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1MDB: un Picasso offert à DiCaprio mis en vente par les Etats-Unis
1MDB: un Picasso offert à DiCaprio mis en vente par les Etats-Unis

24 Heures

time10-08-2025

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1MDB: un Picasso offert à DiCaprio mis en vente par les Etats-Unis

Trajectoire sulfureuse – Un Picasso offert à DiCaprio est mis en vente par les États-Unis La justice américaine met aux enchères une série d'œuvres prestigieuses, acquises frauduleusement. Le produit de la vente bénéficiera aux victimes du scandale 1MDB. Catherine Cochard «Tête de taureau et broc» également connu sous le titre de «Nature morte au crâne de taureau». Le tableau signé Pablo Picasso est à l'encan jusqu'au 4 septembre. Gaston & Sheehan Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : La toile «Tête de taureau et broc» de Picasso est mise aux enchères jusqu'au 4 septembre. Le tableau fut offert à Leonardo DiCaprio par Jho Low, financier impliqué dans l'affaire 1MDB. Les recettes de la vente seront versées aux victimes de la corruption en Malaisie. La toile signée «Picasso 28.1.39» ne présente «aucune trace de retouche ou d'ajout au dessin original». Voilà ce que promet le rapport de neuf pages qui atteste des conditions de conservation du tableau «Tête de taureau et broc». «Une seule fine fissure verticale (d'environ 2,5 cm de long) dans la couche de peinture est visible sous lumière UV», mais elle «n'affecte pas l'intégrité de l'œuvre, ne nécessite aucune intervention de conservation et n'est pas visible sous un éclairage normal». Le document officiel conclut que l'état général de la toile est de «bon à excellent». Mais il ne dit pas un mot de la trajectoire rocambolesque de ce Picasso, offert en cadeau à Leonardo DiCaprio par Jho Low, le financier malaisien cerveau de l'affaire 1MDB, l'un des plus gros scandales de kleptocratie de l'histoire récente. Seule une phrase en rouge, tout en haut de la première page du rapport, trahit l'aura sulfureuse du chef-d'œuvre: «Actif placé sous la garde du gouvernement des États-Unis le 12 décembre 2017 et conservé depuis, dans un environnement contrôlé en termes de climat et d'humidité». Ce tableau de Pablo Picasso est proposé aux enchères jusqu'au 4 septembre prochain par le département américain de la Justice. De l'atelier du maître espagnol aux Ports Francs de Genève en passant par les acteurs les plus importants du marché de l'art, l'affaire suit un itinéraire sinueux et fascinant. Réponse à la chute de Barcelone Le marché de l'art n'est pas un modèle de transparence. Les acheteurs demeurent en général discrets. Quant aux marchands et maisons de vente aux enchères, ils ont tout intérêt à préserver l'anonymat de leurs clients et la confidentialité des transactions. Pour pister la toile, nous avons épluché les rapports, documents de justice, articles de presse, résultats d'enchères et images d'archive sur lesquelles elle apparaît. Également connu sous le titre de «Nature morte au crâne de taureau», le tableau «Tête de taureau et broc» porte, à côté de la signature de Picasso, la date du 28 janvier 1939. Ce n'est pas un détail. Deux jours plus tôt, le 26 janvier, la ville de Barcelone, le cœur de la Catalogne si chère à l'artiste, s'est rendue à l'armée du général Franco. Cette toile constitue la réponse de Picasso à cette capitulation. Le crâne de taureau – emblème de l'Espagne – symbolise ici la mort de la nation et la brutalité des conflits. Comme dans «Guernica», sa peinture de 1937 qui dénonçait le bombardement de la ville basque ordonné par les nationalistes espagnols et effectué conjointement par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Les premières années de son existence, le tableau suit une trajectoire classique. Comme en atteste l'étiquette écornée encore présente au dos du châssis, il est pris en charge à Paris par la Galerie Louise Leiris, du nom de la fille de Daniel-Henry Kahnweiler, le marchand de Picasso dès ses débuts qui a repris les affaires de son père. La toile y apparaît le 9 janvier 1960, lors d'une vente aux enchères caritative. La vente aux enchères, le 9 janvier 1960 à la Galerie Charpentier à Paris, du tableau de Pablo Picasso «Tête de taureau et broc» au profit des sinistrés de la rupture du barrage de Malpasset. Getty Images/Keystone-France/Gamma-Rapho Le tableau traverse ensuite l'Atlantique. Une deuxième indication, elle aussi encore présente au dos du cadre, en témoigne: «Saidenberg Gallery 10 East 77 Street New York 21, NY». C'est la galerie qui représente l'artiste espagnol aux États-Unis jusque dans les années 70. En 1971, la toile fait du reste partie des œuvres présentées lors de l'exposition «Homage to Picasso» organisée conjointement avec la galerie Marlborough à l'occasion des 90 ans du peintre. Le Picasso refait surface en 2007 Puis le tableau semble disparaître des radars pendant des décennies. Il refait surface en mai 2007 chez Christie's à Londres. On le voit sur plusieurs photos prises durant l'exposition qui précède la soirée d'enchères à New York. Mais sur le portail internet de la société, il ne reste plus aucune trace du tableau et de prix de son adjudication. «À l'époque, nous ne gardions sur notre site que les résultats des œuvres qui s'étaient vendues avec succès», explique la maison Christie's. Dix ans plus tard, en 2017, le Picasso réapparaît dans une plainte de 250 pages déposée par le Département de justice américain contre notamment Low Taek Jho, le nom civil de Jho Low, le financier et principal instigateur du scandale 1MDB. La division antiblanchiment indique la confiscation des actifs obtenus en détournant l'argent du fonds souverain malaisien. