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Éthiopie : les trois employés de MSF tués en 2021 ont été « exécutés », selon l'ONG
Éthiopie : les trois employés de MSF tués en 2021 ont été « exécutés », selon l'ONG

Le Parisien

time3 days ago

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Éthiopie : les trois employés de MSF tués en 2021 ont été « exécutés », selon l'ONG

Les trois employés de Médecins sans frontières (MSF) tués en 2021 au Tigré , région éthiopienne alors en guerre, ont été « exécutés », a déclaré mardi l'ONG. María Hernández, de nationalité espagnole et âgée de 35 ans, était l'une des coordinatrices d'urgence de MSF au Tigré. Yohannes Halefom Reda et Tedros Gebremariam Gebremichael, tous deux Éthiopiens et âgés de 31 ans, étaient assistant de coordination et chauffeur pour l'ONG. Tous trois employés de MSF-Espagne , ils ont été « exécutés », tués par balles alors qu'ils « faisaient face à leurs agresseurs », selon un rapport publié mardi. Les travailleurs humanitaires et leur véhicule, qui a été incendié, étaient clairement identifiés, a rappelé MSF. L'ONG a affirmé que malgré de nombreuses relances auprès des autorités fédérales d'Addis Abeba, elles « n'ont pas rempli leurs obligations morales » pour fournir des « réponses crédibles » concernant les événements. Selon MSF, un convoi de soldats éthiopiens était présent dans la zone où ont été tués les trois humanitaires. Dans une enquête publiée en mars 2022, le New York Times avait affirmé qu'un colonel éthiopien avait donné l'ordre de tuer les trois employés de MSF. « Nous ne pouvons pas confirmer cela et aller aussi loin », a affirmé Raquel Ayora, directrice générale de MSF-Espagne, lors d'une conférence de presse. Les conclusions du rapport ont été présentées aux autorités, qui n'ont pas donné suite, a déploré l'ONG. Interrogées, l'armée et les autorités fédérales n'ont pour l'heure pas donné suite aux sollicitations de l'AFP. La guerre qui a ravagé pendant deux ans , de novembre 2020 à novembre 2022, le Tigré, région septentrionale de l'Éthiopie, a opposé les forces fédérales, appuyées notamment par l'armée érythréenne, aux rebelles tigréens . La région avait été mise sous cloche pendant presque tout le conflit : l'aide internationale était bloquée par Addis Abeba, tandis que les liaisons aériennes et les télécommunications étaient coupées. Les différents belligérants ont été accusés de crimes de guerre. L'armée érythréenne était pointée du doigt pour avoir commis le plus d'exactions, notamment des violences sexuelles. Le conflit a été l'un des plus meurtriers de ces dernières décennies, avec quelque 600 000 morts. Un accord de paix signé en Afrique du Sud en novembre 2022 a fait taire les armes, mais la situation humanitaire demeure précaire. Environ un million de personnes, sur les six millions que comptait la région avant le conflit, sont toujours déplacées, selon l'ONU. L'Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent avec environ 130 millions d'habitants, est dirigé depuis 2018 par le Premier ministre Abiy Ahmed. Un an après son arrivée au pouvoir, il a reçu le prix Nobel de la paix pour son rapprochement avec le voisin érythréen, avec qui les relations étaient tendues depuis des années. L'étoile du Premier ministre éthiopien a pâli depuis cette guerre. Et les forces fédérales sont également accusées d'exactions dans les deux régions les plus peuplées du pays, l'Amhara et l'Oromia, en proie à des insurrections armées.

La Presse en République démocratique du Congo
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La Presse

