04-07-2025
Maghreb FC, le blog de Nabil Djellit - Montassar Talbi : « Je ne voulais pas laisser Lorient en galère »
Taulier de la sélection tunisienne et cadre du FC Lorient, le défenseur Montassar Talbi nous confie son sentiment du devoir accompli de revoir les Merlus en Ligue 1. À 27 ans, il envisage son avenir avec sérénité dans le Morbihan, où il se sent bien, ou ailleurs...
« Lorient est de retour en Ligue 1. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?Pour nous, c'est une fierté. On sait que le FC Lorient va célébrer son centenaire la saison à venir (le club a été fondé le 2 avril 1926). C'était donc très important pour la ville, ses dirigeants et ses supporters de pouvoir fêter cela en Ligue 1. Et même pour nous les joueurs, c'est certain que lorsqu'on est relégués avec un club, ce n'est jamais une bonne expérience à vivre. Et là en seulement un an, on a réussi à vivre cette accession, c'est beaucoup de joie. On a le sentiment du devoir accompli.
Quels ont été les temps forts de cette saison, où il y a eu une vraie densité dans la course à la montée avec Dunkerque, Metz ou le Paris FC ?Cela n'a pas été une saison facile, notamment lorsque vous êtes un joueur habitué à évoluer en Ligue 1. Il fallait digérer cette descente, et s'adapter à la Ligue 2, où c'est presque un autre football. Lorsqu'on est Lorient, on est forcément plus attendu. On sent une plus grande envie chez nos adversaires. Chaque match était disputé.
Jusqu'au bout, on a été trois ou quatre équipes à jouer la montée. On pouvait même faire des séries de cinq victoires sans pour autant prendre le large. On a eu les nerfs solides, même en voyant les autres s'accroche. Ça s'est joué sur la fin, on est content d'avoir tenu bon.
Vous avez été élu dans l'équipe type de la saison. Est-ce que ça compte pour vous ?Ça fait réellement plaisir d'être reconnu par ses pairs. En Ligue 2, ce n'est jamais facile. J'avais beaucoup à perdre à y jouer et à ne pas y performer. Il fallait que j'assume mon rôle d'être un homme fort de Lorient, et plus globalement de la Ligue. Je suis satisfait en dépit d'un début de saison compliqué parce qu'il fallait, comme je vous l'ai dit, digérer cette descente. J'ai vite relevé la tête, j'ai performé et j'ai aidé le collectif. C'est une petite distinction individuelle, elle m'a fait plaisir.
« Les supporters tunisiens ont aussi envie de me voir représenter le pays au plus niveau »
Comment vous êtes-vous remotivé pour affronter la Ligue 2 alors qu'on vous imaginait plutôt continuer dans l'élite en France ou ailleurs ?Psychologiquement, ça n'a pas été simple. Il y a eu un mercato un peu agité avec des intérêts de plusieurs clubs. Et finalement, je suis resté au FC Lorient. Il fallait se reprogrammer pour jouer en Ligue 2. Ce n'était pas facile parce qu'il y avait aussi une même attente en Tunisie.
C'est-à-dire ?On était engagés sur des échéances importantes avec des éliminatoires à la Coupe du monde. Les supporters, le peuple tunisien, ils ont aussi une envie de me voir représenter le pays au plus niveau. Le fait d'être en Ligue 2... c'était difficile à digérer mais je me suis remis dedans assez rapidement.
Tout simplement, je me suis dit : ''Il faut que je fasse mon taf et que, Ligue 2 ou pas, je dois prouver mon niveau.'' Je sais que les attaquants en face de moi veulent montrer et prouver des choses. Et contre Lorient en général. Il faut être doublement concentré.
Vous avez évoqué votre mercato ''agité'', est-il vrai que vous n'avez pas donné suite aux sollicitations de Brest, parce que c'est le rival régional du FC Lorient ?Oui, c'est certain, l'intérêt de Brest était bien présent, j'ai pu discuter avec le directeur sportif du club (Grégory Lorenzi). C'est toujours flatteur d'être approché par ce genre de clubs en sachant qu'il y avait aussi une Ligue des champions à jouer. Mais, la concurrence entre les deux clubs, et aussi l'attachement que j'ai pour le FC Lorient, ont fait qu'il était dur pour moi de quitter le club. Je ne voulais pas laisser Lorient en galère en Ligue 2.