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos La liste des biens et valeurs frauduleusement acquis est longue. On y trouve notamment le superyacht «Equanimity» (long de plus de 300 pieds…), une affiche du film muet de 1927 «Metropolis», des appartements de luxe à New York, les droits et intérêts relatifs au film «Dumb and Dumber 2», des diamants, des bijoux, des œuvres de Jean-Michel Basquiat, une photo de Diane Arbus… et le tableau du maître espagnol, localisé en Suisse. Au fil des pages, il est aussi fait mention de l'entrepôt, aux Ports Francs de Genève, où Jho Low stockait ses œuvres d'art. Un cadeau à 3,28 millions de dollars Revenons au tableau qui nous intéresse. La plainte détaille: «Aux alentours du 2 janvier 2014, environ 3'280'000 dollars détournés […] ont été utilisés pour acquérir une peinture intitulée «Nature Morte au Crâne de Taureau» de Pablo Picasso […], une huile sur toile mesurant 65,5 x 92,5 cm». Il est ensuite expliqué comment l'argent nécessaire à l'achat de la toile a été blanchi. Du compte personnel de Jho Low, il a été transféré «via deux comptes de transit sur une période de trois jours» pour enfin être viré à un marchand d'art de Monaco pour payer l'œuvre. Leonardo DiCaprio et Jho Low à la première du film «Le Loup de Wall Street» à Paris en 2013. Bertrand«Ce même mois (ndlr: début 2014), la peinture de Picasso a été offerte en cadeau à DiCaprio», déroule la plainte, qui reproduit une petite note accompagnant l'œuvre et signée des initiales de Jho Low. «Cher Leonardo DiCaprio, joyeux anniversaire en retard! Ce cadeau est pour toi!» Leonardo DiCaprio rend ses cadeaux En 2017, la star américaine a rendu les cadeaux de Jho Low aux autorités. L'acteur a ensuite fait savoir par voie de presse qu'il les «avait reçus et acceptés dans le but de les inclure dans une vente aux enchères caritative annuelle au profit de sa fondation». Leonardo DiCaprio indiquait également avoir «restitué un Oscar initialement remporté par Marlon Brando» qui lui avait été donné sur le tournage du «Loup de Wall Street» par la société de production Red Granite, financée en partie avec les fonds détournés par le fraudeur malaisien. Depuis le 16 juillet dernier, le Picasso est proposé aux enchères, sur internet, par Gaston & Sheehan, une société qui agit sur mandat du gouvernement américain. Rapidement dépassée, la mise de départ était de 850'000 dollars. Une paille par rapport à la valeur réelle du tableau, estiment les experts. Le Picasso n'est pas la seule pièce à être proposée au plus offrant. Trois autres œuvres, également confisquées par le gouvernement américain dans le cadre du scandale 1MDB, figurent au catalogue de cette vente très spéciale. Une photo de Diane Arbus, «Exasperated Boy with Handgrenade in Central Park, N.Y.C. 1962», ainsi que «Self Portrait» et «Red Man One», tous les deux signés Jean-Michel Basquiat. «Exasperated Boy with a Toy Hand Grenade in Central Park, N.Y.C. 1962», la photo de l'artiste américaine Diane Arbus. Gaston & Sheehan Seul l'autoportrait n'a pas été donné en cadeau à Leonardo DiCaprio par Jho Low. Ce tableau n'appartenait du reste pas au financier malaisien mais à Joey McFarland, producteur et cofondateur de la société de production Red Granite, à qui l'on doit notamment «Le loup de Wall Street». Il a lui aussi rendu l'œuvre aux autorités américaines lorsque le scandale a éclaté. «Red Man One», le tableau de 1982 signé Jean-Michel Basquiat. Gaston & Sheehan Au profit des personnes lésées Le produit des saisies fédérales est généralement reversé au Trésor américain. Pas cette fois-ci: les fonds de la vente des actifs liés à l'affaire 1MDB bénéficieront aux personnes qui ont été lésées par la corruption en Malaisie, a promis le Ministère de la justice. Les enchères sont ouvertes jusqu'au 4 septembre. Combien pourraient-elles rapporter? Selon les documents de justice, la photo de Diane Arbus avait été achetée 750'000 dollars, le collage de Basquiat plus de 9 millions de dollars et le Picasso plus de 3 millions. Quant à l'autoportrait de Basquiat, il pourrait lui aussi partir pour plusieurs millions de dollars. À moins que les acheteurs ne soient rebutés par l'aura sulfureuse acquise par la proximité des œuvres avec le scandale du siècle… Également de 1982 et signé Jean-Michel Basquiat, un autoportrait: «Self Portrait». Gaston & Sheehan Cet article vous a plu? Découvrez davantage de contenus dans l'édition actuelle de l'e-paper «Le Matin Dimanche» et dans nos archives. 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