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24 Heures
20 hours ago
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Frontière germano-polonaise: Le pont où l'Union européenne est en train de disparaître
Après les Allemands, les Polonais ont décidé de procéder à des contrôles aux frontières à partir de ce lundi. Sur place, la vie quotidienne est bouleversée. Reportage. Le Stadtbrücke, ou Most Graniczny en polonais, traverse la rivière Oder et marque la frontière entre l'Allemagne et la Pologne et les villes de Francfort-sur-Oder et Słubice (image d'archives). AFP En bref: Tomasz Stefanski, le maire adjoint de Słubice, est encore ému en racontant ses souvenirs. «Ce jour-là, j'ai déposé mes enfants à la crèche du côté allemand sans être contrôlé», raconte-t-il. C'était en décembre 2007, trois ans après l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne (UE), lorsque la frontière sur le pont a été entièrement démontée. À l'époque, il ne fallait plus craindre trois heures d'attente pour aller déguster une glace du côté allemand, à Francfort-sur-l'Oder, ou faire le plein du côté polonais, à Słubice. On pouvait faire une balade à vélo le long du fleuve sans prendre ses papiers. Le premier ministre polonais, Donald Tusk, reproche au gouvernement allemand de Friedrich Merz de refouler des migrants vers son territoire. AFP Près de deux décennies plus tard, Tomasz Stefanski constate que l'avenir de l'Europe est reparti dans l'autre sens. «Avec le retour des contrôles sur le pont, nous avons fait un pas en arrière», déplore-t-il. Une frontière toujours plus marquée Les élus s'efforcent de répéter que la situation est «provisoire». Mais le temps passe et les infrastructures policières se consolident. À l'entrée du pont, côté allemand, le poste de contrôle a été agrandi fin 2024 avec une nouvelle «tente tunnel» capable d'accueillir des bus de ligne. Avec ses fondations en béton, l'installation ressemble de plus en plus à une infrastructure faite pour durer. Et le slogan de bienvenue «Francfort-Słubice, sans frontière» à l'entrée du pont a pris la poussière. «La fin des contrôles en 2007 avait été un événement tellement magique!», se souvient Janine Nuyken, vice-présidente de Viadrina, une université européenne à cheval sur ces deux communes. «Pour une institution comme la nôtre, qui fait la promotion d'échanges interculturels, c'est un véritable retour en arrière», déplore-t-elle. Janine Nuyken, vice-présidente de l'Université Viadrina. CB Les Allemands ont repris «provisoirement» les contrôles en octobre 2023, sous le gouvernement d'Olaf Scholz, pour réduire l'immigration illégale. Le nouveau chef du gouvernement, Friedrich Merz, a décidé d'aller encore plus loin en refoulant tout le monde, y compris les demandeurs d'asile. La Pologne a réagi En réaction, les Polonais feront la même chose ce lundi 7 juillet en contrôlant les points de passages les plus fréquentés. Le premier ministre polonais, Donald Tusk, avait prévenu Merz qu'il prendrait des mesures «réciproques» si les Allemands ne levaient pas le pied sur les contrôles. Vendredi 4 juillet, la police polonaise était déjà ostensiblement présente avec des véhicules aux gyrophares allumés en permanence. À côté d'eux, une «patrouille d'autodéfense» polonaise portant des gilets jaunes était installée avec des banderoles antimigrants. Tomasz Stefanski, maire adjoint de Słubice. CB «La moitié des Polonais croient maintenant que les Allemands expulsent leurs réfugiés vers la Pologne, ce qui est évidemment faux», explique Tomasz Stefanski, qui parle d'une grande «frustration» face à une situation due, selon lui, à la montée des extrémismes. Le prochain président polonais, élu début juin, le nationaliste Karol Nawrocki, a déjà fait l'éloge de ces «milices citoyennes». «Ils sont sous pression des deux côtés», analyse Tomasz Stefanski pour rappeler que Friedrich Merz, lui aussi, a cédé à l'AfD (Alternative für Deutschland), le parti allemand d'extrême droite. L'Allemagne dépend des frontaliers «Katastrophe! Alles Kaputt», s'efforce d'expliquer Tomasz dans un allemand approximatif. Le vendeur du «marché polonais» de Słubice, où débarquent chaque jour des bus en provenance de Berlin, est inquiet pour l'avenir. «Les Allemands, c'est 90% de notre clientèle. Ils ne viendront plus s'il faut attendre des heures à la frontière», poursuit-il. Les commerçants de Słubice déplorent entre 15 et 20% de baisse du chiffre d'affaires, selon le maire-adjoint. Le retour des contrôles menace par ailleurs la vie quotidienne de Francfort, dépendante de la main-d'œuvre polonaise. Plus de 10'000 Polonais vont travailler tous les jours de l'autre côté du fleuve. Certains emmènent leurs enfants à l'école allemande, d'autres vont écouter le soir des concerts à la Philharmonie. «Plus de 4000 Polonais habitent aussi du côté allemand», ajoute Tomasz Stefanski, qui chante dans un chœur de Francfort. Enfin, l'image des deux villes en souffre. Les bus interfrontaliers sont spécialement contrôlés avec, à l'intérieur, les étudiants de l'Université Viadrina qui compte plus 100 nationalités différentes. «La procédure a quelque chose de désagréable dans une ville qui se dit européenne», déplore