5 days ago
Alan Roura a recruté un équipage en un temps record
Le Genevois a eu moins de trois mois pour bâtir sa nouvelle équipe et composer son équipage de jeunes marins suisses, qui sera au départ de The Ocean Race Europe, dimanche, à Kiel. Publié aujourd'hui à 16h59
Jessica Berthoud est l'une des équipières sélectionnées par Alan Roura pour l'Ocean Race Europe.
Jean-Guy Python
En bref:
La première victoire, c'est d'être au départ. Ainsi va la vie du marin hauturier. Capable de tout, mais jamais vraiment sûr de rien. Alan Roura , le plus populaire des navigateurs suisses, n'échappe pas à la règle. À peine est-il arrivé au bout d'une course que la suivante a déjà commencé dans sa tête. «Après ce troisième Vendée Globe bouclé avec Hublot, il était clair dans mon esprit que je voulais autre chose, dit-il. J'ai une envie de transmission. De redonner aux jeunes marins suisses tout ce que j'ai pu recevoir depuis dix ans. Partager, c'est le mot qui résume notre démarche avec Simon Koster et Elodie Mettraux. Nous sommes tous les trois des skippers expérimentés avec cette même volonté de permettre à une nouvelle génération d'avoir accès à ce qui se fait de mieux au niveau de la course au large.» Des marins suisses testés sur le Léman et la mer
Ni une ni deux, l'aventure a pris son envol ce printemps, avec comme premier cap The Ocean Race Europe, une course mythique par étapes (et donc en équipage). Grâce à un nouveau sponsor titre – Amaala, une ville touristique saoudienne qui sera bientôt inaugurée au bord de la mer Rouge –, tout s'est accéléré.
La première étape de sélection a eu lieu sur le Léman, avant un départ à Lorient.
Jean-Guy Python
Le bateau a été sorti de l'eau, déshabillé, pour être mieux revêtu de bleu et de noir. Un chantier mené de main de maître par l'équipe technique d'Alan Roura, du côté de Lorient, qui a une nouvelle fois fait des miracles et travaillé sans relâche. Pendant ce temps-là, le staff sportif et administratif s'est mis au diapason. «Nous avions lancé un appel à candidature et plus de 40 dossiers nous sont parvenus, résume Simon Koster, coskipper de cette Swiss Offshore Team, bâtie en un temps record. C'est dire que la voile suisse possède un très joli réservoir de jeunes talents.»
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Il a fallu trier, retrancher, convoquer. Tester les navigateurs et les navigatrices, tous ces aspirants du grand large rêvant de voguer sur les traces de leurs aînés. À commencer par le pionnier, Pierre Fehlmann, l'homme qui a placé la suisse sur la planète voile dans les années 80 et 1990. «Avec notre projet AMAALA, c'est un peu cet esprit qu'on souhaite retrouver, même si le contexte actuel est différent et que le bateau n'a plus rien à voir avec ceux de l'époque», souligne Alan Roura. Sur la Whitbread, embarquaient ceux qui le voulaient bien, qui avaient l'estomac bien accroché et une volonté d'ailleurs au fond du cœur. Un coup de blanc, une poignée de main et on devenait marin du soir au lendemain. Alan Roura mise aussi sur la communication
Rien de tout cela avec le Team AMAALA. C'est à un vrai processus de sélection que les candidats ont été soumis. Pendant cinq jours, à Genève, puis à Lorient, une vingtaine de marins ont été mis en situation sur le lac et la mer, testés physiquement sur des machines à mouliner infernales. À peine les jeunes navigateurs marins avaient-ils repris leur souffle qu'ils passaient ensuite l'épreuve redoutée de l'aisance devant un micro et une caméra. «Dans un monde de la voile qui fait la part belle à la communication, la capacité de transmission de nos aventures, de nos émotions et de nos ressentis est essentielle, rappelle Alan Roura. C'est aussi important que la capacité à endurer – physiquement et psychologiquement – les conditions parfois extrêmes de nos bateaux.»
À l'image de Mathis Bourgnon, les candidats ont aussi été testés face caméra.
Jean-Guy Python
Pour s'assurer de la compatibilité des uns et des autres, chacun a été soumis à un test de personnalité développé par Alexis Landais, préparateur mental d'Alan Roura depuis plusieurs années qui a coordonné tout le processus de sélection. «Le CV nautique ne suffisait pas, précise Alan Roura. Une aventure comme The Ocean Race va bien au-delà de la voile et l'aspect humain doit être placé au centre des débats.»
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Les premières semaines d'entraînements ont confirmé que le staff technique avait fait, semble-t-il, les bons choix. Les heureux élus apprennent vite et bien à maîtriser un bateau pourtant bien complexe. Le convoyage de Lorient à Kiel, port de départ de The Ocean Race Europe a permis de tester la résistance de l'équipage avec un passage musclé sous la pointe sud du Danemark. «Franchement, ce n'est que du bonheur, savoure la Vaudoise Jessica Berthoud, benjamine de l'équipe avec ses 23 ans. C'est une chance énorme d'avoir été sélectionnée et j'en prends encore plus conscience depuis que nous sommes arrivés à Kiel et que l'on voit la foule, tous ces bateaux alignés sur le quai. C'est un autre monde.»
Un monde où, pour être au départ à Kiel, rien n'a été laissé au hasard.
À lire sur Alan Roura
Grégoire Surdez est journaliste à Sport-Center depuis 2019. Après un stage en candidat libre de 2002 à 2004 au sein de la rubrique des sports de 24 heures, il y travaille 5 ans. En 2009, il rejoint la Tribune de Genève et se spécialise dans le suivi du ski alpin, de la voile et du hockey sur glace. En 2020, il est co-auteur du livre «Suisses en Mer» (éditons Favre). Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.