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Troubles du sommeil, épilepsie… BioSerenity concilie IA et électroencéphalogrammes pour améliorer les diagnostics
Troubles du sommeil, épilepsie… BioSerenity concilie IA et électroencéphalogrammes pour améliorer les diagnostics

Le Parisien

time2 days ago

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Troubles du sommeil, épilepsie… BioSerenity concilie IA et électroencéphalogrammes pour améliorer les diagnostics

« Le BioSerenity d'avant, c'était la version 0.1 ! Aujourd'hui, on est dans la version 4, celle qui marche ! » Jean Schmitt, président de Jolt Capital, est un dirigeant qui n'aime pas la langue de bois. Son fonds d'investissement s'est spécialisé dans l'accompagnement de sociétés européennes dotées de technologies de rupture, capables de répondre à de grands enjeux. C'est dans ce contexte qu'il a investi dans BioSerenity, une start-up née en 2014 à l'hôpital de la Salpêtrière, à Paris, avant de s'installer à la Technopôle de l'Aube, à Rosières-près-Troyes (Aube). Une entreprise dont l'activité a beaucoup évolué ces deux dernières années, après un dépôt de bilan qui aurait pu marquer son décès. Placée en redressement judiciaire à l'été 2023, BioSerenity fait désormais office de survivant dans le domaine de la « medtech », ces start-up dédiées à l'innovation dans le secteur médical. Produisant à l'époque un textile connecté pour des analyses cardiologiques et neurologiques, l'entreprise avait également conçu des masques chirurgicaux et FFP2 capables de bloquer et tuer les bactéries et virus, comme le Covid-19 pendant la pandémie. Ses projets étaient ambitieux, mais surtout beaucoup trop lourds à gérer. « C'est une société qui faisait beaucoup de choses à la fois et, en conséquence, qui n'arrivait pas à aller au bout de ses programmes », se souvient Jean Schmitt. « On a décidé de focaliser la société sur une activité importante : la neurologie pour les enfants et adultes, et le sommeil. Ça a permis de terminer en quelques mois des produits inachevés. » Pour opérer ce recentrage, les dirigeants se sont tout d'abord séparés d'implantations aux États-Unis et en Chine. L'activité est désormais concentrée sur trois sites : Paris pour la recherche et le développement, Nancy pour un plateau de télésanté en guise de support, et l'usine située dans le giron de la Technopole de l'Aube. « Le précédent management m'avait demandé de fermer cette usine au moment de la reprise, en me disant qu'elle ne représentait rien d'intéressant. Mais comme ils avaient fait en sorte que leur société échoue… Je ne pouvais pas leur faire une confiance aveugle », ironise Jean Schmitt. Lors de sa visite du site, il rencontre ainsi « des équipes engagées et compétentes » et constate une organisation « bizarre » : « On sous-traitait la production en Suède et en Finlande à des entreprises qui n'étaient pas brillantissimes et pas forcément moins chères. » Autre simplification : l'imposante tenue qu'il était nécessaire de porter pour effectuer des analyses par capteurs, sur le plan cérébral et cardiaque, c'est fini. Le dirigeant de Jolt Capital abandonne cette innovation sans regret : « Si vous faites un textile pour le patient, il faut le laver. Et, quand vous le lavez, vous l'abîmez et les capteurs ne marchent plus. En plus, vous n'avez pas forcément de personnel à l'hôpital pour le gérer… Tout cela coûte très cher. » Aujourd'hui, BioSerenity travaille avec près de 300 hôpitaux français, qu'elle équipe en systèmes de téléneurologie pour les électroencéphalogrammes (EEG). « Quand vous arrivez en urgence et que le neurologue n'est pas disponible, vous mettez nos équipements sur le patient, vous appuyez sur un bouton, et il y a un neurologue quelque part qui va pouvoir interpréter les résultats, assisté par notre IA », explique Jean Schmitt. « Si vous avez un bébé qui a manqué d'oxygène à la naissance, vous avez 3 heures pour faire ce diagnostic. Si vous le faites dans les temps et que vous lancez les opérations nécessaires derrière, tout ira bien pour le bébé. Sinon, vous avez 30 % de probabilité de décès et 30 % de séquelles neurologiques », ajoute-t-il. En parallèle, les dirigeants