06-07-2025
L'équipe de Suisse féminine a profité d'un suivi scientifique renforcé
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Dans l'ombre de l'équipe de Suisse féminine, la scientifique lausannoise Hélène Maystre œuvre pour optimiser les performances de l'équipe nationale féminine.
Joyce Joliat , Publié aujourd'hui à 11h20
Hélène Maytre (à droite) a suivi les joueuses de l'équipe de Suisse durant des tests physiques à Macolin.
BASPO/Charlène Mamie
En bref:
Depuis ses bureaux de l' Office fédéral du sport , à Macolin, Hélène Maystre observe, mesure et décortique tout ce qui touche au football féminin dans le pays.
La Lausannoise – chargée du développement de la performance physique depuis 2021 – chapeaute les recherches scientifiques de l'Association suisse de football (ASF). Elle a notamment suivi l'équipe nationale au début de sa préparation pour l'Euro 2025 à Macolin. Même si elle ne suit plus directement la Nati cet été, ses recherches pourraient contribuer à rendre la Suisse plus performante sur les terrains durant ce Championnat d'Europe à domicile.
L'Euro 2025 arrive après une longue saison, à une période propice aux blessures. Comment gère-t-on cela?
On met en place un suivi des charges physique et mentale sur l'année. C'est un gros travail de partenariat entre la fédération et les clubs. Ils doivent se partager les données et mettre en place des stratégies individualisées pour chaque joueuse. Pendant la compétition, il faut avoir un staff compétent, ce qui est le cas. Être au jour le jour, minute par minute, avec la joueuse. Être réactifs.
Quelles clés donnez-vous à l'équipe de Suisse pour qu'elle performe?
Je les aide sur la longueur. Le départ, c'est un bon travail scientifique, de qualité. Et la clé, c'est surtout la communication, avec le staff et les joueuses. Sans pouvoir transmettre, c'est fichu. Il faut faire le lien entre le scientifique et le terrain. Je suis là en soutien des préparateurs physiques de l'Association suisse de football. J'essaie de faire des liens avec la littérature, de leur donner des comparaisons pour voir ce qu'il nous manque, ce qu'on va essayer de mettre en place.
Pour l'Euro 2025, comment cela se matérialise?
C'est un travail de fond pour préparer ce genre d'événement. L'équipe nationale vient à Macolin et effectue des tests. Après, on conseille les joueuses et la préparation. Ça nous permet d'améliorer la performance et le suivi.
Vous avez un exemple concret?
Pour le Mondial 2023, en Australie et Nouvelle-Zélande, on avait fait des tests spécifiques avant qu'elles partent. On avait travaillé sur l'aspect lié au décalage horaire, notamment. Le staff de l'équipe de Suisse avait des questions sur ce phénomène, alors on a fait des recherches pour pouvoir les aider.
La joueuese Ramona Bachmann s'est gravement blessée juste avant l'Euro.
BASPO/Charlène Mamie
La récupération sera également cruciale pendant l'Euro. Comment l'optimiser?
Il y a de la littérature, des lignes directrices à ce sujet, au niveau de la nutrition, de la récupération. Il faut suivre les joueuses le plus possible, individualiser, communiquer. Certaines joueuses dorment six heures et ça leur convient. Il faut respecter cela. D'autres ont besoin de plus de repos. Si elles sont en dehors de leur schéma idéal, cela ne va pas aller.
Un Euro, qui plus est à la maison, ce n'est pas rien. Il y aura aussi tout l'aspect mental à gérer?
C'est certain. L'équipe est suivie par une psychologue. Le staff travaille fort à ce niveau mental. Là encore, il faut vraiment individualiser. Tu ne peux plus traiter le groupe, cela ne marche pas. Il faut traiter les joueuses de manière spécifique. Elles viennent d'endroits différents, avec des enjeux différents. Ce sont des femmes uniques. Dans l'équipe A, il y a cinq ou six jeunes qui sont encore au gymnase. Ce n'est pas la même charge, il faut prendre ça en compte.
Comment s'y prend-on, concrètement?
En faisant un suivi adapté: qu'est-ce qui se passe avec cette joueuse? Comment elle se sent? Et puis après, il faut discuter avec elle, pour trouver de vraies solutions.
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Il y a une pression, pour vous aussi, avec cet Euro?
Je serai spectatrice (rires) . Mais ça va être un super tremplin pour tout le monde qui travaille dans le domaine. Transférer la science à la pratique, c'est la clé. Cet Euro est une chance qui donne de la visibilité à notre travail.
Le football féminin est de plus en plus suivi et médiatisé. Du côté de la recherche, quelle est la place du genre des joueurs et joueuses?
Jusqu'à récemment, ce n'était pas la norme de développer des choses spécifiquement pour les femmes et de les considérer comme potentiellement différentes des hommes. J'ai fait mon travail de master en 2018. À l'époque, je voulais appliquer une méthode, qui avait déjà été testée sur une équipe de rugby masculine, à mon équipe de copines. Malgré la même recette, les résultats n'étaient pas du tout les mêmes! On a compris qu'on ne pouvait pas demander la même chose à des femmes qu'à des hommes chez les adultes.
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