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Le Figaro

«Des soudures bâclées, des matériaux médiocres» : conseils de pro pour déjouer les copies de meubles design

Neuf ou vintage, le meuble ou l'objet design est victime du fléau de la copie. Dangereuse, de mauvaise qualité... elle rime avec tromperie et achat malheureux. Comment ne pas se tromper et éviter d'être floué. Moins exposé que le monde de la mode, le design n'échappe pourtant pas au fléau des copies. Chaises iconiques, luminaires cultes, pièces phares de décoration : les contrefaçons pullulent sur Internet, brouillant les repères entre création authentique, réédition soignée et imitation bas de gamme. Dans cet univers trouble, comment reconnaître un original d'un faux ? Entre expertise, traçabilité et savoir-faire, éditeurs et spécialistes nous livrent les clés pour distinguer les vrais trésors du design des pâles copies. Le faux peut faire mal Si une imitation est une atteinte à la propriété intellectuelle, elle est également, comme le souligne Baptiste Reybier, directeur général de Fermob, spécialiste du mobilier d'extérieur en métal, sources de véritables dangers. «Une contrefaçon de sac à main ne tiendra pas dans le temps. Un faux siège c'est la même chose, le risque en plus ! Les gens n'en ont pas toujours conscience : des soudures bâclées, des matériaux médiocres… on se griffe, le siège ne supporte pas le poids prévu. Dans le meilleur des cas, c'est une déception. Dans le pire, une menace pour la sécurité.» La qualité a un prix Du vrai mobilier d'extérieur Fermob a un prix, celui de la qualité. Nicolas Matheus Publicité On ne le redira jamais assez : les trop petits prix cachent souvent de mauvaises surprises. « Une chaise Luxembourg vendue 239 € chez Fermob que vous voyez à 49 € sur Internet, ça ne peut pas être une 'super affaire'», ironise Baptiste Reybier. Méfiez-vous des étiquettes trop attractives sur le web en matière de design, la qualité a évidemment un coût. Privilégiez les revendeurs officiels ou des plateformes reconnues comme ou L'information doit être de mise Pour éviter d'être floué, selon Baptiste Reybier, l'observation reste essentielle : «Manipulez le produit, retournez-le, inspectez les matériaux. Même sans être expert, on peut souvent repérer des finitions bâclées, or ce sont elles qui coûtent cher». Chloë Collin, commissaire-priseuse connue sur Instagram et Tik Tok sous le nom de La saint glin glin et fondatrice de Saint auction, ajoute : «Les dimensions peuvent trahir la copie. Un vrai design, même ancien, conserve des lignes parfaites. Les reproductions sont souvent approximatives. » Pour ne pas se tromper lors de l'acquisition rien de mieux que la discussion. Chloë Collin recommande de questionner le vendeur : «Demandez quand et où l'objet a été acheté, quelle est son histoire ? Examinez étiquettes, signatures, estampilles... le meuble parle. Que ce soit sur Leboncoin ou en salle de vente, s'agissant de seconde main, un vendeur sérieux doit pouvoir vous renseigner sur tous ces points.» Comme tous les commissaires-priseurs, elle s'appuie sur le décret Marcus de 1981, qui oblige à informer clairement l'acheteur. Si l'objet n'est pas d'époque ou n'est pas signé par l'artiste, des formulations précises sont exigées : «d'après Untel», «dans le goût de…», «de style» signifient qu'il ne s'agit pas d'un original. Autrement, dit l'acheteur doit aussi apprendre à décrypter ces subtilités. À lire aussi En chinant sur Leboncoin, il trouve une école conçue par l'un des designers français les plus cotés du marché Technologie et service, les fidèles alliés Chez Vitra, les assises sont marquées, ont des numéros de série, permettant de garantir leur authenticité. Vitra Pour éviter les contrefaçons et faciliter la vie des acheteurs, les éditeurs et fabricants de meubles design, font désormais le choix l'innovation technologique. Ainsi, Ligne Roset a choisi de renforcer la traçabilité de son canapé iconique Togo en créant pour chaque pièce un passeport digital unique. Les assises Eames, Prouvé ou Panton devenues classiques de Vitra, souvent copiées, ont pour chaque modèle un certificat d'authenticité. «Nos produits possèdent des plaquettes ou étiquettes de marquage avec leur origine ou un numéro de série. En cas de doute, vous pouvez toujours contacter Vitra et nous proposons de regarder le produit», précise Karin Gintz directrice France de Vitra. «Nous avons à disposition tous les dessins techniques dans nos archives. Le département montage sait quelles pièces sont présentes sur les originaux, même des pièces invisibles.» Son conseil est sans appel : «Offrez-vous un original ! Il garde sa valeur. Une imitation est, et reste, une copie bon marché, une idée volée, une économie à court terme. Un original garde sa valeur ; elle peut même augmenter avec le temps, même d'occasion ! Vous pourrez le revendre ou le transmettre à la prochaine génération.»