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À Arles, ce « musée de la vie vivante » qui exalte l'âme et les traditions provençales
Après dix ans et demi de travaux, le musée fondé par Frédéric Mistral a rouvert ses portes en 2020, au terme d'une somptueuse rénovation.
Cet article est extrait du Figaro Hors-Série « Provence éternelle, la Toscane française », retrouvez l'histoire de cette région, ses traditions, son art de vivre et ses écrivains dans un numéro magnifiquement illustré de 162 pages.
«Provence éternelle, la Toscane française.»
Le Figaro Hors-Série
Non content d'avoir écrit les épopées de Mireille, du Poème du Rhône, de Calendal, fondé le Félibrige, établi un dictionnaire de la langue d'oc, Frédéric Mistral offrit à la Provence, en 1896, un musée des arts et traditions populaires, version arlésienne. Lauréat du prix Nobel en 1904 pour Mireille, le généreux poète employa le montant de son prix à acquérir l'hôtel de la famille Laval-Castellane, une splendeur des XVe et XVIe siècles, et à y installer le Museon Arlaten, qu'il voulait à la pointe de son temps. Il le fut et l'est encore davantage aujourd'hui, depuis sa réouverture en mai 2021, après les douze ans de travaux entrepris par le Département des Bouches-du-Rhône pour vingt-deux millions d'euros.
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Le résultat, œuvre de l'architecte nantais Michel Bertreux, est spectaculaire : l'écrin ancien a été respecté, le charme d'antan conservé, mais la muséographie, les équipements et l'architecture fonctionnelle ont été modernisés avec un génie tout particulier, qui marie le design aux motifs traditionnels, les matériaux innovants et les formes contemporaines à l'archéologie, tels les murs décorés par Christian Lacroix, dans un patchwork de motifs traditionnels, et les magnifiques escaliers d'acier suspendus au plafond, en forme d'origami, qui laissent voir les vestiges du forum romain.
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Scènes de la vie en Provence
Le fondateur du Félibrige ambitionnait de montrer aux Provençaux leur généalogie culturelle, l'héritage gréco-romain, la variété de la langue d'oc, les us et coutumes de cette terre aux mille saveurs. Il avait pour cela fait réaliser des moulages des Vénus d'Arles et de Fréjus, des sarcophages des Alyscamps ; récolter costumes, jouets, instruments de musique ; enfin, disposer des dioramas, une nouveauté muséographique. Ceux-ci présentaient, en taille réelle, des scènes de la vie en Provence, incarnées par des « sculptures anthropologiques », selon le type provençal. Grâce à ces mises en scène, l'on découvre ainsi la veillée calendale, la veille de Noël, son « gros souper », où l'on brûle l'olivier en souhaitant pour l'année à venir que « si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins » ; la visite à l'accouchée ; l'atelier de couture, qui confectionne les robes aux tissus indiens bariolés dont l'assemblage deviendra « typiquement provençal ».
« Nous avons voulu conserver ces dioramas, qui étaient une innovation majeure du temps de Mistral, devenue un élément d'archéologie muséale, explique Aurélie Samson, directrice du Museon Arlaten, passionnée par la figure de celui qui fut le premier directeur et conservateur du musée. Nous les avons déclinés avec une scénographie plus contemporaine et épurée dans la suite du parcours. Mistral voulait que ce soit un 'musée de la vie vivante', de la Provence telle qu'il la vivait, et telle qu'il souhaitait qu'elle perdure. Il a réalisé pour cela un vrai travail d'ethnologue, en collectant le plus d'objets possible, représentatifs de la culture provençale et de ses populations. »
Ainsi plonge-t-on, grâce aux centaines d'objets présentés de façon inventive et esthétique, dans l'univers des marins du Rhône, des gardians de Camargue, des bergers, des couturières d'Arles, des Gitans sédentarisés dans la région, des vanniers de Vallabrègues, des fêtes votives, des bals… Les cabinets de curiosités au charme d'antan se conjuguent aux scénographies plus contemporaines, aux bornes interactives, projections d'images et documents audio, pour emmener le visiteur au cœur de la Provence idéale de Frédéric Mistral. Un vrai voyage inoubliable.
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« Provence éternelle, la Toscane française », 162 pages, 14,90 €, disponible en kiosque et sur le Figaro Store.