C'était un peu compliqué au niveau de mes valeurs. Il y avait aussi des intérêts dans d'autres Championnats qui auraient pu m'intéresser. Les discussions n'ont pas abouti. Avec le recul, je ne regrette pas mon choix. C'était aussi fort humainement de contribuer au retour de Lorient en Ligue 1. Je pense notamment à cette joie des supporters envahissant la pelouse. Toutes ces images vont rester, et j'en suis fier.
Comment envisagez-vous la suite ? Continuer ou peut-être partir du FC Lorient ?On sait que chaque été, il y a toujours de l'agitation. Je suis toujours sous contrat avec Lorient (jusqu'en 2027). On a le centenaire, je suis en Ligue 1 dans un Championnat où je peux me montrer et jouer contre la crème de la crème en France. Après, je suis ambitieux et compétiteur, il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Cela dépendra des projets proposés, et aussi des clubs qui peuvent solliciter Lorient. Et après, on va étudier tout ça tranquillement.
Il est certain que je suis dans une année importante avec une CAN à jouer (au Maroc, du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026) et peut être aussi une Coupe du monde (la Tunisie est leader de son groupe des éliminatoires à quatre journées de la fin). Il faudra voir en fonction des différents projets... et aussi du club de Lorient, de leurs envies, ce qu'ils attendent ou pas. Ce sont donc des paramètres que je ne contrôle pas. Là, je reste concentré et focus sur ma prépa » pour bien commencer ma saison, et puis on verra.
Quand on se renseigne sur vous, on vous décrit souvent comme un bon défenseur, fiable avec un leadership positif. Avez-vous l'impression d'être un peu sous les radars, un peu sous-coté ?Être un joueur sous-coté ? Ce n'est pas réellement à moi de le dire... Je ne suis pas quelqu'un qui aime parler de moi-même. Je préfère être performant, et laisser les spécialistes, les clubs ou les gens se faire leur idée. Après quand je regarde en arrière, je suis satisfait de ce que j'ai pu réaliser, même au niveau international avec la Tunisie en Coupe du monde, par exemple.
Au niveau de votre poste, dans quels domaines pensez-vous pouvoir encore progresser ?À mon âge (27 ans), je commence à atteindre une certaine maturité en ayant engrangé de l'expérience. Il y a plein de choses sur lesquels on peut s'améliorer. C'est le fruit du travail quotidien, et sur tous les aspects à mon sens. Mes points forts, je veux les rendre plus forts. Et essayer d'améliorer ce que j'estime moins bon.
Après les matches, je prends le temps pour m'analyser, et notamment les erreurs tactiques ou d'appréciations. Physiquement, je travaille ma détente ou mon explosivité en ayant à l'esprit que tout compte. Un axial moderne, il doit être bon partout. C'était peut-être moins le cas dans le football d'avant.
Il faut être bon avec les pieds pour la relance, rapide pour être réactif dans la profondeur, le jeu de tête, l'agressivité en un-contre-un, être un meneur ou un leader, donc il faut avoir un champ de compétences plus élargi. Il y a tellement de choses dans le poste de défenseur central que je dois me focaliser sur un peu tout.
La CAN au Maroc approche. Y a-t-il un sentiment de revanche après le raté en Côte d'Ivoire (la Tunisie avait terminé dernière de son groupe) ?Oui, revanche, de l'orgueil et aussi le sentiment de vouloir rendre fier notre peuple. On sait qu'on est un pays où le football est archi-dominant. Les gens adorent ce sport et attendent la CAN avec impatience. Il y a eu cette mésaventure en Côte d'Ivoire avec cette sortie prématurée au premier tour.
C'était une surprise, une grande déception et presque une honte, pour dire la vérité. Il va falloir redorer notre blason. On doit s'améliorer là où on a pêché, et notamment être meilleur contre des adversaires qui paraissent plus accessibles. Depuis, on a repris de la confiance... et notre belle trajectoire lors des éliminatoires à la Coupe du monde nous redonne de l'élan. »