30-07-2025
Liban : pour le Hezbollah, demander son désarmement revient à « servir » Israël
Le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a dénoncé mercredi toute tentative de désarmement de son mouvement, y voyant une manière de « servir le projet israélien ».
Lors d'un discours télévisé, prononcé à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Fouad Chokr - un commandant tué le 30 juillet 2024 dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth - il a ciblé sans détour l'émissaire américain Tom Barrack, qu'il accuse de recourir à la « menace et l'intimidation » pour « aider Israël ». « Quiconque appelle aujourd'hui à la remise des armes, qu'il soit Libanais ou étranger, sert le projet israélien », a déclaré le dirigeant du mouvement chiite, soutenu par l'Iran.
Quelques semaines après la mort de Fouad Chokr, le Hezbollah avait été durement touché par l'
offensive israélienne
qui avait suivi. Le conflit, devenu guerre ouverte pendant deux mois, s'est arrêté le 27 novembre 2024 grâce à un
cessez-le-feu
négocié par les États-Unis.
Mais pour Naïm Qassem, cet accord concerne « exclusivement le sud du fleuve Litani », soit une trentaine de kilomètres au nord de la frontière israélienne. « Si certains veulent lier la question des armes à l'accord, je leur dis : les armes sont une affaire intérieure libanaise, qui n'a rien à voir avec l'ennemi israélien », a-t-il lancé.
L'accord prévoit un retrait du Hezbollah de la zone située au sud du fleuve Litani, ainsi que le
démantèlement de ses infrastructures militaires
, en échange d'un déploiement renforcé de l'armée libanaise et des Casques bleus de l'ONU. Il inclut également un retrait israélien du sud du Liban - partiellement appliqué à ce stade. Cinq positions stratégiques restent tenues par l'armée israélienne.
Israël, de son côté, affirme qu'il ne laissera pas le Hezbollah reconstituer ses capacités militaires. Il prévient qu'il poursuivra ses frappes tant que le mouvement ne sera pas désarmé par les autorités libanaises.
« Cette agression doit cesser », a martelé Naïm Qassem. « Tout le discours politique dans le pays doit viser à l'arrêter, et non à remettre les armes à Israël », a-t-il ajouté. Selon une source libanaise citée par l'AFP, le gouvernement fait face à de fortes pressions internationales et régionales pour s'engager formellement à désarmer le Hezbollah.
Mais Beyrouth conditionne toute avancée à un retrait israélien complet - une exigence à laquelle Washington oppose un refus, selon une autre source. Le Premier ministre du
Liban
Nawaf Salam a convoqué un Conseil des ministres pour mardi prochain.