08-07-2025
« Depuis quand une angine nécessite de mater les seins ? » : le médecin de Romilly soupçonné d'agressions sexuelles avait reçu une aide à l'installation
Le médecin généraliste de Romilly-sur-Seine mis en examen pour agressions sexuelles
et outrage sexiste avait pratiquement été accueilli comme le messie voici moins de trois dans la commune de l'Aube. En plein désert médical, il s'était installé dans la commune en novembre 2022 à la suite du départ inattendu et brutal d'un médecin du centre-ville.
Venu de Trappes en région parisienne, le généraliste avait accepté de venir reprendre le cabinet quatre jours par semaine tout en conservant sa patientèle des Yvelines. La ville de Romilly-sur-Seine avait alors accepté de lui verser une aide à l'installation de 500 euros par mois durant trois ans (assortie d'une obligation d'exercer durant cinq ans).
Un coup de pouce financier qui avait, croyait-on à l'époque, permis de soulager la détresse de «
plus de 2 500 patients
sans suivi médical
», comme l'avait alors indiqué la maire adjointe à la santé Marie-Thérèse Lucas dans le quotidien local
L'Est-Eclair
.
Cible d'une enquête de la brigade de gendarmerie de Romilly-sur-Seine depuis le mois d'avril, le médecin de 47 ans est aujourd'hui suspecté d'une vingtaine d'agressions sexuelles, y compris sur mineurs de plus de 15 ans. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec notamment l'interdiction d'exercer toute activité de médecine.
Aussi stupéfiant que cela puisse paraître les soupçons le concernant s'étalaient au grand jour sur les réseaux sociaux bien avant la révélation de l'affaire. « J'ai eu un rendez-vous avec ce docteur ce matin même après une gêne dans mon oreille. Ponctuel et sympathique, il me diagnostique une otite. L'auscultation s'est bien passée jusqu'à ce que ce monsieur se permette de
tapoter
mon ventre en me demandant s'il y avait un bébé dedans. À quel moment on se permet de toucher les personnes comme ça, et quand va-t-on arrêter de demander à une femme de forte corpulence si elle est enceinte ou non ? », s'interroge ainsi une patiente dans un avis posté.
Même sentiment de pratique « invasive » pour une autre femme qui se plaint d'un geste déplacé. « Ce médecin m'a ausculté. J'avais un débardeur. Sans me demander, il l'a soulevé avec mon soutien-gorge alors que ce sont des résultats de mon bilan que je ramenais. J'étais gênée…. Il se colle alors sur mes seins en se mettant devant moi. En plus, il s'avère que j'étais en prédiabétique… Il m'a juste dit de faire attention au sucre et c'est tout », écrit la patiente pour le moins déroutée.
Le médecin, qui semble avoir un penchant pour la nudité des femmes, n'en est pas apparemment pas à son coup d'essai. « Je suis venue pour une angine et ce docteur m'a demandé d'enlever mon tee-shirt, m'a tapoté le ventre en me demandant s'il y avait un bébé dedans… puis m'a demandé de soulever mon soutien-gorge. Depuis quand une angine nécessite de mater les seins ? », questionne une autre femme.
De son côté, une maman, soulève carrément la notion d'incompétence. « Je sors des urgences de Provins pour ma fille de deux mois. Nous avons été voir le docteur, si on peut appeler cela un docteur, pour la petite. Il lui a diagnostiqué une bronchiolite qu'au final, elle n'avait pas et lui a donné un traitement de cheval pas adapté qui, au final, l'a rendue encore plus malade. Fuyez vraiment ce médecin ! » D'autres, toujours sur réseaux sociaux, soulignent une curieuse habitude du praticien : celle de fermer la porte de la salle d'osculation à clé lorsqu'il est en présence d'un patient.
Sur la foi de l'enquête des gendarmes, le parquet de Troyes a ouvert mercredi une information judiciaire pour des faits « d'agressions sexuelles par personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction », y compris sur des mineurs de plus de 15 ans, et d'outrage sexiste. Ce qui a conduit à la mise en examen du praticien à l'issue d'une première comparution devant le juge d'instruction désigné.
En outre, a précisé la procureure Charlène Mahot, il a été suspendu par le Conseil de l'Ordre des médecins, qui a ouvert une procédure disciplinaire. De leur côté, les gendarmes de l'Aube n'excluent pas de recevoir de nouveaux témoignages.