10-07-2025
Comment Denens est devenue capitale mondiale de l'Épouvantail
Une fête transforme le village vaudois en musée à ciel ouvert à la gloire des épouvantails. Tout est parti d'un prétexte pour faire parler des vins du cru. Publié aujourd'hui à 06h32
Boire des capsules de café et écouter des CD sont deux passions qui permettent de construire une créature fantastique à admirer dès le 10 juillet dans les rues de Denens.
CHANTAL DERVEY
En bref:
Traverser ces jours Denens, sur les hauteurs de Morges, c'est avoir le regard immédiatement attiré par des épouvantails, disposés en bordure de route ou au centre d'un rond-point.
C'est que du 10 au 20 juillet, le petit village change de dimension en retrouvant sa parure de Fête de l'épouvantail , une tradition qui en fait la «capitale mondiale» depuis trente ans. «Le comité d'organisation a le souhait que l'événement demeure une fête villageoise plus qu'une grande manifestation démesurée», assure Sonia Monaci, responsable presse. Reste que le rassemblement devrait attirer les foules et mettra à l'honneur, dans un circuit, une cinquantaine de spécimens.
Mais au fait, pourquoi célébrer l'épouvantail? «Les vignerons du village cherchaient une idée afin de promouvoir les vins du cru et c'est tombé sur cette créature devenue mascotte», indique le comité emmené par Antoine Sauty. Le succès populaire a été immédiatement au rendez-vous et l'événement perdure depuis de manière irrégulière, lorsque passionnés et bénévoles remettent la compresse. Les enfants au boulot!
Pour les écoles et sociétés locales de la région, la fête est aussi l'occasion de prendre part au concours et mettre la main à la pâte en confectionnant leur propre épouvantail afin de remporter le premier prix, plusieurs milliers de francs étant en jeu. «Ça nous tenait à cœur de participer!» lâche d'emblée Loïse Glauser, enseignante à Denens. «C'est une manière pour nous de rendre hommage à cette tradition villageoise.»
Dans le collège à quatre classes, les enfants ont créé un personnage qui s'inspire de «Vice-Versa», le dessin animé des studios Disney. Avec un système à deux faces, réversible, qui exprime la joie et la tristesse.
La cinquantaine d'épouvantails, parfois de deux mètres de haut, ont été stockés dans une grange avant d'être disséminés dans le village de Denens, qui fera office de circuit pendant les dix jours du concours.
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Pour y parvenir, il a d'abord fallu «imaginer un balancier avec une structure en bois, peinte par les élèves», poursuit Loïse Glauser. «Trouver l'équilibre de ce mécanisme a représenté un vrai défi! D'autant que nous avions un délai à respecter et le programme de l'année à terminer.» «Intervilles» de l'épouvantail
Plus haut dans la région, les habitants de Bussy-Chardonney s'y sont mis à quarante pour développer leur épouvantail, après qu'une jeune fille du village a dessiné le prototype. Tête en forme de citrouille, corps avec des bretelles, chapeau de paille et cheveux en perles: transformer leur rêve en bonhomme plus vrai que nature n'a pas été une mince affaire. «Certaines choses étaient à la limite du réalisable», reconnaît en riant Aude Marti, membre de l' Animation Bussy-Chardonney .
Le président du comité de la Fête des épouvantails, Antoine Sauty (à gauche), est entouré par une petite équipe d'un comité qui se donne sans compter pour réaliser une fête qui va accueillir bien plus de monde que le nombre d'habitants de Denens, au-dessus de Morges.
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En utilisant des matériaux recyclés, les volontaires sont finalement parvenus à confectionner une structure en bois, autour de laquelle s'enroule du treillis, masqué par une salopette en tissu. «La tête est même fixée sur un ressort, pour qu'elle fasse du bruit quand elle bouge!» affirme Aude Marti. Esprit d'équipe et convivialité
Cette fête, qui a par la suite «enfanté» la Nuit des épouvantails – sans lien direct toutefois –, les bénévoles de la région de Morges la voient avant tout comme un moyen de se rassembler. Et de partager des moments forts. «Les enfants ont dû donner leurs idées et sont fiers d'avoir un objet à présenter au concours», salue Loïse Glauser, en insistant sur l'esprit d'équipe. «Ça les a soudés et leur a appris la collaboration.»
Les oeuvres des éditions précédentes, dont cette créature impressionnante, restent exposées dans des coins de rue ou le giratoire après les différentes éditions de la Fête de l'épouvantail.
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Un mot qui résonne aussi ailleurs dans le district. «Notre village est très participatif, s'enthousiasme Aude Marti. Nous avons eu des retraités comme des plus jeunes et tout le monde a pu exprimer son avis.» Au point que les nouvelles idées ont poussé à de perpétuelles modifications au fil de la confection.
Les heures passées dans les ateliers sont désormais derrière eux. Reste pour ces Vaudois l'espoir de remporter le concours et de profiter des déambulations à travers Denens, dont le surnom de «capitale de l'épouvantail» un peu inventé par les vignerons n'est vraiment pas usurpé.
Fête de l'épouvantail, Denens, du 10 au 20 juillet. Circuit ouvert de 10h à 20h, animations, brunch, concerts et caveau chaque soir dès 17h.
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Autres newsletters Cédric Jotterand est journaliste à la rubrique vaudoise, responsable du bureau de Morges. Il est par ailleurs rédacteur en chef du Journal de Morges, lauréat du Prix BZ du journalisme local. Plus d'infos @JotterandC
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