13-07-2025
Droits de douane à 30% : une «catastrophe» pour la viticulture française
Avec 3,8 milliards d'euros de ventes en 2024, les États-Unis sont le premier marché d'exportation des
vins et spiritueux français. L'application d'un droit de douane de 30% à compter du 1er août aurait un impact extrêmement lourd sur le secteur.
L'instauration de droits de douane de 30% sur les exportations européennes aux États-Unis serait une «catastrophe» pour le secteur français des vins et spiritueux, a réagi samedi Jérôme Despey, patron de la branche viticulture du syndicat FNSEA. «Ce serait une catastrophe pour tout le secteur, dans une situation où les vins et spiritueux affrontent déjà d'énormes difficultés», a déclaré Jérôme Despey. Le président américain Donald Trump a annoncé samedi l'imposition de droits de douane de 30% pour le Mexique et l'Union européenne, nouvelle surenchère sur fond de négociations avant l'échéance du 1er août. «Nous attendons de voir la liste des produits concernés, mais si ça venait à se confirmer ce serait une situation particulièrement difficile pour le secteur des vins et spiritueux», a-t-il dit.
En octobre 2019, la vague de droits de douane (+25%) mise en place par Donald Trump avait déjà causé une baisse de 50% des exportations de vin français vers les États-Unis, a souligné Jérôme Despey. «Se repositionner sur des marchés à l'export, ça ne se fait pas en un coup de baguette magique. Ce sont des stocks de vin qui resteront sur le marché intérieur et viendront mettre en difficulté la filière à la veille de prochaines vendanges», selon Jérôme Despey.
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Une décision «dommageable pour les deux côtés»
Pour Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), 30% qui s'ajoutent à 15% de variations de change font 45% de différence avec la production américaine. «Ce n'est pas un embargo mais presque», a lancé Gabriel Picard. «Et c'est d'abord un choc et une surprise. La qualité des échanges à haut niveau entre l'UE et les États-Unis ces dernières semaines était plutôt bonne. On était quasiment parvenus à un cadre d'accord satisfaisant il y a 5-6 jours».
Avec la première hausse de droits de douane de 10% en avril, «chacun a contribué, l'exportateur comme l'importateur. Mais là ce qui est annoncé est inenvisageable. Le flux d'exportation deviendra très limité». Selon lui, cette décision est «dommageable pour les deux côtés», car un dollar de vins ou spiritueux importé aux États-Unis génère quatre euros d'activité sur place. «On a vu souvent des menaces de la part des États-Unis, on demande à la Commission européenne de ne rien relâcher dans la négociation», a souligné Jérôme Despey.