31-07-2025
«Two Summers» tient d'un bulletin météo des mœurs
Série sur Play RTS
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Two Summers
Loin de la place des grands hommes, des amis d'enfance se retrouvent à la cinquantaine. Une minisérie flamande. Play RTS, 4 x 45 min.
Cécile Lecoultre
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Trente ans après des vacances dramatiques, une bande d'amis se retrouve sur une île paradisiaque louée par le plus fortuné d'entre eux. Alors que ces cinquantenaires brassent leurs souvenirs, un chantage les force à déterrer des secrets répugnants.
«Two Summers» ne révolutionne pas l'histoire du scénario, mais datée de 2022, la production flamande balise l'ère «post-#MeToo». Mêlant une «murder party» façon Agatha Christie et l'autopsie d'une société patriarcale mais également sexuellement libérée, les créateurs belges Tom Lenaerts et Paul Baeten cartonnaient.
La série, alors présentée sur Netflix puis Canal, est devenue la plus doublée de l'histoire flamande. Remis en vitrine sur Play RTS, «Two Summers» montre ses limites. Le générique signé Jacques Brel, «On n'oublie rien, de rien, on n'oublie rien du tout», gardera son ambiguïté jusqu'au final.
L'été 1992, le fils du propriétaire d'une luxueuse villa fait la fête avec ses potes et copines. Vingt ans, c'est le temps de l'insouciance, des premières amours nouées, des flirts éphémères. Jusqu'à l'accident, un incendie qui sera fatal à l'un d'entre eux. Marc, c'était le pique-assiette à la gueule cassée, le gueulard aux frasques embarrassantes, le comique fauché que tout le monde aimait ou tolérait.
Trois décennies plus tard, les rescapés se retrouvent à l'invitation de Peter et Romée. Le destin les a voulus nouveaux riches et le couple millionnaire reçoit sur une île privée sans domestiques ni wi-fi. Le passé défile avec ses drames et victoires, cancer vaincu, divorce vécu, etc.
Certains se remémorent aussi une fête qui avait dérapé dans le trash le plus sordide, un viol collectif juste avant que la maison brûle. Entre autres substances, la victime était sous somnifères – cette circonstance tombe comme un rappel de l'affaire Gisèle Pelicot. Impliqués à différents niveaux, les anciens amis se voient alors menacés par un maître chanteur.
«Two Summers» précipite les événements et condense les révélations dans son dernier épisode sans laisser de conclusion vraiment satisfaisante. Laissant planer la possibilité d'un épilogue judiciaire ou d'un suicide programmé, abandonnant toute tentative de nuancer les responsabilités, voire d'expliciter un contexte, la minisérie accroche mais laisse en rade.
On n'ose imaginer ce qu'un réalisateur de l'ampleur de Ruben Östlund sur «Sans filtre» dans sa critique du cynisme de classe ou de Stephen Graham sur «Adolescence» dans son exposé cru des dégâts masculinistes auraient tiré d'un tel sujet. Reste ce bulletin météo des mœurs.
Notre note: 3 étoiles
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos
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