18-07-2025
Cassés de partout sur leur moto, les pilotes de MotoGP sont-ils zinzins?
La main cassée d'Álex Márquez et la hanche luxée de Luca Marini ne les ont pas empêchés de réaliser des miracles dimanche dernier. Une habitude pour la discipline. Publié aujourd'hui à 14h55
Álex Márquez a dû mettre de la glace sur sa main encore convalescente en descendant de moto, après avoir fini 2e du Grand Prix d'Allemagne, dimanche dernier.
Getty Images
En bref:
Une grosse poche de glaçons sur la main gauche, l'Espagnol Álex Márquez apparaît tout sourire après la course de dimanche dernier. La main cassée et opérée deux semaines plus tôt seulement, il vient de réaliser un exploit en franchissant la ligne d'arrivée à la deuxième position.
Incertain avant l'épreuve, le pilote Ducati a tenu à prendre part au Grand Prix d'Allemagne de MotoGP sur le tracé pourtant très physique du Sachsenring.
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De nombreux pilotes sont d'ailleurs tombés durant la course, puisqu'ils n'étaient que dix à l'arrivée, mais le cadet des frères Márquez est parvenu à tenir en étant bien diminué.
«Quand j'essaie de rouler selon mon style habituel, c'est là que je ressens de la douleur», expliquait-il avant l'épreuve. Il a toutefois tenu à y prendre part pour tenter de marquer des points, lui qui est deuxième au championnat. En montant sur le podium derrière son frère, il aura fait mieux que de sauver les meubles. Retour express malgré les blessures
Quant à l'Italien Luca Marini, on lui prédisait une absence jusqu'à la saison prochaine. Il faut dire qu'une très lourde chute en essais, il y a un mois et demi seulement, l'a laissé brisé de partout: pneumothorax, luxation de la hanche gauche, lésions ligamentaires au genou gauche ainsi que des fractures au sternum et à la clavicule gauche.
Pourtant, quelques semaines plus tard, il était lui aussi sur la ligne de départ en Allemagne. Et loin de faire de la figuration, le pilote Honda a tout bonnement signé son meilleur résultat en près de deux ans en terminant sixième.
Et c'était loin d'être gagné. Le demi-frère du nonuple champion du monde de MotoGP Valentino Rossi affirmait ainsi avant la course n'être qu'à 80% de ses capacités, augmentant la dose d'antidouleurs à mesure que le week-end avançait. «Je ne me sens pas à 100%, c'est sûr, déclarait Luca Marini. Je pense que mon rétablissement prendra encore un certain temps.»
On l'a senti souffrir de plus en plus au fil des trente tours que comptait le Grand Prix. De sa hanche notamment, puisqu'il ne parvenait plus rester calé sur le repose-pied dans certains virages, devant lever la jambe en l'air pour soulager ses douleurs.
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En moto, plus que dans bien d'autres sports, à plus de 350 km/h sur la piste, les chutes peuvent faire très mal et entraîner de graves blessures . Et il n'est pas rare que des pilotes reviennent extrêmement vite après une grosse casse.
Le documentaire «Même pas mal», réalisé par Canal+ l'an dernier (disponible en streaming), revenait sur le processus qui amenait ces compétiteurs à remonter en selle. Plusieurs acteurs étaient interrogés, dont le triple champion du monde espagnol Jorge Lorenzo, habitué des retours express.
Ainsi, dès sa première saison en 2008, il se brise les deux chevilles lors des essais en Chine, mais participe à la course le dimanche, au cours de laquelle il termine 4e, bien qu'il doive se déplacer avec difficulté en béquilles jusqu'à sa moto.
En 2013, il se casse la clavicule le jeudi à Assen, aux Pays-Bas, prend un jet privé pour se faire opérer le soir à Barcelone, pour terminer 5e le dimanche, les larmes aux yeux. «Nous, les pilotes, on tombe depuis nos débuts, explique-t-il. Depuis qu'on a 3-4 ans, on tombe et on souffre. On est habitué à cette souffrance. Donc, quand on arrive à 20, 25, 30 ans, ça n'est qu'une fois de plus.»
Mais il arrive parfois que le retour soit prématuré, même pour les plus grands. En 2020, le sextuple champion du monde MotoGP Marc Márquez se brise l'humérus dès la première course de la saison. Il commet ce qu'il qualifiera d'«erreur de sa vie» en voulant remonter en selle seulement trois jours plus tard.
En tirant sur son bras, il aggrave sa blessure. Il subit, en tout, neuf opérations et sa carrière est un temps menacée, au point qu'il songe à la retraite. L'Espagnol revient de très loin et, après des années de galère, il domine le championnat cette année.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Malgré les blessures, les pilotes reviennent très vite
Alors qu'est-ce qui les pousse à revenir aussi vite? Il y a la compétition, déjà. Au vu de son classement, Á lex Márquez ne pouvait se permettre de perdre des points en ne concourant pas en Allemagne. Le double champion du monde italien Francesco «Pecco» Bagnaia, qui a connu une grosse chute en 2023 quand un pilote lui est passé sur les jambes, le laissant sans fractures, mais avec de grosses douleurs pendant deux courses, était lui aussi revenu immédiatement.
«Tomber lorsque tu te bats pour un titre mondial, c'est encore différent des autres chutes, explique-t-il. Cela peut influer sur le résultat et sur ton état d'esprit. Tu dois te préparer à trouver des solutions pour courir à tout prix.» Pecco Bagnaia avait remporté le titre en fin de saison.
Issu d'une époque plus «romantique» de la moto, le docteur Claudio Costa, ancien directeur médical de la discipline reine de 1977 à 2014, et qui a créé le centre médical mobile qui se déplace de circuit en circuit, voit, lui, ces motards comme des héros.
«Les pilotes préféraient ne pas prendre d'antidouleurs, explique-t-il dans le documentaire. Ils préféraient sentir un peu la douleur. Elle les stimule et leur donne la force d'aller gravir des montagnes comme des héros.»
Au fil des années, il a réparé de nombreux pilotes pour leur permettre de concourir. «Quand ils me disaient «Je veux rouler!», ma phrase magique était «On peut essayer». On peut toujours essayer de rendre possible ce qui est impossible.» «La chute fait partie de la vie» en MotoGP
Philosophe, le Dr Costa estime que «la chute fait partie de la vie de l'humain. Nous sommes tous destinés à une possible chute, d'une façon ou d'une autre. L'important est de savoir comment tu te relèves.»
Pour les blessés qui se sont relevés et ont vaincu le Grand Prix d'Allemagne, ils n'auront eu que peu de temps pour récupérer entre deux courses. Ils se rendent dès ce week-end en République tchèque, à Brno, dans un état physique qui se sera à peine amélioré en une semaine.
Ainsi, Álex Márquez, qui a souffert avec sa main, appréhendait quelque peu l'enchaînement, dimanche dernier: «Ma main a bien réagi, même si je ne peux pas dire que je suis à 100%. Mais ce sera plus ou moins les mêmes conditions à Brno…»
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Autres newsletters Julien Culet est responsable de la rubrique Suisse-Monde-Economie. Il a rejoint la rubrique Suisse en 2018 en tant que correspondant à Genève pour «Le Matin Dimanche». Il a auparavant travaillé durant 5 ans au sein de la rédaction du «20 minutes». Plus d'infos @JulienClt
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