04-07-2025
«Au rugby, tout le monde a sa place» : à Pantin, l'association «l'École des XV» va accueillir 60 jeunes en décrochage scolaire
Lutter contre le décrochage scolaire... avec un ballon ovale ! Ainsi pourrait-on résumer l'ambition de l'association l'École des XV qui va ouvrir en 2026 une nouvelle antenne à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Fondée en 2014, l'association est déjà présente à Marseille, Aix-en-Provence, Saint-Etienne, Lille et Vitrolles et propose chaque semaine 12 heures d'accompagnement à des collégiens en grande difficulté scolaire. Au programme, six heures de soutien scolaire et six heures d'accompagnement éducatif, dont quatre heures de rugby.
Dès janvier prochain, 60 adolescents - 48 collégiens et 12 élèves de CM2 - venus pour l'essentiel du collège Jean Jaurès de Pantin passeront donc une bonne partie de leur semaine au stade Montbrand avec l'équipe d'enseignants, d'éducateurs spécialisés, de sportifs et de bénévoles de l'École des XV. Avec pour objectif, non pas de former des futurs joueurs, mais de rattraper les connaissances qui n'auraient pas été assimilées en cours de maths et de français et d'éduquer ces jeunes en s'appuyant sur les valeurs de l'ovalie.
Une aventure engageante
«Au rugby, qu'on soit grand, gros, petit ou maigre, fille ou garçon, tout le monde a sa place, souligne Grégory Vignier, directeur général de l'École des XV. Une jeune fille moquée pour son surpoids par exemple. Sur le terrain, comme pilier ou talonneur, elle va dominer tout le monde, trouver sa place, reprendre confiance en elle.» Comme exercice, les encadrants peuvent par exemple proposer une révision rugbystique des tables de multiplication : «On va demander au collégien : 'trois fois quatre ?' et il devra viser le plot numéro 12 avec le ballon», détaille Grégory Vignier. Ou travailler sur l'égalité hommes femmes : «On va poser comme règle que seules les filles peuvent marquer, pour obliger les garçons à leur faire la passe.»
Les élèves pourront intégrer l'École des XV s'ils y sont orientés par le collège, en raison de leurs résultats ou de leur mauvais comportement (souvent les deux à la fois). À condition, bien sûr, qu'ils soient pleinement volontaires pour se lancer dans l'aventure. Car s'ils peuvent intégrer le dispositif n'importe quand à partir du CM2, ils signent pour cette scolarité un peu particulière jusqu'à la fin de leur collège. Soit cinq années à l'école des XV pour les plus précoces, avec un programme pour le moins prenant.
Outre les 12 heures par semaine, les collégiens s'engagent à prendre un repas par semaine sur place et à être présents une semaine sur deux pendant les petites vacances (hors Noël) et une semaine fin août avant la rentrée. Sans oublier un oud eux séjours éducatifs dans l'année, loin de la Seine-Saint-Denis. «Les élèves et leurs parents signent un acte d'engagement, précise Grégory Vignier. Les éducateurs de l'École des XV sont tous présents au conseil de classe des enfants dans leur collège et ont aussi accès à Pronote (la plateforme de communication entre les professeurs et les parents d'élèves - ndlr).»
L'entreprise NGE en première ligne
Coût de l'adhésion à l'année pour les familles, 25 euros. Coût réel du dispositif, 5000 euros par an et par enfant, soit jusqu'à 25.000 euros sur cinq ans pour un enfant qui suivrait le programme depuis la fin du primaire. Sachant qu'entre aides sociales, frais de santé, parfois de justice, chaque décrocheur coûterait 340.000 euros à la société, selon une étude récente du Boston consulting group pour la fondation Apprentis d'Auteuil. «À la fin, les élèves choisissent l'orientation scolaire qui leur plaît et ont une nette amélioration de leur comportement», fait valoir Grégory Vignier qui y voit un pari gagnant pour la société dans son ensemble.
Sur ces 5000 euros par an et par enfant, 40% sont subventionnés, pour l'essentiel via le FSE (fonds de solidarité européen) et 60% viennent de mécènes privés. À Pantin, le principal donateur et partenaire de l'École des XV est l'entreprise NGE. C'est notamment grâce au soutien du géant du BTP qu'un nouveau bâtiment sortira bientôt de terre au stade Montbrand pour héberger les salles de classe.
Les collaborateurs de l'entreprise seront même invités à s'investir dans l'encadrement des collégiens. «Nous les mobiliserons notamment sur la partie soutien scolaire», explique Laurence Lelouvier, DRH du groupe NGE. L'occasion, pour l'entreprise qui dispose de son propre centre de formation des apprentis (CFA) de promouvoir au passage les métiers du BTP auprès des jeunes. «L'escalier social est une réalité dans le secteur du BTP et nos métiers de bâtisseurs donnent du sens à l'action, assure Laurence Lelouvier. Sur un chantier comme sur un terrain de rugby, l'individuel et le collectif sont mêlés, chacun a son rôle, sa tâche à accomplir avec respect et humilité.» Le rugby mène à tout !