de BioSerenity se sont affairés à relancer la fabrication de systèmes d'acquisition de signal et d'électrodes, en sous-traitance depuis décembre 2024. Une solution provisoire en attendant la mise en route de la toute nouvelle chaîne de production de l'usine troyenne, à partir de septembre prochain. « Si vous avez une crise d'épilepsie, on va vous envoyer à la maison en vous mettant des électrodes sur la tête et, pendant 48 heures, on va vous superviser » précise Jean Schmitt. « Si vous avez une filasse qui pèse deux kilos et demi sur la tête, c'est sûr que vous allez dormir un peu moins bien. Tandis que là, avec nos électrodes, vous allez vivre quasi normalement, et tout ce qui sera mesuré sera plus pertinent. » Le système se veut très simple d'utilisation, adapté ainsi aux prescriptions de médecins lors de troubles du sommeil et de suspicions de crises d'épilepsie, mais aussi dans des contextes différents, comme des patients en réanimations ou des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. « On met le casque, on est capable d'envoyer le signal dans le cloud, et les neurologues peuvent se connecter à leur patient comme un tableau de bord », détaille Ulysse Gimenez, directeur data science au sein de BioSerenity. « Et, par-dessus ça, ma spécialité est de rajouter une couche supplémentaire algorithmique qui va aider le médecin à analyser plus vite, mieux comprendre le tracé et poser un diagnostic plus précis. » Le fait de pouvoir utiliser une technologie non invasive sur une longue durée en fait son atout le plus précieux. « Si on ne fait que 20 minutes ou 1 heure comme des examens traditionnels à l'hôpital, on risque de manquer d'éléments. En 48 ou 72 heures, le médecin aura l'assurance de repérer la pathologie et assurer un meilleur diagnostic, sans que le patient n'ait besoin de revenir 6 mois plus tard », développe le directeur data science. Tout cela avec le concours de l'intelligence artificielle, avec un modèle forcément évolutif au fil du temps. « Le but, demain, ce sera de déployer des modèles sur énormément de cas d'usages, des maladies rares… Le fait de pouvoir faire des EEG longs directement au domicile des personnes nous ouvre de nouvelles données. L'IA va pouvoir apprendre à mieux diagnostiquer les pathologies », se projette Ulysse Gimenez. BioSerenity entend sortir jusqu'à 5 000 de ses casques à électrodes par mois dans un premier temps, puis plus de 10 000 dès l'an prochain, voire largement au-delà des 100 000 unités mensuelles d'ici quelques années. « En France, il y a 2 millions d'EEG par an… 3 millions en Allemagne. On espère prendre 20 % du marché, car notre produit est très supérieur à ce qui existe », chiffre Jean Schmitt. D'autres lignes de production seront ainsi créées au fil des mois. En parallèle, toujours à Troyes, le président de Jolt Capital ambitionne d'ouvrir la une plate-forme de téléneurologie purement française pour apporter une réponse au manque de spécialistes et aux besoins de résultats d'analyses. Au total, 30 millions d'euros ont déjà été investis sur l'ensemble de l'entreprise, et 20 millions d'euros de crédits supplémentaires sont déjà prévus pour les différents projets du groupe d'un peu plus de 300 salariés, dont une vingtaine déjà sur Troyes. « Ça va grandir jusqu'à 70 personnes… Si on monte au-delà, il faudra changer de locaux », sourit Jean Schmitt. Des perspectives qui réjouissent la ministre déléguée en charge de l'intelligence artificielle et du numérique, Clara Chappaz , présente à Troyes ce jeudi 3 juillet pour mettre en avant un plan gouvernemental « Osez l'IA ». Il se concrétise par la mise en place de plus de 300 ambassadeurs et par un budget de 200 millions d'euros pour accompagner les entreprises dans leurs démarches. Du côté de BioSerenity, on aimerait surtout simplifier la réglementation. « Vous avez une complexité inouïe et complètement inutile pour faire en sorte que vos produits soient en vente. Il faut qu'ils soient revisités tous les 5 ans, alors qu'un temps fou est nécessaire pour approuver le produit. Pourquoi créer de l'embouteillage sur l'embouteillage ? », s'interroge Jean Schmitt.

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