05-07-2025
Armée suisse: Martin Pfister envisage d'abandonner les drones Hermes à 300 millions
Le ministre de la Défense a ordonné de réexaminer l'acquisition de six drones Hermes, un projet qui accumule les retards et pourrait être abandonné. Publié aujourd'hui à 09h27
Drones militaires en retard et trop chers: le plan bat de l'aile.
FABRICE COFFRINI/AFP
En bref:
Le drone porte le nom d'Hermès, le messager ailé des dieux de la mythologie grecque, mais cet engin volant sans pilote n'a jusqu'à présent apporté que de mauvaises nouvelles à la Suisse. Dix ans après leur acquisition, les six drones Hermes 900 , ne fonctionnent toujours pas correctement.
Leur mise en service définitive a été retardée de nombreuses fois. Le Contrôle fédéral des finances a déjà examiné le projet à trois reprises et formulé de multiples critiques.
Initialement, le projet était estimé à 250 millions de francs avec une date d'achèvement prévue pour 2019. La fin officielle est maintenant prévue pour fin 2026, et la certification des appareils se poursuivra jusqu'en 2029. Les coûts sont passés à 298 millions de francs.
Malgré tous les problèmes rencontrés, l'Office fédéral de l'armement armasuisse a toujours soutenu le projet. Mais il s'avère maintenant que les plans, déjà modifiés à plusieurs reprises, sont une nouvelle fois remis en question.
«Il ne sera pas possible de tenir le calendrier de développement des drones jusqu'en 2026», a déclaré le chef de l'armement, Urs Loher. Le 26 juin, il a rencontré le PDG du fabricant israélien Elbit à Chypre . Il a émis de vives critiques et finalement décidé de revoir sa copie. Problèmes dans 7 projets phares du DDPS
L'ordre vient de plus haut. Le nouveau ministre de la Défense, Martin Pfister, n'a pas confiance dans le drone Hermes. Il a demandé à armasuisse d'examiner le projet en détail et de proposer des alternatives. L'abandon est l'une des options possibles.
Le nouveau ministre de la Défense, Martin Pfister, fait passer au crible les 17 grands projets du DDPS.
NICOLE PHILIPP/TAMEDIA
Mais le Zougois centriste va encore plus loin. «Le conseiller fédéral fait analyser tous les grands projets ainsi que, en fonction des risques, d'autres projets», a écrit un porte-parole du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Ils seraient pas moins de 17 au total.
Beaucoup d'entre eux sont réputés pour être sensibles. L' achat de 36 nouveaux avions de combat F-35 constitue le contrat le plus important. En juin, le gouvernement américain a annoncé des surcoûts de 650 millions à 1,3 milliard de francs, malgré l'assurance d'un «prix fixe» évoquée par la partie suisse.
En décembre 2024, dans une lettre adressée à la ministre de la Défense, Viola Amherd, la surveillance financière du parlement s'est montrée extrêmement préoccupée par le nombre croissant de projets d'armement en grande difficulté. Montant des commandes dont le drone Hermes: environ 17 milliards de francs. L'argent est en grande partie dépensé
La Suisse a déjà dépensé la majeure partie des 298 millions prévus pour le projet d'achat des aéronefs. Comment maximiser leur utilisation? Un arrêt total de la commande provoquerait inévitablement une cascade de plaintes.
Plusieurs raisons expliquent pourquoi les drones ne sillonnent pas le ciel suisse. D'un côté, le fabricant fait face à des problèmes. La pandémie a ralenti la croissance, tandis que les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 et leurs conséquences ont fortement mobilisé les ressources de l'entreprise israélienne.
L'aéronef Hermes 900 HFE D-11, lors de sa présentation aux médias sur la place militaire d'Emmen, le 9 décembre 2019. Le drone est depuis retourné en Israël.
GEORGIOS KEFALAS/KEYSTONE
D'autre part, Berne a exprimé des demandes spécifiques lors de la commande. Les drones suisses étaient donc conçus avec un moteur diesel pour garantir une plus longue autonomie en vol. Par ailleurs, la Suisse a passé commande pour un système de dégivrage et de détection automatisée. C'est une première mondiale pour un drone de ce type. L'entreprise d'armement Ruag a commencé à développer un prototype. Jusqu'à présent, le système n'est toutefois pas encore opérationnel. Cela implique que les drones devraient être escortés par des hélicoptères dans l'espace aérien suisse pour prévenir les accidents, notamment avec des parapentistes.
Il convient de souligner que les chefs de projet et les contrôleurs étaient dépassés par la complexité de la mission et le nombre important d'intervenants. Selon l'un des rapports de contrôle financier, armasuisse a dû envoyer des rapports hebdomadaires à Elbit pour signaler les carences.
En cas d'échec, nous risquons de perdre une grande partie des 300 millions investis. Le travail réalisé pendant plusieurs années par de nombreux fonctionnaires n'est pas pris en compte.
Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan
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Autres newsletters Mario Stäuble est chef de la rubrique nationale de Tamedia à Zurich. Auparavant, il était co-rédacteur en chef du «Tages-Anzeiger». Ce juriste a étudié à l'université de Zurich. En 2011-2012, il a effectué son stage au «Tages-Anzeiger», et à partir de 2013, il a fait partie de la cellule enquête de Tamedia. Il est lauréat du prix zurichois du journalisme (2018). Plus d'infos @mario_staeuble
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