3 days ago
Un homme presque parfait
Synopsis : Afin d'éviter d'être démasquée par un groupe de militantes féministes qu'elle infiltre, une policière accuse un innocent de l'avoir violée.
Avec sa femme – la scénariste Baya Kasmi –, le réalisateur Michel Leclerc a le don de concocter de charmantes comédies qui, sans toujours faire preuve d'une grande subtilité, ont le mérite de véhiculer des réflexions sur les frictions sociales (La lutte des classes), politiques (Télé Gaucho) et culturelles (Le nom des gens). Le mélange des genres, qui puise sa source dans les répercussions du mouvement #metoo, n'y fait pas exception.
Policière aux idées conservatrices, Simone (Léa Drucker, toujours parfaite) infiltre les Hardies, groupe de militantes féministes, qu'elle soupçonne d'avoir aidé une femme à tuer son mari violent. Confrontée aux propos de la radicale Marianne (Judith Chemia) et à la triste situation familiale de la gaffeuse Sofia (touchante Melha Bedia, sœur de Ramzy), Simone compose de plus en plus difficilement avec le machisme de ses collègues, parmi lesquels se trouve aussi son mari (Vincent Elbaz). Seul son jeune confrère (Félix Moati) paraît sensible à la cause des femmes.
PHOTO STÉPHANIE BRANCHU, FOURNIE PAR AXIA FILMS
Melha Bedia, Léa Drucker et Judith Chemia dans Le mélange des genres, de Michel Leclerc
À la suite d'une manifestation avortée, les Hardies soupçonnent que Simone soit une taupe. Afin de les convaincre du contraire, elle leur raconte avoir été victime de viol. Au hasard, elle accuse alors Paul (Benjamin Lavernhe, attachant clown lunaire), acteur raté qu'elle croise à l'école que fréquentent leurs enfants. Père au foyer dévoué et mari fidèle d'une célèbre actrice (Julia Piaton), Paul est l'antithèse du mâle toxique.
Baya Kasmi et Michel Leclerc se moquent allègrement des wokistes, des féministes, des masculinistes et des défenseurs du patriarcat à travers une pléthore de personnages unidimensionnels, incarnés avec aplomb par une distribution au diapason. Bref, qu'ils soient de gauche, de droite ou du centre, tous y passent un mauvais quart d'heure, les scénaristes s'amusant à pointer les contradictions de chaque courant de pensée. Sous le couvert de la légèreté, les auteurs y abordent des thèmes graves, comme la violence conjugale, les féminicides et l'indifférence policière face à la condition féminine.
Comédie dramatique débridée au rythme primesautier, Le mélange des genres comporte quelques moments déroutants, certains délicieusement décalés, où le cinéaste décroche du récit comme s'il souhaitait établir une connexion directe avec le spectateur. Ainsi balance-t-il une rencontre nocturne entre Virginie Despentes (qui semble prendre plaisir à jouer son propre rôle) et Paul, complètement bourré, ainsi que quelques plages musicales avec le suave Vincent Delerm, qui signe également la musique de ce film plutôt plaisant malgré une finale qui laisse perplexe.
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