04-08-2025
« Elles risquent 17 ans de prison » : deux Françaises accusées de trafic de drogue en Turquie clament avoir été « piégées »
Elles n'ont certainement jamais vu « Midnight Express ». Pourtant, la situation de deux jeunes Françaises originaires d'Île-de-France et actuellement détenues en Turquie pour trafic de drogue rappelle forcément le chef-d'œuvre d'Alan Parker de 1978 et l'histoire autobiographique de cet Américain envoyé dans une geôle turque pour possession de haschich.
Ibtissem B. et Mariam, deux jeunes dans la vingtaine, croyaient vivre un rêve éveillé en profitant de 15 jours de vacances en Thaïlande, mais leur séjour s'est terminé en véritable cauchemar. Ces deux amies ont été appréhendées le 28 février dernier à l'aéroport d'Istanbul, où elles faisaient escale, à la sortie d'un vol en provenance de Bangkok.
La raison ? Leurs valises contenaient des dizaines de kilos de cannabis, une découverte qui les a plongées d'abord dans le plus grand désarroi, puis dans une spirale judiciaire infernale. « Elles ne savaient pas ce qu'elles transportaient. Les deux jeunes femmes ont tout de suite été interpellées et placées en détention après une garde à vue », explique au Parisien Me Carole-Olivia Montenot, l'avocate d'Ibtissem B.
Emprisonnées depuis début mars
Elles sont emprisonnées à la maison d'arrêt de Marmara depuis la fin février en attente d'un jugement prévu le 11 septembre prochain. En attendant cette échéance qui va décider de leur avenir, leurs proches et leurs conseils essaient de mettre en lumière leur situation critique.
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Écouter
Pour l'avocate et la famille d'Ibtissem B., les deux amies auraient été manipulées par un tiers qui, lui, n'a jamais mis les pieds en Thaïlande. Et pour cause : Taeric O. est incarcéré à la maison d'arrêt d'Amiens ! Dans un signalement au procureur local, le conseil et la tante de la jeune femme disent avoir pu établir que c'est cet homme qui aurait orchestré l'opération depuis sa cellule, manipulant les jeunes femmes en leur offrant un séjour de rêve à Bangkok, tous frais payés, en échange de ce service de « transport ».
« Il ressort des échanges que Madame B. et son amie Mariam avaient accepté de ramener les valises de leur contact », peut-on lire dans le signalement à la justice que nous nous sommes procuré. Selon Ibtissem B., à l'aéroport de Bangkok, un homme qu'elle ne connaissait pas leur aurait remis ces valises, cadenassées, avec pour simple instruction de les enregistrer en soute. C'est là que le piège s'est refermé alors sur elle. Car Ibtissem B. l'assure : elle ignorait complètement ce que contenait le bagage qu'elle a enregistré.
« Naïveté »
« Les faits qui sont portés à votre connaissance nous apparaissent d'une gravité extrême dès lors que Monsieur Taeric O. est détenu, et que les faits s'apparentent à du trafic international de stupéfiant en bande organisée », conclut le signalement de Me Carole-Olivia Montenot. Contacté, le parquet d'Amiens n'a pas donné suite à notre demande.
« Comment un détenu arrive à manipuler deux jeunes femmes pour organiser un trafic de plusieurs kilos de cannabis depuis sa cellule ? », s'interroge à haute voix l'avocate. « Elles n'ont pas réfléchi, c'était un ami, copain de lycée, officiellement retourné vivre à Amiens, elles l'ont fait sans trop se poser de questions », s'émeut le conseil d'Ibtissem B.
« Elle s'est fait piéger », affirme à BFMTV sa tante, qui a déjà rendu deux fois visite à sa nièce à la prison de Marmara. Taeric O. aurait profité de la « naïveté » de sa nièce. « Un narcotrafiquant d'Amiens a tout orchestré de sa cellule. C'est à cause de ce mec en prison que ma nièce, une gamine naïve, est en prison en Turquie… Elle ne savait pas ce que contenaient ces valises, elle n'avait même pas la clé », précise-t-elle encore.
« Pas encore vraiment conscience du risque qu'elle encourt »
« Mon objectif, c'est d'accélérer la procédure en France pour que ces informations soient données à la justice turque, sinon on risque d'en avoir pour trois ans, autant d'années où elles croupiront en prison », s'alarme encore Me Carole-Olivia Montenot. Dans ce contexte, l'information a été transmise au ministère des Affaires étrangères, pour que « le dossier soit estampillé sensible, dans le bon sens du terme », assure l'avocate.