11-08-2025
« C'est quelque chose de très fort pour moi qui suis né à Rouen » : pourquoi le président de l'Asvel Gaëtan Muller a repris les Dragons
Après trois glorieuses décennies sous la direction de Thierry Chaix, les Dragons de Rouen sont désormais propriété de Gaëtan Muller, le président délégué des basketteurs de l'Asvel.
C'est une révolution de palet. Après 29 ans et des titres à la pelle sous la férule de Thierry Chaix, Rouen, le plus grand club français de l'ère moderne, a un nouveau président et propriétaire : Gaëtan Muller (42 ans), président délégué d'une autre institution multiple championne de France (l'Asvel en basket) et entrepreneur à succès dans l'événementiel.
« C'est quelque chose de très fort pour moi qui suis né à Rouen, car les Dragons sont un fleuron de la ville », confie le nouveau patron, intronisé le 23 juin après une année de tuilage durant laquelle il était actionnaire minoritaire.
Dans le secteur sportif, le changement dans la continuité
Entraîneur, directeur sportif, manager général : les noms changent, mais le secteur sportif reste entre les mains expertes de grands anciens. Après dix ans dans le costume d'entraîneur, l'ex-gardien de but emblématique (2009-2015) Fabrice Lhenry endosse celui de directeur sportif. Son successeur sur le banc de touche, Carl Mallette, fut un attaquant vedette des Dragons (2005-2012), tout comme le nouveau manager général, Marc-André Thinel (2005-2020). Et le prédécesseur de ce dernier, l'historique Guy Fournier, autre ex-grand buteur normand (1988-1996), conservera un rôle de conseiller après son départ en retraite.
« Les sachants sont en charge de faire les bons choix sportifs »
Gaëtan Muller, président de Rouen
Ancien basketteur pro, Gaëtan Muller n'a en revanche pas du tout manié la crosse et le palet. « Les sachants sont en charge de faire les bons choix sportifs », dit le nouveau président. « Gaëtan a de nouvelles idées, mais il veut garder ce qui a bien fonctionné pendant des années, apprécie Fabrice Lhenry. Marc-André (Thinel) et moi avons fait le recrutement ces derniers mois. On lui expliquait pourquoi un joueur nous intéressait et il disait : "Si c'est celui que vous voulez, banco." » Après une saison médiocre (élimination dès les quarts de finale des play-offs), Muller, soucieux de ne pas mettre une pression excessive, a fixé comme objectif « la conquête d'un titre dans les trois ans ».
De grands projets de développement
La grande ambition du nouveau boss est économique, il l'a baptisée « Cap 2030 ». « Pour résister aux clubs qui grandissent dans les métropoles, pour exister en Coupe d'Europe, il faut doubler notre budget (actuellement d'un peu plus de 4 millions d'euros) », explique-t-il. Pour cela, le dirigeant vise, avec le soutien de la mairie, la construction d'une nouvelle patinoire de 5 000 à 10 000 places pour remplacer la vénérable enceinte de l'Île-Lacroix (3 300 places) : « L'Arena est la colonne vertébrale de mon projet, dit celui qui a accompagné la construction de la LDLC Arena de l'Asvel (12 000 places) à Décines (Rhône). Puisque Rouen s'autoproclame capitale du hockey français, il nous faut la plus grande patinoire de France. » Une première étape a été franchie fin juin quand la métropole a voté le lancement d'une étude pour trouver une future implantation.
Quand les Dragons de Rouen avaient perdu la flamme
L'ex-propriétaire Thierry Chaix se montre très optimiste quant à l'avenir de son bébé dans le giron de Gaëtan Muller : « Il a la structure et un réseau à Rouen, il va mener le club à un niveau plus élevé. Je suis en toute confiance, c'est un mec qui a une vision à long terme, qui sait compter et qui ne fera pas n'importe quoi. »
Une double casquette avec l'Asvel
Ce rachat d'un club dans sa ville d'origine suscite des interrogations vis-à-vis de l'Asvel, dont Gaëtan Muller est le patron au quotidien, le relais du propriétaire et président Tony Parker. D'autant que le club lyonnais a connu de sévères déboires financiers. Mais Muller assure que cette nouvelle casquette ne change rien à son implication auprès des basketteurs rhodaniens. Pas plus que ses nombreux autres investissements dans le tennis, l'athlétisme ou ailleurs.
« Je reste président délégué de l'Asvel. J'en ai parlé à Tony (Parker), qui est un ami de trente ans, il y a zéro sujet, dit le dirigeant, qui continuera à résider à Lyon. Les choses sont très claires et transparentes. Je dirige un groupe (Sport Plus Conseil) qui fait 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec 80 collaborateurs. Je suis dans la logique de développement de ce groupe, c'est une opportunité qui s'est présentée. À l'Asvel, cela fait 12 ans et forcément, un jour, elle sera revendue. Mais ce n'est pas du tout un sujet aujourd'hui. Et les deux sujets ne sont pas du tout liés. » Il entend d'ailleurs appliquer à Rouen un fonctionnement similaire à celui de l'Asvel, avec Charles Roche, le directeur du tournoi de tennis de Rouen, dans le rôle de vice-président.