3 days ago
Avorter n'a rien de facile en Suisse
Des médecins culpabilisent leurs patientes souhaitant interrompre leur grossesse ou refusent de pratiquer l'avortement. Publié aujourd'hui à 11h25
En 2022 à Genève, un rassemblement anti-avortement a occupé la ville. Parmi les manifestants, beaucoup de familles et d'enfants.
KEYSTONE
Ce sont des convictions qui pèsent lourd sur la santé des patientes, révèle le «SonntagsBlick» dans une enquête: l'hostilité à l'avortement en Suisse . Si les chiffres montrent une hausse des interruptions volontaires de grossesse (IVG), de nombreux obstacles persistent, portés par des valeurs religieuses et un lobbying actif.
Johanna, 44 ans et mère de deux enfants, raconte ainsi son parcours au journal dominical. Lorsqu'elle exprime à sa gynécologue le souhait d'avorter, celle-ci refuse, affirmant qu'elle ne veut «que donner la vie». Redirigée vers un collègue, Johanna finit par obtenir l'IVG, mais non sans culpabilisation: le médecin lui reproche notamment de «refuser le cadeau de Dieu».
L'expérience de Johanna est une parmi (tant) d'autres, constate le «SonntagsBlick». L'opposition à l'avortement ne se limite pas à des cas individuels: elle s'exprime aussi à l'échelle institutionnelle. Certaines cliniques, comme le Bethesda-Spital à Bâle, refusent catégoriquement de pratiquer l'avortement, même en cas d'urgence. Dans le cas de l'hôpital Bethesda, il respectera la volonté de la fondation évangélique méthodiste Diakonat Bethesda, qui a fondé la clinique et qui y est toujours impliquée à ce jour. Un lobbying très organisé
À ces obstacles s'ajoute un fort lobbying anti-avortement. En septembre 2023, une nouvelle organisation pro life est née à Saint-Gall et vient justement de déposer une pétition. L'organisation demande au Conseil fédéral de stopper «le record d'avortements» et de vérifier si des «alternatives» sont proposées aux femmes. Bien que le texte ait récolté moins de 4000 signatures, plusieurs conseillers nationaux l'ont soutenu, dont Andreas Gafner (UDF/BE) et Jean-Luc Addor (UDC/VS).
Pour rappel, l'avortement est autorisé en Suisse pendant les douze premières semaines de grossesse. En 2024, il y a eu 12'434 IVG contre 12'208 en 2023. En réalité, les chiffres sont en hausse depuis 2017, une augmentation en partie attribuée au recul de l'usage de contraceptifs hormonaux.
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