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Un piano ressuscité à la basilique Notre-Dame
Un piano ressuscité à la basilique Notre-Dame

La Presse

time4 days ago

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Un piano ressuscité à la basilique Notre-Dame

Un trésor caché a trouvé place dans la chapelle située en plein cœur de la basilique Notre-Dame : un piano Gaveau plus que centenaire, restauré patiemment par le facteur québécois Daniel Farah. On peut entendre chanter cet instrument lors des Rendez-vous musicaux Notre-Dame, série de concerts intimes consacrés au jazz et à la musique classique. On est ébloui deux fois en mettant le pied dans la chapelle Notre-Dame-du-Sacré-Cœur. Par l'architecture des lieux, d'abord, dominée par le bois ouvragé, puis une seconde fois en posant les yeux sur le piano ancien qui patiente en retrait de l'autel, mais qu'on a vite fait de ramener au centre de l'espace pour lui tirer le portrait. Ce piano est une rareté, de ce côté-ci de l'Atlantique : c'est un piano Gaveau, fabriqué en France il y a 100 ans. En 40 ans de métier, Daniel Farah, spécialiste de la restauration de pianos, n'en a vu que trois, peut-être quatre au Québec. « C'est le summum de l'ébénisterie française de l'époque », précise-t-il, au sujet de l'élégant instrument fabriqué en palissandre du Brésil. Il faut s'intéresser aux pianos pour savoir que Gaveau était une maison réputée fondée à Paris en 1847 et qui a connu ses heures de gloire au tournant du XXe siècle. « Il date de 1923, dit le facteur de pianos en parlant de l'instrument qui se trouve à la basilique Notre-Dame. Ça veut dire qu'il a été conçu pour un répertoire moderne comme Ravel et Debussy. Il bénéficie des avancées techniques de l'époque et il n'a rien à envier à un Steinway. Il sonne en masse. » Redonner du lustre à une épave Daniel Farah, qui a « refait » des pianos pour l'Opéra de Montréal et de grands musiciens d'ici, est tombé sur cet instrument Gaveau au hasard d'une expertise demandée par un inconnu. Ce dernier souhaitait faire évaluer deux instruments dont il avait hérité d'un oncle disparu. « Son dernier propriétaire vivait seul dans une espèce de maison mobile vraiment rudimentaire », raconte le facteur de pianos. L'instrument portait bien entendu les cicatrices de ses conditions de vie trop dures pour ses composants et mécanismes délicats. « C'était une épave. On voyait le plancher à travers, plus rien ne fonctionnait », dit-il. Puisqu'il était pratiquement invendable dans l'état où il était, son nouveau propriétaire a fini par le lui vendre, en même temps qu'un Steinway « Hambourg » appartenant aujourd'hui au Musée d'art de Joliette. C'était en 2008… Il l'a restauré au fil des ans, à temps perdu, comme il le fait avec tous les pianos qui arrivent dans ses mains, c'est-à-dire en le bichonnant comme si c'était le sien. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Détail du piano Gaveau restauré par Daniel Farah. Le nom du fabricant français, réputé au tournant du XX e siècle, est inscrit à même le lutrin. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Ce piano fabriqué en 1923 a un son plus « chantant » que d'autres de la même époque. Daniel Farah explique qu'il a été conçu en pleine période impressionniste et que sa personnalité musicale en témoigne PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE L'intérieur du piano remis à neuf PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Le fini du piano a donné du fil à retordre à son restaurateur. Insatisfait de sa première finition, trop « voilée » à son goût, Daniel Farah l'a redécapé et a refait toute la finition pour mettre en valeur le grain et les motifs du bois. 1 /4 Conserver l'âme du piano Il relève avec passion les détails de la conception du Gaveau, s'attardant longuement sur l'accrochage singulier des cordes, qui lui confère une meilleure tenue d'accord. « Une grosse partie de la restauration, c'est de ramener la table d'harmonie à sa courbure d'origine à l'aide de coins. Ça peut prendre plusieurs semaines », glisse-t-il. Avant toute chose, il doit prendre le temps de comprendre ce que le facteur de cet instrument souhaitait créer comme musicalité et effectuer des recherches pour trouver les pièces qui respectent cet esprit. Il parle de l'alliage particulier choisi pour les cordes, des marteaux allemands qu'il a dénichés pour remplacer ceux qui étaient là sans dénaturer le piano. Surtout, il a traité avec soin l'âme du piano, c'est-à-dire sa table d'harmonie en épinette. « L'épinette acquiert des propriétés acoustiques avec les années, souligne-t-il. On l'oublie souvent parce qu'il y a tellement d'autres éléments à considérer comme les cordes, les marteaux, la géométrie du mécanisme, la jouabilité… » Il faut être maniaque pour se lancer dans ce genre d'opération, avoue Daniel Farah, car le son et la personnalité d'un instrument seront dominés par son élément le plus… faible. C'est comme pour une chaîne stéréo : tu peux avoir un amplificateur à 10 000 $, mais si tu as des haut-parleurs RadioShack, ça va sonner RadioShack. Daniel Farah Aucun raccourci n'est donc permis. Voir ainsi « son » piano Gaveau dans l'écrin d'une chapelle de la basilique Notre-Dame est pour lui une histoire qui finit bien. Cet instrument, pensé pour avoir un son plus « chantant », fera désormais entendre sa voix régulièrement : l'institution du Vieux-Montréal présente en effet des concerts intimes. Jean-Pierre Zanella et son quartet s'y produisent d'ailleurs ce samedi pour une soirée « Jazz au cinéma ». Plus tard cet été, le 9 août, la pianiste Valérie Dallaire y jouera des trios pour piano de Schubert et de Mozart. Consultez la programmation des Rendez-vous musicaux Notre-Dame

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