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Le Figaro
09-08-2025
- Sport
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Rugby : en images, l'hommage de la famille de Medhi Narjissi en Afrique du Sud un an après le drame
En images, l'hommage de la famille de Medhi Narjissi en Afrique du Sud un an après le drame DIAPORAMA - Le 7 août 2025, un an après le décès du jeune espoir du Stade Toulousain lors d'un stage de l'Équipe de France U18, sa famille s'est réunie sur les lieux du drame pour un hommage poignant. Un an plus tard, le souvenir est toujours aussi vivace. Celui de Medhi Narjissi, jeune centre du Stade Toulousain disparu au large du Cap de Bonne-Espérance le 7 août 2024 alors qu'il participait à un stage du XV de France U18 en Afrique du Sud. Ses proches se sont réunis sur les lieux du drame le temps d'une journée pour un hommage silencieux et poignant. Une plaque commémorative a été inaugurée sur un banc sur les hauteurs de Dias Beach. Ils attendent toujours des réponses de la part de la justice et de la Fédération Française de Rugby.

L'Équipe
01-08-2025
- Sport
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« J'ai regardé partout, je ne le voyais plus » : le récit des coéquipiers de Medhi Narjissi face aux enquêteurs
Face aux enquêteurs, les coéquipiers de Medhi Narjissi ont reconstitué les minutes qui ont précédé la mort du jeune joueur de Toulouse, en août 2024. Le récit, glaçant, met en lumière l'improvisation du staff. Le matin du 7 août 2024, les joueurs de l'équipe de France U18 se réveillent dans un hôtel du centre-ville de Cape Town, en Afrique du sud, au lendemain d'une séance d'opposition face à une équipe universitaire locale. Ce mercredi est considéré comme une journée de repos. Visites, shopping, séance de récupération, l'ambiance est à la détente. En milieu de matinée, une fois le petit-déjeuner pris, les 28 joueurs et les 12 membres du staff prennent un car mis à leur disposition. « On s'est arrêtés à plusieurs endroits, on a vu des otaries, il y avait une ambiance géniale », a raconté Noa Tinnirello (18 ans), le pilier droit du Stade Toulousain, aux services de police. « L'ambiance était bonne et joyeuse, sans pression, poursuit Oscar Boutez (17 ans) devant les enquêteurs. Nous avions joué la veille et nous avions gagné contre des espoirs, un bon match. En premier, nous avons vu les otaries, puis une plage des manchots. » À l'issue d'un pique-nique pris sur une plage, le car repart, puis s'arrête, en début d'après-midi, sur un parking situé en aplomb de Dias Beach. La très grande majorité des joueurs et des membres du staff marchent jusqu'au phare du cap de Bonne-Espérance. Il faut compter vingt à vingt-cinq minutes pour effectuer l'aller-retour. Après avoir atteint le phare, le groupe redescend en ordre dispersé vers le parking où se trouve le car. De là, un chemin de randonnée descend à la plage. Le matin, à 8 h 14, Robin Ladauge, le préparateur physique mis en examen dans cette affaire, avait écrit ceci dans le groupe WhatsApp créé par les encadrants pour communiquer durant la tournée : « Obligation de faire un bain froid aujourd'hui. Deux options s'offrent à vous. 1) Bain froid sur la plage du cap de Bonne Espérance - attention petite descente d'une centaine de marches pour y descendre. Prévoir serviette et maillot de bain. 2) Bain froid en rentrant à l'hôtel vers 17 h. » Stéphane Cambos et Robin Ladauge, encadrants à la FFR, mis en examen Au regard du dossier judiciaire, il apparaît évident que très peu de joueurs avaient pris connaissance de ce message. « Le prépa physique a dit : "On va faire la récup ici." On était un peu surpris parce que nous n'avions pas d'affaires, explique Tinnirello. À ce moment-là, je ne comptais pas me baigner. » Trois joueurs ne descendront d'ailleurs pas sur la plage. Sur le chemin, Ladauge est notamment accompagné de Léo Michaux (17 ans). Ils empruntent un escalier en bois. Au bas de celui-ci, une bouée est attachée à un poteau. « II m'a dit "je vais prendre la bouée au cas où il arrive quelque chose" », raconte le garçon aux enquêteurs. Dias Beach est considérée comme l'une des plages les plus dangereuses du monde. L'improvisation est totale. « Au début, je ne voulais pas y aller, mais quand j'ai vu que tout le monde rigolait, j'ai décidé de me poser sur la plage, poursuit Antonio Ratavo (18 ans). Ensuite, je suis allé me baigner. On a pris quelques vagues, c'était bien, on s'amusait. Moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir reçu des consignes particulières. » Elles avaient vraisemblablement été passées avant que le talonneur de Clermont ne décide de se baigner. « Quand nous étions dans l'eau, poursuit Michaux, il n'y avait pas d'exercice particulier, c'était complètement ludique. Robin (Ladauge) était à une dizaine de mètres du bord. Il se chargeait, entre guillemets, de faire la police quand nous allions trop loin. » « J'étais figé, je ne savais pas comment réagir » Axel