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« Luis Enrique a toujours admiré l'exigence du cyclisme » : les confidences d'Eusebio Unzué, manager historique de Movistar
« Luis Enrique a toujours admiré l'exigence du cyclisme » : les confidences d'Eusebio Unzué, manager historique de Movistar

L'Équipe

time19-07-2025

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« Luis Enrique a toujours admiré l'exigence du cyclisme » : les confidences d'Eusebio Unzué, manager historique de Movistar

Eusebio Unzué, le manager de l'équipe Movistar, raconte, à 70 ans, sa vie de passion pour le cyclisme que sa famille et lui partagent depuis longtemps avec l'entraîneur du PSG, Luis Enrique. À 70 ans, Eusebio Unzué a passé plus de quarante ans dans le cyclisme, tour à tour directeur sportif de l'équipe Reynolds au début des années 1980, devenue Banesto, la Caisse d'Épargne et aujourd'hui Movistar. Il a dirigé plusieurs générations de champions dont Pedro Delgado, Miguel Indurain et Alejandro Valverde. À la tête de combats pour défendre l'intérêt des groupes sportifs face à l'UCI ou les organisateurs, il porte aujourd'hui un regard admiratif sur l'évolution de son sport. « Comment vous sentez-vous dans le cyclisme aujourd'hui ?Enthousiaste, comme au premier jour ! Ce sport est devenu plus attrayant et plus spectaculaire. Quand avant, il fallait dix ans pour voir des choses différentes, tout se passe maintenant en deux ou trois ans. Ne vous sentez-vous pas dépassé, parfois ?Toujours pas (rires). Mais je dois vivre avec une mise à jour permanente. Des Pogacar, Van der Poel, Evenepoel changent tous nos repères, ils engendrent une compétitivité qu'on n'a jamais connue aussi forte. Toute une génération est partie en 2020, dont Alejandro (Valverde) chez nous, elle a été remplacée par des super champions avec en tête Pogacar, qui entrera certainement dans l'histoire du cyclisme, si ce n'est déjà fait à 26 ans. Cela ne vous lasse pas ?Paradoxalement, sa domination ne provoque aucune résignation. Elle pousse au contraire encore plus de jeunes à frapper à la porte pour entrer dans ce groupe des élus. « On n'est pas le football, on doit se réinventer constamment pour exister » Les sponsors qui n'ont pas de coureur capable de le battre ne risquent-ils pas de se désintéresser du cyclisme ?Ce ne sont pas seulement les résultats qui comptent. Qu'est-ce qu'un sport qui n'a pas de grand vainqueur ? Bien sûr, on peut perdre en émotions, mais on le récupère en attrait pour les sponsors. En cyclisme, être un grand favori n'empêche pas de se remettre en question chaque jour. Ce Tour en est peut-être le meilleur exemple, Pogacar aura à franchir la bosse de Montmartre avant d'arriver sur les Champs-Élysées. Tout pourra encore se passer. Chez Reynolds, avec des Arroyo, Gorospe et Delgado, vous étiez de féroces adversaires de Bernard Hinault sur la Vuelta, pour casser sa domination. Mais on s'en souvient moins...J'ai débuté pendant sa grande période. Nous avons peut-être été les premiers à étudier sa façon de courir pour le prendre en défaut car, physiquement, il était imbattable. Il fallait d'abord canaliser son agressivité pour pouvoir l'attaquer. On s'en souvient moins car il n'y avait pas la télévision. Elle donne de l'importance aux moindres détails. Quand le direct ne durait que 1h30', on ne voyait pas les défauts, le surpoids des coureurs ou les ratés des tentatives d'échappée au kilomètre zéro. Aujourd'hui, tout doit être parfait du début à la fin. Les coureurs n'ont pas le droit à l'erreur. La télévision incite-t-elle également à plus de spectacle qu'avant ?C'est évident. Le Tour est devenu une véritable chorégraphie. Je ne sais pas s'il y a plus de monde sur le bord de la route, mais de plus en plus de gens s'intéressent au cyclisme grâce aux réseaux sociaux, la télé, les blogs et les plateformes. Ça les aide à mieux comprendre ce sport. Vous avez connu les années sombres du cyclisme. Comment expliquez-vous qu'il ait réussi à survivre et même à se réinventer ?L'arrivée de gros sponsors ces dernières années prouve que la confiance est revenue. On avait besoin de retrouver du crédit et le spectacle que nous pouvons offrir en retour doit nous aider à franchir de nouveaux paliers. On n'est pas le football, on doit se réinventer constamment pour exister. Ce n'est pas facile. La période que nous vivons, avec ces champions hors normes, doit nous aider, les organisateurs, les équipes et l'UCI... Tout le monde doit se sentir concerné. Nous n'avons pas encore trouvé ensemble la voie idéale parce que ce sport a une dépendance très importante à son histoire. « J'entends encore Luis Enrique me dire : "Putain, j'aimerais que les footballeurs aient les couilles de bosser comme les cyclistes, qu'ils aient cette capacité à autant souffrir" » Votre frère, Juan Carlos, un ancien gardien de but du Barça, victime depuis 2020 de la maladie de Charcot, est intervenu récemment auprès de vos coureurs pour partager son expérience de la souffrance. Ces passerelles sont-elles importantes ?Parler à des athlètes qui pratiquent un sport toujours à la limite de la souffrance l'intéressait. Les sportifs de haut niveau sont toujours intrigués par les combinaisons de notre sport entre le seuil de la souffrance, le surpassement, les positions risquées à cause des descentes vertigineuses ou tout simplement de la météo. Ceux qui découvrent le cyclisme de l'intérieur sont vraiment surpris. Mon frère vivait le cyclisme à la maison par mon intermédiaire et moi, le football grâce à lui. Quand notre père venait nous voir, il posait plus de questions sur le cyclisme car il était tellement admiratif de son exigence. Vos liens avec Luis Enrique, un proche de votre frère et de votre neveu Aitor (son adjoint au PSG jusqu'à l'an passé), se basent-ils aussi sur cette passion pour le cyclisme ?Luis est un passionné de cyclisme. En 2017 ou 2018, il avait suivi, avec mon frère, une étape du Giro dans ma voiture. Je l'entends encore dire me dire : "Putain, j'aimerais que les footballeurs aient les couilles de bosser comme les cyclistes, qu'ils aient cette capacité à autant souffrir." Il a toujours été admiratif du niveau d'exigence du cyclisme. "J'aimerais qu'on soit capables de faire ça dans le football", répétait-il. On a beaucoup échangé là-dessus. Movistar a accepté la première, en 2020, avant la série sur le Tour, d'être dans une série sur Netflix... L'idée de ce docu-série (dans la roue de l'équipe Movistar) est venue de l'ancien président de Telefonica, notre sponsor, José Maria Alvarez Pallete. Il a découvert le Tour en 2017, il était resté dix heures avec nous et il m'avait dit : "Je regarde le cyclisme depuis trente-cinq ans, je n'aurais jamais imaginé ce que je viens de vivre. Qui peut comprendre la force que génère ce sport ? Maintenant, il ne suffit pas de faire les choses, il faut aussi les raconter." Il y a eu quatre saisons sur Netflix avec un énorme succès. Nous devons transmettre notre histoire aux gens à travers ces images, ça nous a aidés à ne plus dépendre exclusivement des simples résultats pour exister. » À lire aussi Onley, jeune loup plein d'ambition Pogacar seul au monde L'allongement des délais, un cadeau fait aux sprinteurs ? Evenepoel, un gros raté et beaucoup d'inquiétude

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