10-08-2025
La Loire à Vélo : deux décennies sur la plus belle piste de France
LES MARQUES DE NOS VACANCES (3/5) - Cette année, La Loire à Vélo, itinéraire cyclable emblématique de 900 kilomètres, célèbre ses 20 ans. Devenu le symbole du cyclotourisme en France, il s'apprécie pour sa nature et son patrimoine. Retour sur son histoire.
Avancer au rythme des roues, suivre le fil de l'eau et, au détour d'une boucle, l'apercevoir enfin : le château de Chambord. C'est l'un des monuments qu'on aperçoit en empruntant les bords de la Loire. Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le plus long fleuve de France se découvre depuis 20 ans à bicyclette. Avec plus de 900 kilomètres d'itinéraire balisé reliant le Cher à la Loire-Atlantique, le parcours de la Loire à Vélo traverse six départements et longe de nombreux sites historiques.
L'axe représente la partie française de l'EuroVelo 6, l'une des principales véloroutes européennes, reliant la France à la Roumanie en suivant les fleuves d'Europe. La première véloroute française, découpée en 8 tronçons et 41 étapes, attire deux millions de cyclistes chaque année, presque deux fois plus qu'en 2015. Mais comment ce projet est-il devenu un tel succès ?
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«Au début, beaucoup étaient sceptiques»
Bien que les premiers tronçons n'ouvrent qu'en 2005, l'idée d'un itinéraire cyclable structurant le long de la Loire prend forme dès le début des années 1990. C'est Régis Réguigne, alors conseiller régional du Centre-Val de Loire, qui en est à l'origine. Sa proposition suscite d'abord peu d'enthousiasme. «Beaucoup étaient sceptiques, personne ne prenait vraiment ce projet au sérieux car les élus pensaient que les touristes ne voyageaient qu'en voiture», raconte François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire, où s'étendent les deux tiers de la véloroute.
L'argument décisif est finalement, et contre toute attente, venu d'Autriche. «Le Danube avait été pris comme exemple concluant de ce type d'infrastructure, car il était déjà équipé d'un itinéraire cyclable qui attirait de nombreux visiteurs», poursuit François Bonneau. Victoire ! Fin 1995, une étude exploratoire La Loire à Vélo est menée, engageant les régions Centre et Pays de la Loire comme copilotes de cette nouvelle route. Les premières bases et étapes de l'itinéraire sont posées.
Les touristes peuvent découvrir les alentours du château de Chambord en vélo.
David Darrault
Le parcours devient officiellement une marque en 1998. Techniciens, élus locaux et professionnels du tourisme coordonnent ensemble les travaux, encouragés par le classement de la Loire à l'Unesco. Valoriser ses abords devient alors une priorité. «L'idée était de révéler l'essence même de la Loire : ses paysages, sa nature et son patrimoine», résume le président de la région.
En 2001, un premier tronçon voit le jour à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire), avant que le reste du parcours ne soit complété en 2012. Non sans quelques défis. «Il a fallu mettre en place des services adaptés aux cyclistes : réparation, location ou hébergement, mais aussi créer des boucles locales pour permettre aux visiteurs de s'orienter et de découvrir les environs», détaille François Bonneau. En quittant les rives du fleuve, les cyclistes peuvent s'aventurer vers des petits villages, édifices religieux ou domaines viticoles.
L'expansion du succès
D'abord fréquentée par des passionnés de cyclotourisme, la véloroute a peu à peu séduit un public plus large. Tous les départements n'ont pas rejoint le projet immédiatement, certains manquant de moyens. «Cinq ans après l'ouverture, on a ressenti un premier réel engouement, avec des centaines de milliers de cyclistes sur nos pistes», note François Bonneau. Comment l'expliquer ? Le «jardin de la France» possède plusieurs atouts. «Le terrain se prête parfaitement au vélo, il n'y a pas de pente et le rythme de la bicyclette est idéal pour redécouvrir ce territoire, loin de la frénésie du quotidien», souligne-t-il. D'autant plus que la majeure partie des voies sont interdites aux voitures.
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Le développement de l'écotourisme, en plein essor, a aussi favorisé cette montée en puissance. François Bonneau se rappelle notamment d'un moment marquant : «En 2015, j'ai rencontré des touristes américains sur l'itinéraire. C'est ce jour-là que j'ai compris que notre projet avait franchi les frontières». Mais l'année décisive reste 2019. À l'occasion des 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, de nombreuses festivités ont eu lieu autour du Clos Lucé et dans la région. Résultat : cette année-là, le réseau enregistre une hausse de fréquentation de 30%, qui n'a pas baissé depuis.
Une référence du cyclotourisme
Les rives de la commune de Bréhémont.
David Darrault
Aujourd'hui, la Loire à Vélo s'impose comme l'un des parcours cyclables le plus populaires de France, et d'Europe. «Ce succès ne bénéficie pas seulement à l'itinéraire, mais à l'ensemble du territoire. Les châteaux, par exemple, proposent davantage d'expositions et de concerts grâce à l'afflux de visiteurs à vélo», observe François Bonneau. Avant d'ajouter : «Il faut continuer à améliorer les services, en matière d'hébergement, de location ou encore de signalétique GPS».
Pour l'avenir, les deux régions souhaitent proposer une expérience plus personnalisée en orientant les cyclistes vers des boucles thématiques (gastronomie, vin, histoire). Également au programme, l'installation de bornes électriques dans le réseau regroupant plus de 5000 établissements labellisés Accueil Vélo. «Aujourd'hui, plus de 20 % des usagers roulent à assistance électrique. Il faut s'adapter à cette évolution», affirme François Bonneau. L'enjeu est double : maintenir l'attractivité de l'itinéraire, mais aussi continuer à inspirer d'autres territoires. D'autres voies, comme Cyclo Bohème qui sillonne le département de l'Indre, ont vu le jour, inspirées par le modèle de la première véloroute du pays. L'avenir de la Loire à Vélo s'annonce tout tracé.
À écouter - Vélo : tout savoir pour réussir son premier voyage à deux-roues.