08-07-2025
Quand les amendes pour excès de vitesse financent du matériel médical en Bretagne
On l'ignore souvent mais dans le sillage de
la loi du 15 juin 2018, diminuant la vitesse sur les routes
, l'État affecte désormais une partie du montant des amendes pour excès de vitesse constatés par les radars à un fonds d'investissement et de modernisation de la santé. Ce qui n'a pas échappé au Pôle de réadaptation de Cornouaille, situé à Concarneau (Finistère) qui, depuis 2019, répond aux appels à projets financés par les excès de vitesse. Deux ont déjà été acceptés.
Le Pôle de réadaptation de Cornouaille est le pôle de référence des soins médicaux et de réadaptation polyvalents et spécialisés dans le sud du Finistère. Depuis mai dernier, il regroupe trois sites, mutualisant ainsi les plateaux techniques et de rééducation. Il a sept spécialités et activités, dont la neurologie et le locomoteur, qui consiste en de la rééducation et de la réadaptation des pathologies relevant de la traumatologie.
« Notre établissement entre dans les structures pouvant bénéficier des appels à projets qui sont annuels. On se positionne chaque année depuis 2019 et nous avons déjà eu deux projets financés en 2022 et 2024 », explique la directrice, Magali Chazelas. Le principe est simple : dans son appel à projet, l'établissement fournit le montant du matériel qu'il a acheté. Un jury composé de membres des ministères de l'Intérieur, de la Santé et de l'Agence régionale de santé (ARS) se charge ensuite de la sélection.
Si le projet entre dans les critères, il est accepté et l'établissement se voit rembourser le montant du matériel. « Ce fonds crée une dynamique santé. Grâce à ces excès de vitesse, on a pu financer des machines de haute technologie d'une valeur totale de 300 000 euros. Et on postule tous les ans », poursuit Magali Chazelas. En 2022, le pôle a pu financer trois achats de matériel destiné aux polytraumatisés à la suite d'accidents cérébraux et d'accidents locomoteurs.
« Nous avons pu investir dans un dispositif réa-plan, une assistance robotisée pour la rééducation des membres supérieurs, dans une imprimante 3D pour le petit appareillage à la suite d'une infection de la main et dans un IVS3, qui est une plate-forme de simulation par la thérapie de mémoire. « L'objectif est de leurrer le cerveau. C'est très utile pour les patients en post AVC. On filme par exemple le mouvement du bras valide et le patient doit reproduire le geste avec son bras lésé qui est caché sous l'écran. On commence par des gestes simples puis on peut y intégrer des objets du quotidien », explique l'une des 20 kinésithérapeutes du site.
L'an dernier, les excès de vitesse ont permis de financer un gros investissement : un appareil d'aide robotisé à la marche destiné aux membres inférieurs, avec harnais et tapis de marche. « Nous avons reçu l'appareil la semaine dernière et il faut maintenant que tous les professionnels de santé l'utilisant soient formés, les ergothérapeutes et kinésithérapeutes », précise la directrice. Jusqu'à présent, quelque 5 millions d'euros ont été attribués à des établissements de santé bretons pour financer du matériel médical.