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« Tout l'aspect opérationnel, le côté aventure, ça me fait envie » : pour trouver un job ou se réorienter, ils tentent l'armée
« Tout l'aspect opérationnel, le côté aventure, ça me fait envie » : pour trouver un job ou se réorienter, ils tentent l'armée

Le Parisien

time11-07-2025

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« Tout l'aspect opérationnel, le côté aventure, ça me fait envie » : pour trouver un job ou se réorienter, ils tentent l'armée

Dans la salle d'attente pavoisée de drapeaux bleu-blanc-rouge, deux garçons et une fille, la vingtaine, attendent droit sur leur chaise qu'un conseiller en recrutement vienne les chercher pour un entretien. Bienvenue au Cirfa (centre d'information et de recrutement des forces armées) du VIIe arrondissement de Paris, installé dans une aile de l'École militaire face à la tour Eiffel. Ici, comme dans les autres Cirfa un peu partout en France, sont accueillis gratuitement tous les jeunes de moins de 30 ans qui souhaitent se renseigner sur les carrières que peut offrir l'armée . Alors que des soldats en short enchaînent les sprints dans la cour de l'école, arrive le commandant Cédric Spiga, chef des lieux, aussi détendu que les trois jeunes sont stressés. Parmi eux, Joséphine, 25 ans, deux masters, l'un en histoire et sciences politiques, et l'autre en patrimoine culturel. Déjà engagée dans la réserve opérationnelle, qui permet aux non-militaires de venir en renfort de l'armée pour des missions ponctuelles, mais aussi de « tester » l'ambiance de l'armée, Joséphine maîtrise le vocabulaire de l'armée et semble bien savoir où elle met les pieds. Si elle se voit déjà militaire, reste à déterminer à quel type de poste. C'est la sergente-cheffe Jennifer qui la reçoit, du haut de ses 16 ans de service et trois métiers dans l'armée : entrée avec un BEP cuisine, elle a appris à préparer des tomates farcies pour un régiment, soit 1 000 à 3 500 soldats, avant de passer à la gestion des approvisionnements, puis de découvrir les ressources humaines, en validant au passage un BTS de conseil en recrutement. Pendant près de deux heures, les deux femmes échangent à bâtons rompus sur toutes les possibilités qui s'offrent à l'étudiante, qui a envie « de servir son pays, d'être sur le terrain, que ça bouge ». « Tu as pensé aux forces spéciales ? Elles sont ouvertes aux femmes, maintenant », aiguille Jennifer : » J'y ai envoyé une jeune fille comme toi, elle y est depuis un an et demi et s'éclate ». Avec son niveau de diplôme, Joséphine pourrait devenir officier. Mais la jeune femme préfère être « sous-off » (sous-officier), un grade ouvert aux titulaires du bac, pour s'assurer plus de temps sur le terrain. Sans bac l'armée recrute aussi, comme simple soldat. À l'issue de l'entretien, les potentielles recrues passent une procédure d'évaluation avant de signer leur contrat d'engagement : 36 heures en caserne pour des tests physiques, psychotechniques et cognitifs, un classement basé sur ces tests, puis un entretien avec un conseiller pour déterminer, en fonction des résultats obtenus, les orientations possibles. Mais Joséphine était déjà convaincue avant d'entrer dans le bureau de Jennifer, l'affaire est donc vite conclue : elle passera les tests dès que possible, quand elle aura fini son stage de fin de master. Et après l'armée ? Il sera toujours temps de voir ce qu'elle pourra faire avec ses deux masters, explique Joséphine. Reste que s'engager suppose d'être bien au clair sur la réalité de la vie militaire, faite de discipline, de contraintes, et de risques. Avec son accueil aux petits oignons de jeunes parfois très déterminés, mais aussi parfois un peu perdus, le rendez-vous au Cirfa contraste avec la dureté de la vie qui les attend. « On n'est pas là pour leur vendre du rêve, se défend le commandant Spiga, dans l'armée il faut aimer la vie en collectivité, être prêt à se lever tôt, faire son lit, les corvées de nettoyage, on leur dit tout ça ! Certains savent très bien ce