11-07-2025
C'est tout un stade qui a porté la Suisse vers l'exploit à l'Euro 2025
A Genève, les Suissesses reviennent de l'enfer dans les arrêts de jeu pour s'offrir un quart de finale historique. Tout a été magique. Publié aujourd'hui à 08h26
Un bonheur au bout de la douleur, avec un stade tout entier pour porter la Suisse vers l'exploit.
Freshfocus
En bref:
Un stade plein comme un œuf est un animal curieux. Il vit sa propre existence, animé par lui-même, nourri de ses émotions, tendu tout entier vers son centre. Jeudi soir, il était rouge, tout rouge, si rouge. Lézardé ici d'une bande blanche, là de quelques taches blanchâtres, mais partout rouge, une passion, une passion suisse de la tête aux pieds. Il flottait un doux parfum, celui de l'exploit et ce stade tout entier le sentait, même s'il a tremblé avant de voir «sa» Suisse filer en quart de finale .
C'est dans les yeux de la petite Sarah que ces espoirs flottent, bien avant le coup d'envoi. Petit bout de chou de six ans, elle est couvée par son papa, Fabrice. Ils sont venus du canton de Vaud, de Savigny, pour l'événement, ce Finlande-Suisse décisif. Première pour la petite Sarah
«C'est la première fois que je l'emmène au stade, sourit le papa. Elle a pu voir le dernier match à la télé, la victoire sur l'Islande, mais cette fois-là, nous sommes tous les deux sur place, je voulais qu'elle vive ça.»
La petite Sarah et son papa Fabrice sont venus de Savigny pour prendre très tôt leurs places au Stade de Genève. La petite fille de six est rentrée avec des étoiles plein les yeux après une soirée magique.
DR
La petite Sarah aime-t-elle le foot? Y joue-t-elle déjà? Veut-elle y jouer plus tard, sinon, quand elle sera plus grande? Pudeur infantile, elle se tourne d'abord vers son père avant de répondre. «Oui, j'aime le foot, quand les filles tirent au but, comme lors du dernier match, murmure-t-elle. J'aime quand la Suisse gagne. Je ne sais pas si je ferai du foot plus tard.»
À six ans, elle a encore le temps d'y penser. Mais elle a déjà, pour toujours, l'image de ce Stade de Genève qui s'est tordu dans tous les sens, qui a chanté, qui a vibré, qui a porté. La petite Sarah, par timidité, ne sait pas encore, sans doute, mais si un jour elle chausse des crampons pour de bon, alors cette soirée genevoise n'y sera pas pour rien. Émotions autour de l'équipe de Suisse
Combien de petites Sarah, dans cette enceinte? Des milliers? Toutes à faire la ola, à grimper sur le siège pour lever les bras au ciel en même temps que les 26 388 spectateurs (guichets fermés). À crier, à s'époumoner quand les Suissesses s'approchent du but finlandais. À frissonner quand Livia Peng sauve les siennes. À gronder quand une Finnoise joue des coudes.
La ola pour une fête dans le Stade de Genève
BASTIEN GALLAY/GALLAYPHOTO
À pleurer. À laisser perler de grandes larmes de crocodile sur de si petites joues. C'était à la 79e minute de jeu. La Suisse venait d'encaisser ce but synonyme d'élimination, un penalty. Au moment où la Finlandaise s'est élancée, plus un bruit, une douleur suspendue, qui devient réelle dans la seconde.
Cruauté de l'instant. Un monde qui s'effondre, une enceinte égarée. Ce sera la seule fois. Ce stade plein à craquer n'a pas craqué: il a refait corps et toutes les petites Sarah se sont levées avec lui.
Toutes les Sarah de ce stade, tous leurs papas, toutes leurs mamans, tous leurs frères, tout le monde n'a fait qu'un pour porter la Suisse et pour pousser, avec Riola Xhemaili, le ballon au fond de la cage finlandaise, durant les arrêts de jeu. De la douleur au bonheur: une communion. Un tour de joie au Stade de Genève
Les dernières frayeurs n'ont pas compté, la Suisse tenait sa place en quart de finale. Une part d'histoire s'est écrite et ce Stade de Genève , animal curieux comme tous les stades, est resté plein comme un œuf pour saluer ses championnes dans leur tour d'honneur, leur tour de joie. Moment inoubliable.
La petite Sarah est rentrée à Savigny avec des étoiles plein les yeux. Comme toutes les petites Sarah présentes hier soir et toutes celles à venir encore. La Suisse a gagné plus qu'un quart de finale.
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Daniel Visentini est journaliste pour la Tribune de Genève, 24 Heures et le Matin Dimanche. Il a été durant sept ans le chef de la rubrique Sports de la Tribune de Genève. Il suit de près l'actualité du football, notamment celle du Servette FC et de l'équipe de Suisse. Il est juré du Ballon d'or pour la Suisse. Plus d'infos
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