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Le Figaro
3 days ago
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«On confisque leur téléphone, elles en récupèrent un autre» : contre la prostitution des mineures placées, les bonnes âmes s'épuisent
Le Figaro a voulu savoir ce que vivent ces adolescentes trimballées d'hôtels miteux en Airbnb. S'il y a un lien de cause à effet entre le placement et cette exploitation. Si l'Aide sociale à l'Enfance a les moyens de freiner ce phénomène qui frappe un nombre important des enfants dont elle a la charge. Ilona, Assia, Nour, Asma* nous ont raconté leur histoire. Placées et exploitées : ces jeunes filles de l'ASE piégées par les réseaux de prostitution En savoir plus sur notre série ENQUÊTE - Les jeunes filles qui tombent dans les réseaux de prostitution manquent d'adultes de confiance vers qui se tourner. Les associations réclament une prise de conscience nationale. Et la fin des placements en foyer. Ce matin de novembre 2024 à 6 heures, la famille H. dort quand la sonnette résonne. Hagarde, Samia H., 39 ans, ouvre la porte et, en quelques minutes, une escouade de policiers se fraie un chemin, menotte sa fille Ilona, 15 ans, l'emmène au commissariat. C'est la BRP, la Brigade de répression du proxénétisme de Marseille. «À moi, on me parle pas, on m'explique pas.» Comme Ilona est mineure, sa mère doit signer chacune de ses dépositions. «Et là, vision d'horreur...» En une matinée, sans que les mots ne lui soient dits à elle, Samia H. a découvert la vérité sur les trois ans de placement de sa fille dans les foyers de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Six mois plus tôt, une juge des enfants de Marseille y avait mis un terme, émue par un courrier conjoint de Samia et d'Ilona demandant un retour de cette dernière à la maison. À lire aussi Ilona, prostituée à 12 ans : enquête sur ces jeunes filles placées, piégées par les réseaux de proxénétisme Tout ce qu'Ilona a tu à Samia depuis qu'elle est rentrée, «agressive, insolente, très différente», s'étale en noir sur blanc. À son arrivée au foyer à 12 ans, cette brune au regard vert, qui encore aujourd'hui ressemble à une enfant, a été livrée à des hommes par des «grandes» placées au même endroit. Puis elle a continué de son propre chef via Coco - site rendu célèbre par l'affaire des viols de Mazan, fermé depuis - pour…


Le Figaro
10-07-2025
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« Ce sont des bébés » : enquête sur ces jeunes filles placées et piégées par les réseaux de prostitution
Une importante partie des mineures placées en foyer se prostituent et ce à un âge de plus en plus précoce depuis le milieu des années 2010. «Là c'est maman, là c'est moi, là c'est mon frère, là c'est moi, là c'est maman.» Ilona s'amuse à nous montrer les photos de sa chambre. Elle petite, son frère et sa mère au même âge. Déjà enfants ces deux-là se ressemblaient. Les yeux vert jaune, étirés et immenses, le nez retroussé. Depuis que l'adolescente de 16 ans ne sort plus de leur 30 m2 près de Marseille, mère et fille sont inséparables. Comme notre photographe est un homme, Ilona a couru chercher son voile, l'a passé par-dessus un legging orné de schtroumpfs. Elle le porte depuis six mois. Dans la rue pour se dérober aux regards. Ils lui paraissent sales depuis que «c'est» arrivé. De ses 12 à ses 15 ans, Ilona a été prostituée à des clients de tous âges. Dans des hôtels miteux, des appartements loués sur Airbnb. D'abord livrée par des «grandes», elle a ensuite «géré» seule. Durant ces trois années, elle vivait en foyer. Un juge l'avait confiée à l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE), un service départemental qui veille sur les enfants maltraités ou négligés. Sa mère avait été jugée trop absente, sa belle-mère la battait. À Marseille, l'avocat Michel Amas s'appuie sur son cas pour accuser les Bouches-du-Rhône de «faute en responsabilité», un recours qui vise aussi l'Essonne et les Yvelines. L'avocat de 62 ans, engagé contre les placements «abusifs» - 80% des décisions selon ses statistiques très personnelles - dénonce un «scandale d'État» : des filles vulnérables, retirées à leurs parents, ont été exploitées par des réseaux pendant leur placement. D'après lui, ce qui devait être une protection les a même jetées dans ce trafic. «Dès qu'une gosse est placée, elle est transformée en prostituée par l'État français», assurait-il à l'animateur Karl Zéro en mai. Alors Le Figaro a voulu savoir. Ce que vivent ces adolescentes vendues par des dealers ratés à peine plus âgés qu'elles. S'il y a un lien causal entre le placement et cette exploitation. Si l'ASE a les moyens de freiner ce phénomène. Ilona, Assia, Nour, Asma* nous ont raconté leur histoire. Comment ont eu lieu les premiers faits. Quels gestes violents ont déréglé le rapport qu'elles entretenaient avec leur corps. Si elles ont pu compter sur des adultes pour se sortir de là. Trois thèmes, trois parties d'une enquête. L'histoire d'Ilona Ilona ne se souvient pas de l'âge où l'ASE est entrée dans sa vie, d'abord par des suivis d'éducateurs à domicile. Ce qui reste frais, c'est cette proposition d'une «grande» le jour de son arrivée dans un foyer de Marseille. Il était question d'actes avec des hommes, d'argent, Ilona avait 12 ans. À la fille, elle répond «non de suite» mais cette dernière lui fait comprendre que persister dans son refus lui causera «des problèmes». Une semaine s'écoule. Quand…