6 days ago
«Je préparais des cocktails dans un décor paradisiaque» : le bénévolat, le bon plan des jeunes pour partir en voyage
TÉMOIGNAGES - Cambodge, Croatie, Grèce… Pour explorer le monde sans se ruiner, de nombreux jeunes optent pour le bénévolat. En échange de quelques heures de travail, ils profitent d'un toit, de repas, et parfois d'un cadre idyllique, sans débourser un centime.
Allier l'utile à l'agréable. Pour voyager, certains jeunes troquent leur casquette de touristes pour s'essayer au volontariat. Entre 18 et 30 ans, ils s'engagent à l'étranger dans des missions variées. Gérer les réseaux sociaux d'une association à Madrid ou enseigner l'anglais à des enfants au Vietnam : autant de séjours sont organisés, afin de répondre à un réel besoin dans tous les secteurs.
Pour promouvoir ces actions, des annonces d'associations locales sont relayées quotidiennement sur différents sites web. Dans la majorité des cas, aucune qualification spécifique n'est requise pour se lancer et souvent, même la maîtrise d'une langue étrangère n'est pas indispensable. À quoi ressemble une journée type ? En plus du travail, reste-t-il du temps pour explorer les environs ? Quatre Français racontent au Figaro leurs expériences solidaires (presque) gratuites, en Europe ou sur d'autres continents.
Agathe - Laos et Corée du Sud
Une auberge de jeunesse semblable à celle où Agathe exerçait, au Laos.
ANTON IVANOV / Anton Ivanov Photo -
Publicité
Agathe a toujours été attirée par l'Asie. Depuis juin, cette Francilienne de 25 ans réalise enfin son rêve : bénévole au Laos, elle s'envolera bientôt pour la Corée du Sud pour une autre mission. «Le volontariat, c'est une manière plus authentique de voyager : on s'immerge dans la vie locale et on reste plus longtemps», estime-t-elle. Pour bénéficier des offres, elle s'abonne à la plateforme Worldpackers, accessible via un abonnement annuel à partir de 50 €. Excepté le coût des billets d'avion aller-retour et des dépenses personnelles occasionnelles, Agathe ne paie rien d'autre pour son voyage de deux mois.
«Le logement et la nourriture sont offerts, en échange des tâches que j'effectue», explique la jeune fille. Au Laos, elle devient réceptionniste dans une auberge de jeunesse. «Il y avait peu de clients, alors je travaillais en moyenne cinq heures par jour, et le reste du temps, je partais explorer les alentours», raconte-t-elle. En Corée du Sud, elle se chargera de travaux dans une ferme. «En plus de voyager, on apprend plein de choses et ça aide à mieux se connaître», confie la jeune fille en recherche d'emploi.
Juliette – Croatie
Les olives ramassées par Juliette et son groupe de bénévoles sur l'île de Brač, en Croatie.
Juliette Remy
Pour Juliette, nul besoin de changer de continent pour se sentir dépaysée. Au printemps, la Parisienne de 25 ans s'est envolée pour la Croatie avec le Corps européen de solidarité (CES). Ce programme propose des missions de volontariat en Europe, en prenant en charge tous les frais. «Nous sommes allés dans un village isolé au nord du pays pour aider à construire un mur d'escalade et une tyrolienne pour un centre de loisirs», décrit Juliette. S'ensuivent ensuite sept jours sur l'île de Brač, bordée par la mer Adriatique, pour aider à la récolte d'olives chez des particuliers.
«Après les journées dans les champs, on allait se baigner, et le week-end, nous visitions d'autres villes, comme Split», raconte celle qui partageait l'expérience avec une vingtaine d'autres jeunes, originaires de Géorgie, de Serbie ou d'Espagne. En tant qu'étudiante, elle aurait eu des difficultés à financer un séjour de deux semaines à l'étranger. «Que ce soit le transport ou le logement, je n'ai rien eu à payer. On recevait même de l'argent de poche, six euros par jour», sourit Juliette. L'occasion de voyager à moindre coût et de s'engager en même temps. «On améliore aussi notre anglais», note la jeune fille.
