18-07-2025
Autour des cartes Pokémon, entre spéculation, files d'attente et cambriolages, la fièvre persiste
DIVERTISSEMENT - Cela va être compliqué de tou(te)s les attraper. Ce vendredi 18 juillet sortent deux nouvelles extensions du jeu de cartes Pokémon, Foudre Noire et Flamme Blanche avec plus de 200 nouvelles cartes à collectionner. Pour obtenir les illustrations de ces petites (ou grosses) bêtes, il sera d'abord nécessaire de passer par l'ouverture de « boosters » ces pochettes scellées de dix cartes aléatoires.
Depuis 1999, la collection de cartes Pokémon anime les jeunes et des moins jeunes. Si l'intérêt a toujours été présent, plusieurs événements ont fait exploser la hype. En 2020, un premier « boum » a lieu avec la multiplication des « unboxings », des ouvertures filmées de produits Pokémon rares ou anciens. En 2024, la sortie d'extensions charnières comprenant des cartes très recherchées, cumulée avec la sortie du jeu mobile Pokémon TCG Pocket en fin d'année, ont fait exploser la popularité de la licence.
En boutique, les clients viennent de tout âge et tout classe sociale. « Vous allez avoir des enfants de 7-8 ans qui vont venir accompagnés de leurs parents, comme des clients de 65-70 ans qui viennent collectionner » précise Kevin, gérant d'une boutique indépendante à Paris. Un public extrêmement varié implique également des attentes différentes. Si beaucoup viennent pour la collection, d'autres misent sur une potentielle revente.
Les cartes Pokémon ont désormais une valeur pécuniaire très importante. « Il y a des clients qui vont nous demander directement dans quoi investir » explique Kevin. Certaines cartes peuvent de fait atteindre plusieurs milliers d'euros pièce, si bien qu'elles sont devenues des objets de spéculation pour les investisseurs, en herbe ou confirmés.
Seulement, il n'est aujourd'hui plus aussi facile de se procurer de nouvelles cartes qu'il y a quelques années. Aux dates de sorties officielles, il est désormais nécessaire de se présenter dès l'ouverture des magasins, et faire la queue pour espérer repartir avec un produit.
Les boutiques aux stocks limités essayent de faire au mieux auprès de leur clientèle, mais « C'est souvent le premier arrivé premier servi » affirme Kevin « Par contre, on limite à un article par personne, pour que tout le monde ait quelque chose. Mais les personnes qui arrivent après le travail et qui n'ont pas pu poser un jour auront peu de chance d'avoir des produits. »
De fait, il est d'ailleurs quasiment impossible de se procurer aujourd'hui des extensions âgées d'à peine quelques mois. Face à une communication floue entre les revendeurs et les éditeurs sur des potentielles réimpressions, le prix des produits explose en l'espace quelques mois, de quoi ravir les revendeurs.
Le Scalping, cauchemar des collectionneurs
Avec cette hausse de la popularité des cartes Pokémon, un nouveau phénomène s'est donc développé celui du « Scalping », un business qui consiste à acheter une grosse quantité de produits dès la sortie afin de les revendre plus cher sur des plateformes de revente comme Vinted ou eBay. Un phénomène qui survient surtout lorsque les stocks de certaines boutiques sont réduits et qu'elles limitent le nombre de produits par personne afin de satisfaire une plus grande plus clientèle.
Un phénomène qui pourrait s'éteindre par lui-même, si les « scalpeurs » n'avaient pas leur clientèle « ça sert aussi aux gens qui ne peuvent pas se déplacer, le scalping a une certaine utilité pour les personnes qui n'ont pas accès à certains produits » nuance Quentin, manager dans un magasin spécialisé.
La conséquence est cependant que certains produits voient leur prix doubler voire tripler par moments. Le prix conseillé d'un booster selon l'éditeur est estimé à 5,99 €. Les « Élite Trainer Box » des boîtes contenant neuf boosters ont un prix conseillé à environ 55,99 €, mais leur prix réel peut atteindre les 100 €, voire plus.
Des « Élite Trainer Box » de la dernière extension Pokémon sur Vinted vendus bien plus cher que le prix conseillé.
La team Rocket en action
Ce marché lucratif entraîne des dérives. Le nombre d'incidents liés à des cartes Pokémon a eu tendance à augmenter ces derniers mois. Des cambriolages ont été recensées notamment à Rouen en avril comme le rapporte 76actu, mais également à Bourgon Jallieu, en Isère. Cette fois-ci c'est l'équivalent de 5 000 € de cartes qui avaient été dérobés en janvier relaye le Dauphiné Libéré. Outre les pertes financières, ces cambriolages représentent un danger pour les revendeurs qui peuvent être victimes d'agression, comme cela avait été le cas à Reims d'après France 3 Grand Est.
Les boutiques, comme les collectionneurs, ont dû investir pour se protéger. Les boosters ne sont plus à « portée de main » des clients en accès libre mais cachés derrière les caisses. Les cartes sont aussi parfois exposées derrière des vitrines verrouillées. Les boutiques sont assurées et disposent d'un système de vidéosurveillance pour se prévenir contre les vols.
Si cet engouement était amené à se calmer, ce sera pour mieux repartir ensuite affirme Kevin « Pokémon c'est cyclique, ça redescend un petit peu, ça remonte. Tant que Pokémon propose des jeux vidéo, ce genre de choses, ça va que prospérer. » La licence fêtera d'ailleurs bientôt ses 30 ans : l'occasion pour la marque de sortir de nouvelles éditions limitées, et pour les acheteurs de spéculer.