qu'ils viennent chercher, d'autres non, mais ça n'est pas un problème : chez nous on peut faire 117 métiers différents, et suivre les formations qui y mènent. » Le climat international, la guerre en Ukraine, au Moyen-Orient, autant d'événements à même de susciter des vocations ? « Pas pour l'instant. En revanche en 2015, après les attentats, nous avions effectivement connu une hausse des demandes d'information. Mais aujourd'hui, les jeunes sont très attachés à la notion de communauté et de fraternité. Or c'est une très bonne base de départ pour travailler l'esprit de corps. L'amour du drapeau n'est pas toujours là dès le début, mais il vient avec le temps ». Dans le bureau d'à-côté, le sergent Jean-Marc, entré dans l'armée avec un bac pro commerce, fait passer les entretiens aux autres potentielles recrues, dans une ambiance parfumée… à l'essence de mandarine. « C'est pour détendre les candidats », rigole le sergent. En face de lui, Louis, 22 ans, en M1 d'histoire des relations internationales a cet « amour du drapeau » depuis tout jeune : « Petit, je jouais au militaire, même si mes parents ne viennent pas du tout de ce milieu, raconte le jeune homme. C'est en prépa au lycée Michelet qu'on m'a parlé de Saint-Cyr, et ça m'a tout de suite intéressé : j'ai envie de servir mon pays, et tout l'aspect opérationnel de l'armée, le côté aventure, ça me fait envie. » Si Louis n'a pas réussi à intégrer Saint-Cyr en post-prépa, il sait déjà qu'il pourra retenter sa chance une fois son M2 en poche, ce que lui confirme Jean-Marc. Mais les quatre corps d'armée - Terre, Air et Espace, Marine nationale et Gendarmerie -, sont ouverts à tous les jeunes, de nationalité française, avec ou sans diplôme, de 16 à 30 ans. Hormis la réserve qu'a faite Joséphine, d'autres façons d'entrer dans l'armée existent comme les stages et préparations militaires sur quelques jours dès 16 ans ou les préparations militaires de 3 semaines pour les futurs officiers. Et une dernière possibilité : devenir volontaire aspirant pendant une année de césure pour des missions dans les RH, la communication ou les relations internationales, par exemple. Une manière de faire d'une pierre deux coups, et de découvrir l'armée tout en ajoutant une première expérience professionnelle sur son CV. Comme le sergent Jean-Marc, Priscillia Desbiolles, 30 ans aujourd'hui, a intégré l'armée, après une visite dans un Cirfa près de chez elle. « Mon projet était de devenir officier, sans idée plus précise, et c'est à l'Armée de l'air, où j'ai passé les tests, qu'on m'a orientée vers la mission météo », rembobine la jeune femme qui a passé quatre mois dans une école de sous-officiers à Rochefort, puis un an et demi de formation théorique chez Météo France. « J'ai décroché un BTS de prévisionniste météo après six mois de pratique. J'ai ensuite travaillé 3 ans sur la base présidentielle de l'aéroport de Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines. » À 20 ans elle « briefait à des colonels de l'Armée de l'air, une grosse responsabilité ! C'est ce que j'ai aimé à l'armée : contrairement au monde civil, on est tout de suite considéré comme un adulte, et pas un « junior » Si des soucis de santé l'ont éloignée de l'armée, elle garde « plutôt de bons souvenirs » de son passage : « On est logé, nourri, on touche une pension, on rencontre des gens de tous les horizons, on fait du sport, c'est vraiment une bonne voie pour ceux qui s'ennuient à l'école. Y compris pour les filles, si on est motivée, avec un fort caractère, … ça va ». « Pourquoi es-tu là ? », demande le commandant Spiga au dernier candidat qui attend son tour ce matin dans la salle d'attente du Cirfa. Le jeune homme se lève de sa chaise pour répondre quasi au garde-à-vous : « Bonjour monsieur ! Je suis intéressé par l'aviation légère de l'armée de terre, monsieur ! ». « Très bien, vous me ferez 20 pompes ! » taquine le commandant. Le jeune se détend et sourit - en plus du fort caractère, l'humour est bienvenu.

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