14-07-2025
Les cinq raisons de croire au «Miracle de Berne» 2025 pour la Suisse
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Les Suissesses vont disputer le premier quart de finale de leur histoire à Berne vendredi. Un défi gigantesque les attend face à l'Espagne, championne du monde. Publié aujourd'hui à 10h58
Jeudi soir au Stade de Genève, l'équipe de Suisse a longtemps savouré ce moment historique.
Fabrice COFFRINI / AFP
En bref:
En septante et un ans, le stade du Wankdorf a un brin changé. Mais demeure cette unité de lieu qui pousse à invoquer l'histoire du football, cette finale de la Coupe du monde 1954 jouée devant 64'000 spectateurs. Un match fou que l'Allemagne de l'Ouest a remporté face à Ferenc Puskás et les autres stars hongroises (3-2). Ce sacre inattendu a été surnommé pour la postérité «Le miracle de Berne».
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Et si la capitale suisse vivait son second «Wunder»? Tout le pays l'espère alors que l'équipe de Suisse s'apprête à y défier une Espagne au sommet de son art en quarts de finale de l' Euro 2025 . Sans avoir recours à la même recette miraculeuse que la Wunderteam – les joueurs de 1954 avaient reçu des injections de méthamphétamine – la sélection de Pia Sundhage peut trouver des raisons de croire à l'impossible. En voici cinq. Un élan qui donne des ailes à la Suisse
Certains soulèvements populaires sont plus joyeux que d'autres. Celui qui a touché le Stade de Genève jeudi soir aux alentours de 22 h 52, au moment du goal libérateur de Riola Xhemaili, restera gravé dans la mémoire. Scénario qui ne rend que plus savoureuse encore cette qualification inédite pour les quarts.
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La coach Pia Sundhage – dont l'expérience sera précieuse – a conscience de l'importance du moment, du bain de foule dans une marée rouge qui a inondé le pays depuis le 2 juillet. «Les joueuses me parlent sans arrêt du public depuis le début du tournoi, a expliqué la sélectionneuse après le match jeudi. J'étais en Suède lors de l'Euro 2013. J'ai vu de l'intérieur le changement, cette vague qui s'est étendue à toute vitesse. Je suis fière de voir que la Suisse est en train de vivre le même processus.»
Il y a douze ans, la Suédoise avait mené son pays en demi-finales de cet Euro à domicile. Les Scandinaves ne s'étaient inclinées que face aux Allemandes, futures vainqueures. Un scénario que la Nati signerait des deux mains. Le culot de la jeunesse à l'Euro 2025
La maman de Smilla Vallotto l'a sûrement grondée. Cette dernière est passée au micro de la RTS , quelques instants après le coup de sifflet libérateur contre la Finlande. «On s'en bat les couilles, on est en quarts de finale», a répondu la joueuse euphorique lorsque Christophe Cerf lui a rappelé les difficultés rencontrées durant nonante minutes.
Même si les puritains et les plus jeunes oreilles pourraient être heurtés par cette formule plutôt crue, la séquence trahit aussi le culot de cette jeune équipe de Suisse. Cinq titulaires de ce match décisif ont 23 ans et moins, tout comme trois des remplaçantes lancées en cours de match: Xhemaili, Pilgrim et Wandeler.
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Cette dernière – qui n'avait encore jamais été sélectionnée avec la Suisse – incarne encore plus que les autres l'insouciance de la nouvelle garde. La Fribourgeoise de 19 ans a fait des ravages à chaque entrée. «C'était un sentiment de relâchement incroyable, a-t-elle raconté après ses débuts couronnés d'une superbe passe décisive contre la Finlande. On a travaillé tellement dur, eu des phases supercompliquées. Ce n'était pas facile de mettre la pression de côté, d'oublier tout ce qui a été dit de négatif.»
Des critiques médiatiques – notamment dirigées envers les méthodes de Pia Sundhage – qui semblent désormais bien loin. En grande partie grâce à ces jeunes talents suisses qui portent l'équipe.