time10-07-2025

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Les services sont prodigués dans diverses cliniques du réseau de santé congolais, où se rendent les équipes de Médecins Sans Frontières. (Buhimba, RDC) Une femme violée toutes les quatre minutes. C'est la moyenne à glacer le sang calculée par des intervenants des Nations unies en février, lorsqu'ils ont tenté de mesurer l'ampleur des violences sexuelles dans l'est de la RDC. Avec les moyens du bord, une petite équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) sillonne cette région déchirée par la guerre pour soigner à la fois le corps et l'âme des victimes. Le bébé gémit, pleure, se tortille dans les bras de Marie* pendant qu'elle raconte son parcours, dans une petite salle de consultation de la clinique de Buhimba, dans le Nord-Kivu. Chassée de chez elle par la guerre, Marie résidait dans un camp de déplacés, il y a près de deux ans, lorsqu'elle s'est aventurée seule dans le parc national des Virunga pour ramasser du bois de chauffage. C'était une des seules façons pour elle de gagner quelques sous, en vendant le bois au bord de la route. Des hommes armés ont surgi de la forêt et l'ont violée. Elle s'est retrouvée enceinte de sa fille, aujourd'hui âgée de 1 an. Après avoir accouché, toujours incapable de rentrer chez elle, elle a pratiqué une agriculture de subsistance près du camp, travaillant à la sueur de son front, le bébé accroché dans son dos avec un foulard. Quelques mois plus tard, Marie a eu besoin d'argent. Elle est retournée dans le parc national pour ramasser du bois. Le scénario d'horreur s'est répété, comme un cauchemar récurrent : des hommes en armes, la séquestration, le viol, et une deuxième grossesse. Son deuxième bébé, un garçon, est né ici, à la clinique de Buhimba, il y a trois semaines. Il l'attend à l'extérieur pendant la consultation. « J'ai su qu'ici, on traite les femmes victimes d'agressions », dit-elle doucement. Des dizaines de milliers de victimes Marie bénéficie d'un suivi dans le cadre d'un programme de l'organisme Médecins Sans Frontières (MSF), qui offre une prise en charge médicale et psychologique aux victimes de violences sexuelles de l'est de la RDC, une zone déchirée par les conflits depuis une trentaine d'années. Les intervenantes se déplacent vers des cliniques du maigre réseau de soins de santé congolais à travers la région. Elles offrent des traitements contre les infections sexuellement transmissibles, des contraceptifs d'urgence, des vaccins, de l'aide à l'avortement, au besoin. Les cas les plus graves sont redirigés vers des hôpitaux. Outre le personnel de MSF proprement dit, des employés des cliniques locales reçoivent une prime pour leur participation au programme de l'ONG. En 2024, alors que les combats entre les forces gouvernementales et l'armée rebelle du M23 faisaient rage, MSF a pris en charge près de 40 000 victimes dans la province du Nord-Kivu, un nombre sans précédent. Marie est reconnaissante pour les soins médicaux reçus à la clinique, mais aussi pour l'aide psychologique qui l'a aidée à retomber sur ses pieds après des agressions très traumatisantes. « On m'a montré à faire baisser les émotions », résume-t-elle. Une arrière-grand-mère à l'affût Pendant la rencontre, Amoin Sulemane garde les yeux rivés sur le bébé de Marie. Cette arrière-grand-mère, gestionnaire des activités de pratique sage-femme au sein du programme d'aide aux victimes de violences sexuelles, a vu de ses yeux toute la détresse du monde au fil de ses missions, que ce soit dans sa Côte d'Ivoire natale, en Haïti, au Niger, en Centrafrique et à bord du navire de MSF dans la Méditerranée, où elle a pratiqué un accouchement en pleine mer. PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE Amoin Sulemane est la gestionnaire des activités de pratique sage-femme au sein du programme d'aide aux victimes de violence sexuelles de Médecins Sans Frontières. Elle voit bien qu'il y a quelque chose qui cloche chez le bébé de Marie. Elle prend son bras, y décèle un œdème, signe probable de malnutrition. « Elle a 1 an ? Elle mange quoi ? », s'enquit-elle. « Elle est sevrée », explique la mère, qui allaite seulement son garçon naissant. La sage-femme intervient : elle explique à la mère qu'il faut donner du lait maternel à l'aînée aussi. Elle l'emmène à l'écart, lui offre un jus et des biscuits, puis tente de l'inscrire à un programme de lutte contre la malnutrition. Elle demande à Marie son numéro de téléphone pour assurer un suivi de la santé des enfants. La mère n'a pas de téléphone, mais une carte SIM qu'elle peut insérer dans le téléphone de son voisin au besoin, le temps d'un appel. Un rendez-vous de suivi est fixé. « C'est une situation dramatique. Je vais essayer de voir ce qu'on peut faire », résume Mme Sulemane. À Buhimba, La Presse a pu rencontrer cinq femmes suivies par MSF. Toutes ont été victimes d'hommes armés, en uniforme militaire, qui les ont saisies de force et agressées sexuellement. Elles ignorent à quelle faction ils appartenaient : une multitude de groupes armés ont opéré dans la région ces dernières années. « Ils portent tous le même genre de tenues », fait observer Mme Sulemane. Le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a souligné l'hiver dernier que les violences sexuelles étaient utilisées comme « arme de guerre » en RDC, « en particulier par les groupes armés non étatiques, mais aussi par les forces armées et les forces de police congolaises ». Le but est de « punir les groupes rivaux et inspirer la peur aux civils ». Ne rien dire aux maris Pour Maombi, qui résidait jusqu'à récemment dans un camp de déplacés avec son mari et ses six enfants, le drame est survenu à cause d'une panne d'autobus. Elle avait entendu dire que des travailleurs humanitaires distribuaient de la nourriture dans sa région d'origine, à quelques heures de route du camp. Elle avait utilisé le transport collectif, avec un groupe d'hommes et de femmes. Malheureusement, le véhicule est tombé en panne en pleine nuit. Des hommes en habits de combats sont arrivés. Ils ont battu les hommes, puis « toutes les femmes ont été violées ». Quatre hommes armés s'en sont pris à elle. PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE Bien des femmes violées alors que la crise en RDC fait rage craignent d'être rejetées par leur mari si la chose est connue. À son retour à la maison, elle n'a rien dit à son mari, par crainte de sa réaction. « Il va me jeter, s'il sait », dit-elle. Beaucoup d'hommes en RDC rejettent les femmes victimes d'agression sexuelle, comme s'il s'agissait d'une tare. « Je ne peux pas le dire à ma famille parce que la famille pourrait le dire à mon mari, et il ne pourrait pas accepter de me voir comme ça », renchérit Sifa, 35 ans et mère de quatre enfants, violée elle aussi alors qu'elle s'était aventurée dans la brousse pour ramasser du bois de chauffage. « Je suis encore jeune fille. Si des garçons entendent que j'ai été violée, je risque de perdre la possibilité d'un mariage », explique pour sa part Judith, 28 ans, qui a vu des agresseurs armés faire irruption à 2 h du matin dans la maison qu'elle partage avec sa mère. Les civils se sentent souvent impuissants à changer les choses, dans un pays où les armes imposent leur loi. Nadège, agressée sexuellement par des pillards qui avaient investi sa maison à 4 h du matin et volé tous ses biens de valeur, raconte que ses voisins n'ont pas osé intervenir. « Si tu cries, on va entrer chez toi et te tuer », constate-t-elle. Elle dit avoir réussi à se sentir mieux grâce à l'aide du programme de MSF et espère que les soins demeureront accessibles tant que la crise ne se sera pas résorbée. Pour le reste, « on laisse tout dans les mains de Dieu », dit-elle. « S'il pouvait changer les choses, ce serait bien. » * Prénom fictif : Toutes les victimes d'agression sexuelle rencontrées dans le cadre de ce reportage se sont exprimées à condition que leur identité soit protégée.

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