Dupont, analyste performance de l'équipe de France U18 Après quinze minutes passées dans l'eau et quelques rappels à l'ordre à l'encontre d'au moins un joueur, Ladauge explique au groupe que la séance est terminée. Quelques jeunes réclament une rallonge de cinq minutes. Ils s'amusent. Elles leur sont accordées. « Là, Medhi (Narjissi) m'a sauté dessus et m'a dit "viens, on va voir Baptiste (Veschambre)", qui avait l'eau au-dessous des pectoraux », raconte Tinnirello. Veschambre se situe à trente mètres d'eux environ. « J'ai dit à Medhi "je ne vais pas là-bas" », poursuit Tinnirello. Quand Ladauge annonce que les cinq minutes sont écoulées, « tout le monde a dit : il est où Medhi ? », raconte un joueur. Entre-temps, Veschambre, qui mesure 2,02 m, est revenu sur la plage. Le demi de mêlée Narjissi et son 1,78 m ont été pris par les flots. Interrogé pour l'enquête interne effectuée par la Fédération, Oscar Boutez explique la suite : « Je pense que plusieurs joueurs croyaient que c'était une blague. Moi, j'ai tout de suite vu qu'il n'était pas bien. » Face aux services de police, Ratavo confirme : « J'ai vu Medhi partir. On pensait qu'il faisait une petite blague pour qu'il puisse prendre une dernière vague. Connaissant Medhi, il aimait bien faire des choses drôles. Quand on a vu qu'il galérait à revenir, on s'est dit que ce n'était pas une blague. Les adultes ne savaient pas quoi faire. » « Dias Beach est une plage dangereuse », retour sur le lieu de disparition de Narjissi « J'étais figé, je ne savais pas comment réagir », indiquera Axel Dupont, préparateur physique et analyste performance, à la mission d'inspection générale diligentée par le ministère des Sports. Boutez a alors 16 ans, mais lui ne se pose aucune question. Excellent nageur, il part immédiatement secourir Narjissi. Il raconte : « Entre le début de la baignade et ce moment-là, la mer s'était intensifiée, les vagues étaient devenues plus grosses et plus fréquentes. J'arrive à sa hauteur. Medhi est en train de crier "au secours". II demande de l'aide. J'arrive à le récupérer, je le mets sur mon dos et je nage vers le bord. » Pour l'enquête interne de la Fédération, le jeune homme poursuit son récit : « Entre deux vagues, j'avais très peu pied et Medhi n'avait pas pied du tout. » De son côté, Tinnirello, que Medhi considère comme un membre de sa famille, tente de rejoindre ses deux coéquipiers par un autre chemin : « J'ai regardé vers la mer et Oscar partait à la nage vers Medhi, qui se trouvait après un rocher vers la droite. Je suis allé vers Medhi en marchant vers le caillou, le courant était très fort puisqu'il arrivait presque à me faire tomber, j'avais l'eau jusqu'aux genoux. Plus je me rapprochais d'Oscar et Medhi, plus ils s'éloignaient. J'ai pris une vague sur l'épaule qui m'a obligé à m'accrocher au caillou. Ce rocher glissait, l'eau passait par-dessus. J'ai dû nager pour regagner la plage. L'eau était plus forte que moi. Je paniquais. Seuls Oscar et Medhi étaient à l'eau et Robin (le préparateur physique) tentait d'envoyer sa bouée qui revenait forcément avec les vagues. » « Il m'a semblé être resté sous l'eau une vingtaine de secondes avant que je réussisse à remonter à la surface. Je me suis retourné, j'ai regardé partout, je ne voyais plus Medhi » Oscar Boutez, coéquipier de Medhi Narjissi « Au début, j'arrivais à nager, poursuit Boutez. J'ai pris une première vague, ça allait. Nous sommes remontés à la surface et je lui ai dit de respirer. Trois, quatre secondes après la deuxième vague, je me suis retourné un petit peu et j'ai vu un mur d'eau, de cinq-six mètres. Nous avons pris la vague de plein fouet. Medhi m'a lâché. J'ai été emporté un peu n'importe comment. Il m'a semblé être resté sous l'eau une vingtaine de secondes avant que je réussisse à remonter à la surface. Je me suis retourné, j'ai regardé partout, je ne voyais plus Medhi. J'ai repris des vagues et me suis fait retourner plusieurs fois. Je me suis ensuite bagarré pour rejoindre la rive. » « Nous étions tous en caleçons. Les coachs courraient partout, c'était la panique », poursuit Tinnirello. Sur l'ensemble des joueurs et encadrants interrogés au cours des différentes investigations, un seul a reconnu avoir vu un panneau indiquant qu'il était dangereux de se baigner sur Dias Beach. Un kiné, qui n'est pas descendu sur la plage et qui a affirmé aux enquêteurs ne pas savoir que les enfants allaient se baigner. Lors de l'enquête diligentée par le ministère des Sports, Cédric Laborde, le manager des équipes de France jeunes, qui ne participait pas au voyage, dira : « J'ai un témoignage direct d'un joueur évoquant un non-respect des consignes et des challenges entre joueurs d'aller affronter les vagues. » Personne n'avait prévenu les enfants de l'ampleur du danger. Aucun encadrant n'est parti au secours de Narjissi, dont le corps n'a jamais été retrouvé. « On veut des réponses, on veut des coupables » : la détresse des parents de Medhi Narjissi