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Même le «Guardian» était séduit à la Praille: «La Suisse a l'ossature d'une bonne équipe, bien au-dessus de sa 23e place au classement FIFA», a assuré le très sérieux média. Les deux recrues de la Premier League anglaise – la gardienne Livia Peng (Chelsea) et la Valaisanne Iman Beney (Manchester City) ont reçu des mentions, tandis que «Sydney Schertenleib est clairement une superstar en devenir».
Dans l'euphorie de la nuit genevoise, le journaliste Michael Butler s'est peut-être un brin enflammé: «Si la Suisse joue l'Espagne en quarts, je ne la condamnerai pas d'entrée, surtout devant ce public.» Si même les Britanniques en perdent leur emblématique flegme, les Suisses peuvent bien se défaire de leur prudence. Des remplaçantes qui font du bien à Pia Sundhage
Au-delà de l'âge des joueuses, les suppléantes ont apporté plus que du sang frais. La recordwoman Ana-Maria Crnogorcevic a tout vécu ou presque à 34 ans. Alignée dans le couloir gauche, elle a pallié la blessure de Nadine Riesen à la mi-temps. Elle peut tenir la baraque si sa coéquipière ne se remet pas d'ici à vendredi.
Riola Xhemaili a encore d'autres goals dans ses poches. Alayah Pilgrim – auteure du 2-0 contre les Islandaises – est une joueuse de grande classe. Même la star des réseaux Alisha Lehmann n'a pas dépareillé durant ses dix premières minutes de jeu à l'Euro jeudi. De quoi faire basculer le cours de ce quart de finale contre l'Espagne, si les choses ne tournent pas comme espéré.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. L'Espagne est ultrafavorite. Un peu trop?
Sur le papier, les Espagnoles évoluent dans une autre catégorie. La Suisse affiche d'ailleurs un douloureux bilan de trois défaites sur les derniers duels contre la Roja (pour un score cumulé de 17-2). Logées au Royal Savoy de Lausanne, les Ibériques se royaument depuis le début de l'Euro.
Un sans-faute, avec quatorze goals inscrits lors des trois premiers matches. Et dire que la double tenante en titre du Ballon d'or, la convalescente Aitana Bonmatí, n'était même pas titulaire lors des deux premières rencontres. Tout comme sa coéquipière au Barça, Salma Paralluelo, l'une des meilleures joueuses de la planète.
Vous l'aurez compris, l'Espagne est donc ultrafavorite. À tel point que les championnes du monde pourraient presque se voir déjà en demi-finales. Ce qui serait une redoutable erreur. «La confiance est essentielle avant une grande rencontre, mais l'excès d'assurance peut aussi entraîner une forme de relâchement et amener à sous-estimer certains aspects, analyse Anne Rita Bertschy, psychologue du sport à Lausanne. Tout le contraire pour l'équipe outsider qui n'a rien à perdre, tout à gagner. Ce qui peut être libérateur.» L'équipe d'Espagne et le poids de l'histoire
Gageons donc que le doute s'immisce dans les esprits ibériques. En plus de cette pancarte de favorites, il y a un autre point qui pourrait soudain peser lourd. Le tournoi est l'un des trois derniers trophées majeurs qui manquent au foot espagnol, toutes catégories d'âge confondues, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Outre l'Euro et les Jeux olympiques féminins, seule la Coupe du monde masculine M17 échappe encore aux Espagnols (malgré quatre finales perdues).
La Roja pourrait donc se rapprocher encore un peu plus du grand chelem ultime cet été en Suisse. Et ce n'est jamais facile d'atteindre son objectif quand tu es l'une des dernières équipes de ton pays à ne pas avoir encore grimpé sur le toit de l'Europe ou du monde.
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Autres newsletters Ugo Imsand est journaliste à la rubrique sportive de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Ce trentenaire lausannois couvre en particulier le football suisse et international depuis une douzaine d'années. Il réalise aussi des articles plus magazine sur le sport en général et ses liens étroits avec le reste de la société. Plus d'infos @UgoCurty
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