08-07-2025
« Les appartements étaient agréables et lumineux mais extrêmement dangereux » : Rouen dit adieu à ses immeubles « verre et acier »
Entre
l'incendie de l'entreprise Lubrizol
en 2019,
celui de l'entrepôt Bolloré Logistics
et celui de
la flèche de la cathédrale
en 2024, les habitants de Rouen ont de quoi être traumatisés. Celui de la rue Saint-Julien, en septembre 2023, qui a vu s'effondrer deux immeubles de type « verre & acier », était déjà un de trop. D'autant que ce n'était pas une première pour ces réalisations des années 1970 qui ont déjà fait suffisamment de victimes.
C'est donc avec un certain soulagement que les Rouennais que les Rouennais au courant ont pu saluer ce lundi 07 juillet, après un long parcours administratif et un chantier de six mois de désamiantage, le lancement des opérations de démolition rive gauche dont les immeubles « verre & acier » laisseront place d'ici à 2027 à un nouveau quartier baptisé « Blossom Park ».
C'est pourtant pour faire face au besoin de logements dans les années 1970, que 500 logements dits « verre & acier » furent construits entre 1968-1970 dans le quartier de la Grand Mare, mis au point par Lods, Depondt, Beauclair architectes, en collaboration avec les grands industriels de l'acier, de l'aluminium français et du verre français qu'étaient Pechiney et Saint-Gobain. Suivront douze immeubles dans le quartier Saint-Julien, sur la rive gauche.
Considérés à l'époque comme le renouveau de l'architecture en raison des techniques de construction et des matériaux utilisés, leurs « œuvres » valurent à leurs créateurs de nombreux prix saluant ces appartements « modernes, flexibles et lumineux ». Au fil des années, leurs occupants ont pourtant eu le temps de déchanter.
Des réclamations ont jailli sur le manque d'isolation phonique et thermique et sur les infiltrations des sols. Mais ces immeubles ont surtout montré leur faiblesse à l'occasion de très nombreux incendies qui firent tout de même, entre 1975 et 2023 pas moins de huit morts et des dizaines de blessés.
Un programme de démolition a donc été mis en place ne conservant que deux immeubles dans les Hauts de Rouen, classés Monuments historiques en 2010. Il aura toutefois fallu attendre 20 mois pour que ceux de la rue Saint-Julien soient définitivement mis à terre.
« Enfin ! C'est un des chantiers les plus attendus à Rouen. Cela fait longtemps qu'on attend la déconstruction de ces tours pour des raisons tragiques même si cela n'a pas toujours été qu'une histoire malheureuse. Ceux qui ont habité les
verre & acier
vous diront que les appartements étaient plutôt agréables et lumineux, mais extrêmement dangereux. On en a fait l'expérience sur les Hauts de Rouen et ici avec les risques d'incendie et les morts », a déclaré Nicolas Mayer Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie devant les grignoteuses en action.
Celles-ci avaleront en quelques semaines les dix tours restantes « dont 90 à 95 % des matériaux seront valorisés par les filières du verre, du bois et de l'acier. Seul l'amiante sera enfoui » a indiqué Enzo Spennato, directeur des travaux pour la société Désamiantage France Démolition.
Une fois le terrain libéré, un nouvel écoquartier verra le jour d'ici à 2027, en vertu « d'un projet lancé en juillet 2020, imaginé en consultation avec les habitants, les commerçants, les associations et aussi les enfants de l'école à proximité ».
Selon la description d'Alexandre de Lagarde, directeur régional Normandie Cogedim, « sur une emprise de trois hectares, Blossom Park sera 100 % piéton et connecté aux mobilités douces et aux transports en commun. Il comprendra à terme, 175 logements en accession libre, sociaux et étudiants, des services dont une micro-crèche, un parc public d'un hectare avec une mare écologique et 400 arbres dont 24 conservés. » L'avenir radieux version XXIe siècle.