la table face aux travaux de l'hôtel The Residence dans l'ancienne maison du cheikh de la localité, évoquant des problèmes de corruption : « L'Histoire de la Tunisie n'est pas à vendre et il faut la sauvegarder ! », a-t-il ajouté. Les travaux du Residence sont à l'arrêt depuis. Vue du Dar Ben Gacem, ouvert en 2013, qui compte aujourd'hui 15 chambres. Photo presse Hammam Le développement du tourisme dans la médina a créé une nouvelle dynamique. Le festival d'art contemporain Dream city, qui vise à réinvestir les lieux oubliés de la Medina, rencontre un fort succès chaque année, tout comme le festival de la médina pendant le ramadan. Et les initiatives s'enchaînent. « Nous voulons faire découvrir la médina autrement en proposant des événements sur notre terrasse. Dernièrement, nous avons organisé un concert lyrique surprise à nos clients », explique Ezzedine Abdelkefi, directeur général d'une entreprise familiale comprenant deux restaurants typiques, l'hôtel Dar El Jeld et le Dar Ben Turkia, un apparthôtel et hammam qui vient d'ouvrir. La société emploie majoritairement des habitants de la médina et s'attache à restaurer les bâtiments à l'identique. Leila Ben Gacem en fait de même. Calligraphie et céramique Elle a créé une association, « Mdinti » qui organise des ateliers de calligraphie, de céramique ou de cuisine traditionnelle et des visites de la médina. « Nous essayons d'être un lobby pour défendre le patrimoine matériel et immatériel de la médina », explique celle qui est ingénieur biomédicale à l'origine. Publicité Avec moins d'une dizaine d'établissements pour 2400 habitants, Leila Ben Gacem estime que les risques restent limités : « La médina n'est pas prête de devenir Walt Disney. Si on travaille avec la communauté, elle ne partira pas. L'intérêt pour les touristes, c'est de découvrir ce village, de sentir l'odeur de la cuisine des voisins », juge Leila ben Gacem. Propriétaire de Dar Kenza, une maison familiale transformée en maison d'hôtes, Dhouha Belhaj ne redoute pas la gentrification : « Je préfère que les bâtiments anciens soient restaurés, car beaucoup de maisons sont en mauvais état. Quitte à ce que certaines personnes en difficultés économiques vendent leurs biens à bons prix. L'important c'est de préserver l'architecture. »

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