3 days ago
Combien de jours de vacances devrait-on prendre ?
Les vacances estivales sont déjà chose du passé pour certains, alors que d'autres les attendent avec impatience. Pour se sentir reposé, combien de temps devraient durer les congés ? Devrait-on prendre deux semaines, un mois ou quelques jours ici et là ?
Les vacances sont aujourd'hui perçues comme un droit, fait valoir Gilles Pronovost, professeur émérite d'études en loisir, culture et tourisme à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). « Dans notre système de valeurs de la vie, c'est devenu incontournable », indique-t-il. Les Québécois disposent en moyenne de 20 jours de congé par année, un peu plus que ce que la loi exige, soit un minimum de deux semaines après une année d'emploi.
Or, les Canadiens ne prennent pas toutes leurs vacances, souligne la directrice générale de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec (CRHA), Manon Poirier. En effet, selon un sondage d'Expedia, seulement 45 % d'entre eux avaient utilisé tous leurs congés en 2023.
Les études sont unanimes, les vacances augmentent le bien-être et même la productivité au travail. Pour sentir tous les effets positifs de ces jours de farniente – ou remplis d'activités –, quelle longueur devrait durer nos vacances ?
Des chercheurs se sont penchés sur la question. En 2012, une étude néerlandaise publiée dans le Journal of Happiness Studies avait établi qu'il y avait un pic de bien-être à la huitième journée. Les vacanciers auraient atteint leur rythme de croisière de plénitude. Mais une nouvelle méta-analyse de l'Université de Géorgie, aux États-Unis, a plutôt vu le bien-être des gens augmenter chaque jour de congé. « Plus les vacances sont longues, plus les gens se sentent bien, résume le co-auteur Ryan Scott Grant. Nous n'avons pas vu de pic [sur la moyenne des 12 jours de vacances des études analysées]. »
Selon Manon Poirier, les employeurs devraient encourager des congés d'une semaine au moins. La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier abonde dans le même sens.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue
Ça prend quand même quelques jours avant de réellement sentir les bienfaits et se sentir en vacances.
Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue
Et pourquoi le bien-être augmente-t-il autant lors de longs congés ? « Les émotions positives et l'énergie que vous en retirez sont amplifiées parce que le stress du travail s'est volatilisé avec le temps », explique Ryan Scott Grant, étudiant au doctorat en psychologie organisationnelle.
Réfléchir au retour et à la déconnexion
De longues vacances peuvent toutefois être un « couteau à double tranchant », indique-t-il. Lors du retour au travail, les bienfaits de celles-ci s'évanouissent plus rapidement que pour de courts congés. La charge de travail qui s'est davantage accumulée ou bien le changement de routine plus brutal sont quelques-unes des raisons avancées, mentionne Ryan Scott Grant.
Si on arrive d'un long voyage le dimanche soir, ça va être difficile de reprendre le travail le lundi matin.
Ryan Scott Grant, doctorant en psychologie organisationnelle
La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier croit que ce retour au travail peut être adouci de plusieurs façons. Elle suggère un retour progressif. « Si on peut, ne pas se mettre des réunions tout de suite et aussi mentionner qu'on répondra à nos courriels progressivement », suggère-t-elle.
Mais d'abord, pour pleinement profiter des vacances, la déconnexion est primordiale, confirment les experts interviewés. « Le danger est d'aller voir un peu ses courriels, pointe Geneviève Beaulieu-Pelletier. Tout de suite, ça nous ramène au bureau. Si on est obligés, on balise ces moments. » Justement, le CRHA avait sondé les gens en 2015, et « deux personnes sur cinq avaient répondu qu'elles ne se déconnectaient pas durant les vacances et la majorité de celles-ci (61 %) ont dit que c'était leur propre décision », indique Manon Poirier.
Cette déconnexion permet une rupture avec le quotidien, un autre élément essentiel aux vacances, estime le professeur émérite Gilles Pronovost.
Organiser son congé
Qu'elles soient de longue ou courte durée, il faut planifier ses vacances. « Surtout quand on les passe à la maison, souligne Geneviève Beaulieu-Pelletier. On ne veut pas être juste dans les obligations, on doit prévoir des activités qui nous tentent. » De plus longues vacances permettent ainsi d'avoir assez de temps pour faire des loisirs qu'on apprécie, et qui prennent du temps – qui nous manque souvent au quotidien, mentionne-t-elle. On ne doit pas oublier non plus des moments de repos.
Pas besoin d'avoir des vacances incroyables, nos attentes peuvent seulement être de se reposer.
Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue
L'équipe de recherche de l'Université de Géorgie a également étudié les activités les plus ressourçantes en vacances. L'activité physique arrive en tête, suivie des activités sociales et ensuite des activités passives, comme s'étendre à la plage. Mais les données manquent encore pour analyser un mélange de ces activités – ce que font souvent les vacanciers –, précise Ryan Scott Grant.
« Ce n'est pas l'activité qu'on fait durant les vacances qui compte, mais la manière dont on se l'approprie pour dire qu'on est en vacances », explique pour sa part Gilles Pronovost. Le professeur émérite voit de plus en plus de gens opter pour de plus petits congés tout au long de l'année, plutôt qu'un long congé estival. « C'est de ne pas gaspiller tout le temps de vacances qui nous est disponible en une seule fois, mais de l'étirer », dit-il. Pour Geneviève Beaulieu-Pelletier, cette idée est intéressante. Les bienfaits des vacances peuvent être renouvelés et ça permet de moins s'épuiser, dit-elle.
« Si on travaille à un rythme effréné et qu'on attend avec impatience nos deux semaines de vacances en été, elles vont être bénéfiques, mais souvent insuffisantes, indique-t-elle. Il faut aussi réfléchir à notre rythme de vie en général. »