Mathéo – Grèce
Le tri des vêtements effectué en Grèce par Mathéo et son groupe.
Mathéo
Mathéo revient d'un séjour de deux mois en Grèce, dans la banlieue d'Athènes. «Ce que j'ai le plus aimé, c'est l'esprit de communauté et le fait de tout faire ensemble», livre le Parisien de 23 ans, qui résidait dans une maison en bord de mer, avec des volontaires espagnols et italiens. Engagé auprès d'une association locale, il était en charge de préparer des activités pour des personnes atteintes de troubles mentaux ou d'organiser des rencontres avec les pompiers, essentiels dans cette région exposée aux incendies. «La Grèce est un pays très touristique, alors j'ai apprécié découvrir une autre facette à travers ses habitants et ses défis», souligne-t-il.
Publicité
Parmi les autres missions figuraient les tris de vêtements destinés à des réfugiés ou à des établissements pénitentiaires. «Mais globalement, nos journées n'étaient pas très chargées, ce qui nous laissait du temps pour aller à la plage ou explorer des îles grecques», raconte-t-il. Autre avantage non négligeable : le coût du voyage. Parti, comme Juliette, avec le Corps européen de solidarité (CES), il a bénéficié d'une prise en charge complète de ses trajets en train et en bateau jusqu'à Athènes. Même lorsque l'on choisit un moyen de transport plus cher que l'avion, l'organisme couvre l'intégralité des dépenses pour favoriser un trajet plus responsable. «Cette option m'a convaincu à partir en mission» conclut Mathéo.
Enzo – Cambodge
Enzo au soleil couchant, dans l'écolodge où il était volontaire au Cambodge.
Enzo Pasquier
Après une année de voyage en Australie, Enzo, 26 ans, voulait poursuivre ses expéditions jusqu'en Asie. «Tous les sites que je trouvais pour chercher des offres de volontariat étaient payants, alors j'ai utilisé une autre technique» révèle celui qui a grandi à Angers. C'est sur un groupe Facebook consacré aux expatriés au Cambodge qu'il repère l'annonce d'un établissement à la recherche de bénévoles. Direction l'île de Koh Rong, au nord du pays, où le propriétaire d'un écolodge accepte de l'accueillir. Sur place, Enzo multiplie les casquettes : informaticien, réceptionniste, serveur ou barman.
«Mon travail consistait à boire des bières avec les clients, préparer des cocktails, organiser des fêtes et à présenter les lieux aux touristes, le tout dans un décor paradisiaque», résume-t-il. Sur cette île aux airs de «bout du monde», il consacre ses matinées à ses missions et les après-midi à la détente. «J'adorais lire dans les hamacs en face des criques et rencontrer les voyageurs de passage» se souvient-il. Comme les autres participants, le jeune homme alerte tout de même sur les risques «d'exploitations» dans certains endroits. «Il faut prendre le temps d'échanger en amont avec les propriétaires des lieux, se renseigner et s'assurer que l'environnement est sain», recommande-t-il.
Comment participer ?
En payant une adhésion annuelle de 40 à 60 euros, des plateformes comme Worldpackers, Workaway, Helpx ou WWOOF (agriculture) donnent accès à des offres de volontariat. Totalement gratuit, le site du Corps européen de solidarité (CES) propose toute l'année des missions dans l'Union européenne pour ses résidents âgés de 18 à 35 ans. L'inscription se fait en ligne via un simple dossier. L'association française Youth ID relaie notamment ces offres, d'une durée de deux semaines à un an, accessibles jusqu'à quinze jours avant le départ.
À écouter - C'est quoi le PVT, ce visa très particulier qui permet de voyager et travailler dans certains pays pendant un an ?