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Syrie: Soueida compte ses morts après le retrait des forces armées
Les forces syriennes ont quitté la province druze de Soueida. Les violences ont fait près de 600 morts en quelques jours.
Publié aujourd'hui à 00h25 Mis à jour il y a 6 minutes
Des combattants druzes syriens font le signe de la victoire après le retrait des forces gouvernementales syriennes du gouvernorat de Soueida, le 17 juillet 2025.
AFP
La ville syrienne à majorité druze de Soueida compte ses morts jeudi après le retrait des troupes gouvernementales, décidé par le président intérimaire Ahmad al-Chareh pour éviter selon lui une «guerre ouverte» avec Israël.
Mais la présidence syrienne a accusé jeudi les combattants druzes de Soueida de violer le cessez-le-feu. Elle a aussi mis en garde contre «l'interférence israélienne flagrante continue dans les affaires internes de la Syrie, qui ne conduit qu'à davantage de chaos et de destruction et complique plus encore la situation régionale».
Israël a menacé mercredi d'intensifier ses frappes si les forces syriennes ne quittaient pas cette province du sud de la Syrie, où les combats ont fait près de 600 morts selon une ONG. Jeudi soir, l'agence officielle Sana a fait état d'un raid israélien près de Soueida, la premier depuis le retrait syrien.
Les habitants de Soueida ont découvert une ville sinistrée. Un correspondant de l'AFP a compté 15 cadavres gisant dans le centre. «C'est comme si Soueida sortait d'une catastrophe naturelle ou d'une inondation», a raconté à l'AFP Hanadi Obeid, un médecin de 39 ans.
Devant l'hôpital principal, des familles cherchent leurs proches dans un climat de colère et de peur. Le pouvoir de Chareh ébranlé
Selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), «près de 2000 familles ont été déplacées» en raison des violences à travers la province, qui ont éclaté dimanche entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes.
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, a déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d'avoir combattu au côté des tribus et d'avoir commis des exactions.
Cette escalade ébranle davantage le pouvoir de Chareh, qui a renversé, à la tête d'une coalition de groupes rebelles islamistes le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Des membres des forces gouvernementales ont affirmé à l'AFP qu'ils avaient reçu l'ordre de se retirer de la province de Soueida peu avant minuit mercredi et qu'ils avaient achevé leur retrait à l'aube. Eviter une «guerre ouverte» avec Israël
Dans un discours télévisé dans la nuit, M. Chareh a annoncé le transfert «à des groupes locaux» et des dignitaires religieux druzes de la responsabilité du maintien de la sécurité à Soueida. «Nous avons donné la priorité à l'intérêt des Syriens plutôt qu'au chaos et à la destruction», a-t-il déclaré, disant avoir voulu éviter «une guerre ouverte» avec Israël dont il a condamné l'intervention.
Mercredi, Israël a bombardé plusieurs cibles au coeur de Damas dont le QG de l'armée, faisant trois morts selon les autorités. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi que le cessez-le-feu avait été obtenu «par la force».
M. Chareh a souligné que «l'intervention efficace de la médiation américaine, arabe et turque, a sauvé la région d'un sort inconnu». Les Etats-Unis, alliés d'Israël et qui affichent leur soutien au nouveau dirigeant syrien malgré son passé jihadiste, avaient annoncé mercredi un accord pour rétablir le calme en Syrie.
Le département d'Etat, Tammy Bruce, avait dans le même temps appelé le pouvoir syrien à se retirer de la zone de conflit afin d'apaiser les tensions avec Israël. Washington «n'a pas soutenu les récentes frappes israéliennes», a déclaré Tammy Bruce jeudi. La Maison Blanche a elle mis en avant le rôle des Etats-Unis dans la désescalade, qui «semble continuer». 594 morts
Selon l'OSDH, les violences ont fait 594 morts: 300 druzes de Soueida, dont 154 civils y compris 83 «exécutés sommairement par des membres (des forces relevant) des ministères de la Défense et de l'Intérieur».
Les combats ont également coûté la vie à 257 membres du gouvernement et 18 combattants bédouins sunnites, outre trois membres de tribus «exécutés sommairement par des combattants druzes», selon cette source.
Selon M. Chareh, les auteurs d'exactions contre «notre peuple druze, qui est sous la protection et la responsabilité de l'Etat», «rendront des comptes». Il avait fait la même promesse après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite, dont est issu M. Assad, début mars sur le littoral syrien. Mais une commission d'enquête sur ces massacres n'a jamais rendu ses conclusions.
Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700'000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël. Newsletter
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