13-07-2025
Ingmar Bergman ? Un « con » et un « nazi ayant pleuré Hitler », selon Stellan Skarsgard
À l'affiche du film Valeur sentimentale, l'acteur suédois de 74 ans évoque sa carrière et notamment sa rencontre à ses débuts au théâtre avec le réalisateur de Persona.
Ingmar Bergman et Stellan Skarsgard ont travaillé ensemble dans les années 1980 au Théâtre Royal de Stockholm. Mais l'acteur de 74 ans n'en garde pas de très bons souvenirs. Invité au Festival de Karlovy Vary pour la promotion de Valeur sentimentale, film primé à Cannes dont la sortie en France est prévue le 20 août, le comédien suédois est revenu sur ces années et notamment sur sa relation avec le réalisateur du Septième Sceau.
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Et Stellan Skarsgard n'a pas grand-chose de positif à dire sur Ingmar Bergman, qu'il n'hésite pas à traiter de « con » et de « manipulateur » lors d'une conférence organisée pendant le festival, à laquelle a assisté Variety , le 10 juillet. « Ma relation compliquée avec Bergman s'explique tout simplement par le fait que ce n'était pas un type très sympa. Un bon metteur en scène, oui, mais on peut quand même dire quand un mec est un connard. » Principal point de désaccord entre les deux artistes ? Les convictions politiques d'Ingmar Bergman, qui a éprouvé des sympathies pour le nazisme avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, comme il le racontait dans son autobiographie Laterna Magica, publiée en 1987. « Pendant des années, je fus du côté de Hitler, me réjouissant de ses succès et pleurant ses défaites », écrivait-il.
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Un « nazi manipulateur pas très gentil »
En évoquant ses souvenirs, Stellan Skarsgard explique aujourd'hui tout ce qui le rebute chez le metteur en scène. « Bergman était manipulateur. Il a été nazi pendant la guerre et c'est la seule personne que je connaisse qui a pleuré à la mort d'Hitler ! On lui a toujours trouvé des excuses, mais j'ai le sentiment qu'il avait une vision très tordue des autres. Il pensait que certaines personnes ne valaient rien. On le sentait, dans la manière dont il manipulait les gens. Il n'était pas gentil», se rappelle-t-il.
Ingmar Bergman, disparu depuis maintenant près de vingt ans, a commencé à soutenir le parti de Hitler, influencé par son entourage, comme il le raconte dans ses mémoires. En 1936, à 16 ans, il passe l'été en Allemagne, dans le cadre d'un échange d'étudiants. Il se retrouve dans une famille soutenant le nazisme et commence lui aussi, à être séduit par le parti. Ce n'est qu'en découvrant les camps de concentration que le Suédois a expliqué avoir pris conscience de la nature du régime et de son idéologie génocidaire. « Au début, je croyais que c'était de la propagande alliée. Quand la vérité éclata, le choc fut terrible pour moi», racontait-il dans un entretien à la journaliste Maria-Pia Boëthius, auteur de livres sur la Seconde Guerre mondiale.
Après guerre, Ingmar Bergman s'est imposé comme un des cinéastes majeurs de l'histoire du cinéma, avec des films comme Les Fraises sauvages, Cris et Chuchotements ou encore Scènes de la vie conjugale. Il a été récompensé des plus prestigieuses distinctions, dont trois Oscars, un Ours d'or à Berlin, un Lion d'or à Venise et une Palme d'honneur au Festival de Cannes.