Janine Nuyken qui n'ose pas employer le mot de «contrôle au faciès». Effet des contrôles limité D'autant que personne ne comprend vraiment l'utilité de toutes ces tracasseries. Sur ce pont symbole d'une Europe libre, les contrôles paraissent absurdes. Lorsqu'on regarde à gauche et à droite, le fleuve paraît facilement franchissable avec un petit bateau ou à la nage. Et pas un policier sur les berges. Le maire de Francfort, membre du parti de Friedrich Merz (CDU), en est parfaitement conscient. Les mesures ne servent à rien. «Si cela ne tenait qu'à moi, il n'y aurait aucun contrôle ici», avoue le conservateur Claus Junghanns. Tout est dit. Le syndicat de la police allemande est également exaspéré. «Nous avons envoyé des milliers de collègues aux frontières, qui ne sont pas aux endroits où on devrait les attendre», critique Andreas Rosskopf, le président du plus grand syndicat (GdP, social-démocrate), en faisant référence à l'attentat au couteau de Hambourg . Surtout, le durcissement des filtrages n'a apporté aucun résultat probant. «Avant [l'arrivée de Merz], nous refoulions déjà entre 1000 et 1300 personnes par semaine. Les nouvelles mesures n'ont concerné que 160 personnes de plus début juin», peste-t-il. «C'est une illusion de croire que ces contrôles arrêteront les réfugiés. Ils trouveront toujours un moyen de passer», insiste Werner Schiffauer, sociologue spécialisé sur les migrations à l'Université Viadrina. Avec des refoulements des deux côtés, l'expert craint un «effet ping-pong», qui pourrait finir par créer des «jungles» ou des no man's land entre les deux pays, des zones où végéteront les refoulés. «Ce qui se passe à Francfort-sur-Oder montre une nouvelle fois que le système européen de l'asile a échoué», dit-il avant d'ajouter: «Ça fait au moins dix ans qu'on le sait!» Plus d'actualité sur l'Allemagne Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


Le Parisien
2 days ago
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« L'Europe doit savoir se défendre » : le gouvernement français face aux droits de douane de Donald Trump
Pour Laurent Saint-Martin , ministre délégué au Commerce extérieur et des Français de l'étranger, les négociations sur les droits de douane avec les Américains sont difficiles, mais sont entrées « dans le money time », tout proche de l'échéance. Dans la guerre commerciale entre l'Amérique et l'Europe, le moratoire sur la hausse des droits de douane expire dans quelques jours, le 9 juillet. Donald Trump a tenté de négocier directement avec chaque pays, le chancelier Friedrich Merz presse pour un accord… Il y a un risque de désunion ?


Le Parisien
2 days ago
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Après l'Autriche, l'Allemagne prépare à son tour l'expulsion de délinquants syriens
L'Allemagne prépare à son tour l'expulsion de délinquants et criminels syriens. Berlin l'a confirmé ce samedi, après l'annonce par l'Autriche d'une première décision de ce type depuis des années dans l'Union européenne. Le ministère de l'Intérieur « a donné instruction à l'Office fédéral pour la migration et les réfugiés (Bamf) de lancer les révocations » des statuts de protection « en ce qui concerne les délinquants et individus dangereux syriens », a indiqué un porte-parole du ministère à l'AFP, confirmant une information de Welt dans son édition dominicale. Le porte-parole souligne que « la commission de crimes graves exclut la reconnaissance d'une protection » asilaire ou « peut entraîner la révocation de la protection accordée ». L'accord de coalition passé entre les conservateurs du chancelier Friedrich Merz et les sociaux-démocrates prévoit des expulsions vers la Syrie et l'Afghanistan, « en commençant par les délinquants et les individus considérés comme une menace », rappelle la même source. Le ministère est « en contact avec les autorités syriennes compétentes » pour parvenir à cet objectif, précise-t-il. Entre janvier et mai, le Bamf a ouvert plus de 3 500 procédures de potentielle révocation à l'encontre de ressortissants syriens, indique en outre le ministère dans une réponse à une question parlementaire. Le statut de réfugié a été retiré dans 57 cas, et la protection subsidiaire, un statut intermédiaire, dans 22 autres cas, selon la même source. Dans le même temps, environ 800 Syriens, sur un peu plus de 2 000 personnes volontaires, ont effectué un retour au pays dans le cadre d'un programme d'aide financé par les autorités allemandes. Environ un million de Syriens vivent en Allemagne , la plupart arrivés lors du grand épisode migratoire de 2015-2016. Mais après la chute du président Bachar al-Assad en décembre 2024, plusieurs pays européens, dont l'Allemagne et l'Autriche, avaient annoncé un gel des procédures de demandes d'asile dans un contexte de forte progression électorale des partis d'extrême droite. Jeudi, l'Autriche a annoncé l'expulsion dans son pays d'origine d'un criminel syrien, une première dans l'Union européenne depuis 15 ans. L'Allemagne a connu ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières à l'arme blanche, ainsi que des attentats à motif djihadiste et des violences d'extrême droite qui ont mis au premier plan les questions de sécurité.